(AOF) - La Commission européenne a présenté ce mercredi son "Pacte pour une industrie propre" (Clean Industrial Deal) une stratégie visant à rendre la décarbonation "réalisable et rentable pour l’industrie" en Europe. Cet accord porte principalement sur deux secteurs, les industries à forte consommation d’énergie, qui ont un besoin urgent de soutien public, et les technologies propres. Il veut offrir aux entreprises une visibilité à long terme sur l’ambition de la Commission en matière climatique, afin qu’elles puissent "investir et minimiser les risques d’investissement".
"Il est peu probable que les mesures proposées aujourd'hui suffisent à réduire les coûts de l'énergie à court terme", affirme Markus J. Beyrer, directeur général de BusinessEurope qui représente le patronat à l'échelle européenne. "Nous avons besoin de toute urgence de mesures plus rapides et plus efficaces pour éviter que ces défis ne deviennent une nouvelle réalité opérationnelle pour les entreprises".
Le VDA qui représente l'industrie automobile allemande regrette que la Commission "s'en tienne aux instruments réglementaires au lieu de donner à l'économie les libertés dont elle a un besoin urgent".
" La Commission identifie les bons défis mais ne parvient pas à fournir des réponses politiques concrètes pour inverser la tendance ", a déclaré Axel Eggert, directeur général de l'Association européenne de l'acier (Eurofer). "Les solutions concrètes sont soit laissées en suspens pour des décisions ultérieures, comme celles concernant la surcapacité mondiale d'acier et les lacunes du Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), soit font l'objet de mesures incomplètes, comme dans le cas des prix de l'énergie".
Le Pacte constitue une "première étape positive" mais "échoue à fournir une stratégie industrielle aéronautique globale pour parvenir à une décarbonation efficace tout en préservant les avantages socio-économiques et la compétitivité du secteur", affirment les organisations du secteur aérien (ACI, ASD, A4E).
"Malgré certains aspects positifs", Hydrogen Europe se dit "consternée" de constater que, dans sa forme actuelle, le CID "ne parvient pas à adopter une approche véritablement intégrée du secteur de l'énergie". "Ses principaux indicateurs sont toujours exprimés en termes de progrès de l'électrification, tandis que la planification intersectorielle – essentielle pour parvenir à une réduction systémique des coûts – est presque entièrement laissée de côté".
Le plan de Bruxelles ne satisfait pas non plus les ONG environnementales. "Si le nouvel accord industriel ne remet pas en cause le Pacte vert, il affaiblit son approche holistique, en utilisant la compétitivité comme un faux prétexte pour justifier des concessions inacceptables aux pollueurs", dénonce le Bureau européen de l'environnement (BEE). " Il est désormais clair que la ‘simplification' n'est qu'un cheval de Troie pour une déréglementation agressive ", s'indigne Faustine Bas-Defossez, directrice de la nature, de la santé et de l'environnement à l'EEB. Elle dénonce " une attaque contre la responsabilité environnementale des entreprises, et un coup porté à la démocratie ".