La guerre commerciale déclenchée par Donald Trump pourrait renchérir le coût du risque des banques européennes. D’après Morningstar DBRS, les plus grands établissements du Vieux Continent ont adapté leurs prévisions afin d’intégrer les risques d’une croissance économique plus faible et d’un niveau élevé de volatilité sur les marchés. L’agence de notation anticipe ainsi que les banques adopteront une approche prudente à l’égard de leurs expositions aux secteurs les plus vulnérables aux droits de douane comme l’automobile, l’aluminium, l’acier, mais également l’industrie, les produits chimiques ou les biens de consommation. Morningstar DBRS prévoit également que les groupes bancaires effectueront davantage de provisions en Stage 2, c’est-à-dire pour des créances saines dont le risque se dégrade. Cette hausse du coût du risque pèserait sur les résultats des banques et pourrait les contraindre à durcir les conditions d’octroi de nouveaux crédits.
De plus, même si les banques centrales devraient procéder à de nouvelles baisses de taux d’intérêt directeurs, l’agence de notation s’attend à ce que l’environnement de taux reste plus élevé qu’au cours des années précédentes et entraîne ainsi une augmentation des prêts non performants (non-performing loans, NPL), ce qui nécessiterait des provisions supplémentaires. Ce phénomène pourrait être également accentué par des conditions économiques dégradées avec une croissance atone et une augmentation du taux de chômage. Cependant, Morningstar DBRS estime que le niveau du coût du risque devrait rester plus faible que celui enregistré durant la pandémie de Covid-19. En 2020, le coût du risque moyen des 50 banques étudiées dans l’échantillon avait atteint 107 points de base, contre 31 points de base en 2024. En France, le coût risque moyen a crû de deux points de base entre 2023 et 2024. Il était de 23 points de base en 2023 pour les six principaux groupes bancaires français selon les données de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Les banques françaises présentes au sein de l’échantillon (BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale) affichent ainsi un coût du risque moyen inférieur à la moyenne du panel (31 points de base).