Sociétés

Le cinéma est "un actif de diversification" (Frédéric Fiore, Logical Pictures)

Publié le 16 février 2024 à 11h39

  AOF

(AOF) - Frédéric Fiore, président fondateur du groupe Logical Pictures depuis 2016, propose aux investisseurs une diversification dans le financement de films et de séries grâce au fonds d’investissement Logical Content Ventures (LCV) lancé en 2022. Dans un entretien accordé à AOF, il détaille les particularités de son offre par rapport à celle des fonds d’investissements classiques.

Quels avantages proposez-vous aux investisseurs ?

Nous leur proposons un actif décorrélé des marchés comme des circuits financiers. La preuve en est que les films que nous avons financés durant la crise sanitaire ont réalisé une très belle performance, alors que les cinémas étaient fermés : ils ont pu être vendus à Netflix ou diffusés sur Canal +. C'est également un actif qui est un gros levier et un gros amortisseur au niveau des performances.

Les films sont aidés, subventionnés, soutenus dans toute l'Europe par la puissance publique ou par les chaines de télévision de sorte qu'en finançant en moyenne 20 à 25% du budget, nous jouons sur 100% des recettes, et cela nous permet d'afficher sur chaque ligne d'investissement des performances inattendues.

C'est-à-dire ?

Dans le pire des scénarios, nous perdons entre 20 et 30% des investissements : en reprenant les catégories du "private equity", cela ressemble beaucoup plus à du "growth" qu'à du "seed". Nous vendons donc un actif de diversification. C'est ce que nous mettons en avant vis à vis de nos clients, qui ont en tête les performances pour le moins décevantes des Sofica (Sociétés de financement de l'industrie cinématographique et de l'audiovisuel).

Vous représentez donc un recours pour des investisseurs qui ont été échaudés...

Tous les gens un peu fortunés ont investi dans le film d'un copain ou d'un réalisateur qu'ils ont rencontré dans une soirée et ont tout perdu, car comme s'ils investissaient dans une start-up, ils avaient 90% de chances de tout perdre.

Si l'on veut investir dans le cinéma, il faut le faire de façon encadrée avec des professionnels qui connaissent le métier. Notre équipe rassemble des professionnels du secteur du cinéma, comme d'anciens producteurs, et des professionnels de la finance comme moi : il s'agit donc de croiser ces expertises.

La différence avec les Sofica, c'est aussi les contraintes...

Les Sofica ont de grosses contraintes d'investissements : elles doivent financer des films d'art et d'essai, qui sont en général des échecs commerciaux, et elles ne peuvent pas financer des films en langue anglaise. Leur périmètre est par ailleurs de quelques millions d'euros en général, alors que l'ambition de notre fonds est d'atteindre une taille suffisante à l'amortissement des frais de gestion.

Le travail de votre équipe est de trier les projets selon leurs chances de succès?

Nous recevons 1000 projets par an au niveau du groupe Logical Pictures, et nous avons un filtre qui nous fait passer à 400 projets puis à 100 avant d'entrer en négociations et de financer finalement une dizaine de films par an. C'est ce qui nous permet de respecter les deux règles d'or du private equity, à savoir la maitrise du risque et la diversification.

Que prévoit l'accord que vous avez conclu en 2023 avec Pathé?

La moitié du fonds est investi dans des films produits par Pathé à partir de 2023, comme "Le Comte de Monte Cristo" avec Pierre Niney qui sortira en juin, ou "Second tour" d'Albert Dupontel sorti en octobre dernier. Nous finançons également des films internationaux qui sont plutôt des fils de genre, des polars, des films fantastiques, des films d'horreur. Nous n'avons pas besoin qu'ils fassent des millions d'entrées en France pour gagner de l'argent car ce sont des films qui se vendent beaucoup à l'international.

Quelle est aujourd'hui l'envergure de votre fonds ?

Nous avons aujourd'hui plus d'une quinzaine de films produits ou en production, et le fonds actuel offre un rendement compris entre 12 et 15%, nous sommes donc dans la cible classique du " private equity ", avec un ticket moyen à 1 million d'euros. Le groupe Logical Pictures compte 50 collaborateurs, dont 8 sur l'activité investissement, et le fonds Logical Content Ventures est enregistré à l'AMF. Le ticket minimum est à 100 000 euros, étant donné que le fonds s'adresse à des investisseurs qualifiés.

Propos recueillis par Matthieu Richard-Molard

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