Les anticipations d’une hausse de l’inflation ont augmenté progressivement ces derniers mois, alors que les pays du monde entier ont lancé leurs campagnes de vaccination et que les plans de relance budgétaire sont restés vigoureux.
Toutefois, nous estimons que les attentes d’inflation commencent à être exagérées et que les pressions à court terme ne seront finalement que passagères. Enfin, les niveaux d’inflation devraient retrouver selon nous leur moyenne historique (voir graphique ci-dessous) plus tard dans l’année. C’est pourquoi nous conseillons aux investisseurs de faire preuve de prudence et de ne pas se rallier à la thèse d’une hausse de l’inflation sur le moyen à long terme.
Actuellement, plusieurs facteurs alimentent les attentes relatives à une augmentation de l’inflation parmi les investisseurs. Outre le soutien sans précédent des banques centrales, le marché semble anticiper très largement une explosion des dépenses alors que les mesures de confinement sont progressivement levées. Par ailleurs, l’année 2021 a été le théâtre d’une série de perturbations de la chaîne d’approvisionnement ainsi que d’une hausse des prix du pétrole.
Cependant, ce contexte reflète à bien des égards l’environnement auquel nous avons été confrontés il y a une dizaine d’années. Nous avons été témoins en 2011 du Printemps arabe, qui a entraîné par la suite une envolée des prix du pétrole1. Cette même année, le Japon a été frappé par la catastrophe nucléaire de Fukushima, qui s’est traduite par un engorgement de la chaîne d’approvisionnement dans plusieurs secteurs manufacturiers, dont la construction automobile.
Les points morts d’inflation — c’est-à-dire la différence entre le rendement d’une obligation nominale et celui d’une obligation indexée à l’inflation de même échéance — s’étaient inscrits en nette hausse à l’époque, mais avaient atteint un sommet environ cinq mois avant que l’inflation ne fasse de même.
La Réserve fédérale américaine était alors intervenue et avait mis en œuvre la deuxième phase de son programme d’assouplissement quantitatif après la crise financière mondiale — également appelée « Opération Twist ». Un grand nombre d’acteurs du marché estimaient que tous les ingrédients étaient ainsi réunis pour que l’inflation s’envole, mais au lieu de cela, son niveau est redevenu normal.