(AOF) - Les Etats-Unis veulent "cibler l’Europe et ses vulnérabilités", affirme Patrice Gautry, chef économiste de l'UBP. La zone euro présente un excédent de près de 250 milliards de dollars avec les Etats-Unis en 2024, alors qu’elle est l’un des plus importants partenaires commerciaux des Etats-Unis avec 15% des importations américaines. L’excédent est réalisé en particulier avec les secteurs de la machinerie, des biens d’équipement, de la pharmacie, de la chimie et de l’automobile. Depuis 2019, les échanges entre les Etats-Unis et la zone euro ont augmenté de plus de 10%.
Cet accroissement est du en particulier au pétrole et au secteur manufacturier. Les pays qui dégagent le plus un excédent avec les Etats-Unis sont l'Allemagne et l'Italie, puis l'Irlande, la France et l'Espagne dans une moindre mesure.
Des approches différenciées par secteurs ou par pays
Basée sur les échanges commerciaux, une hausse de 10% des taxes douanières sur les importations européennes aux Etats-Unis, avec réponse tarifaire de la zone euro, aurait un impact négatif potentiel de 0,7 point sur la croissance européenne, affirme UBP.
Selon l'ampleur de la réponse de l'Europe, le choc sur sa croissance varierait selon les estimations entre 0,3 point et 0,7 point (études FMI, Brokers). Mais les Etats-Unis pourraient opter pour une discrimination ciblée sur les secteurs ou les pays au lieu d'une imposition globale de 10 % de droits de douane sur les produits échangés.
Des approches différenciées par secteurs ou pays pourraient "limiter la capacité de réaction de la zone euro", dont la politique commerciale et tarifaire est à la charge de la Commission européenne. Le but serait de fracturer la zone euro et entrainer les pays à des négociations bilatérales à l'extérieur du cadre communautaire. "Allemagne et Italie pourraient être tentées par ce type de réaction au contraire de la France", affirme UBP.