(AOF) - "L’économie française s’inscrit sur une pente descendante". C’est ce qu’affirme David Cousquer, créateur et gérant de l’Observatoire Trendeo, en introduction de son baromètre annuel. Il souligne notamment que l’économie française souffre moins d’une hausse des suppressions d’emplois (réductions d’effectifs, fermetures de sites etc.) que d’une baisse des créations d’emplois. "La hausse des taux a probablement pesé sur l’investissement et la consommation, pas encore sur les comptes des entreprises", conclut-il.
Trendeo estime à 81 147 le solde des créations d'emplois en France en 2023, soit plus de 40 000 emplois nets de moins qu'en 2022. L'observatoire attribue " près de la moitié " de cette baisse à la chute des créations nettes d'emplois dans les activités numériques.
La forte baisse des levées de fonds dans le secteur numérique est d'autant plus inquiétante que le financement des activités numériques repose à 78% sur les levées de fonds, contre 5% dans les activités industrielles. En 2023, les créations d'emplois dans le numérique continuent à être supérieures aux suppressions, mais le solde net diminue des deux-tiers par rapport à 2022 , alors que les levées de fonds ne baissent que de 49%.
Les activités de production industrielle ont également perdu près de 10 000 emplois nets, avec des créations d'emplois en baisse de 17% et des suppressions en hausse de 19%. L'indicateur usines "est en positif" pour 2023 avec 137 ouvertures et 106 fermetures, soit un solde net positif de 31 usines, mais il "s'inscrit sur une trajectoire qui pourrait l'amener en négatif en 2024".
Les points de vente sont, selon Trendeo, le troisième facteur de perte de dynamisme en 2023, et "un des rares types d'activité qui, en net, perd des emplois en 2023". Dans ce domaine les créations d'emplois ont baissé de 31% tandis que les pertes d'emplois ont augmenté de 80%. Le commerce de détail est victime de la concurrence du e-commerce, et fait nouveau, ce dernier souffre aussi de la pression sur la consommation des ménages due à l'inflation.
Les levées de fonds recensées en 2023 ont baissé, en nombre, de 17% par rapport à 2022, passant sous la barre des 1000 levées de fonds pour la première fois depuis 2016. Elles ont baissé de 49% en montant, à un peu moins de 10 milliards contre 19,2 milliards en 2022. Par secteur, les montants levés sont en baisse sur un an , dans tous les secteurs sauf les utilités (énergie, eau et déchets et services de transports). Certains secteurs voient les montants levés chuter de plus de 70% : le commerce et le e-commerce, les activités liées à l'immobilier, les fintechs et les applications logicielles dans le domaine juridique (legaltech).