«Au-delà de la gestion indicielle : à la recherche d’une réelle diversification»

Publié le 19 janvier 2016 à 11h14    Mis à jour le 21 janvier 2016 à 10h22

Michael J. LaBella

Les investisseurs sont toujours en quête d’opportunités pour doper leurs performances et réduire le risque. Dans ce sens, la diversification apparaît comme un moyen pertinent de réduire les risques sans nuire à la performance.

Pour se diversifier, de nombreux investisseurs actions se tournent vers des OPCVM ou des ETF répliquant la performance d’indices actions, comme le S&P 500, et qui «achètent le marché» – un bon moyen de s’exposer largement à une classe d’actifs à travers un véhicule unique. Or, la plupart des indices sont construits en fonction de la capitalisation boursière des valeurs qui les composent : plus elle est importante, plus le poids du titre est important dans le calcul de l’indice. Certaines valeurs sont donc surreprésentées – ce qui peut engendrer des expositions fortuites sur des sociétés ou des secteurs spécifiques, et donc réduire considérablement la diversification, aux dépens des investisseurs. Mais, surtout, la capi-pondération peut faire rater de belles opportunités de performance sur des entreprises de taille plus modeste.

Des expositions fortuites

Les mécanismes des indices capi-pondérés font graviter les fonds indiciels vers les points «chauds» du marché, dont le poids progresse au sein de leurs indices respectifs.

Dans les années 1990, l’enthousiasme pour les valeurs technologiques a fait passer le poids du secteur de l’IT de 8 % à 33,7 % du S&P 500 en seulement cinq ans[1]. Au milieu des années 2000, après l’essor du marché immobilier porté par les prêts hypothécaires, le poids des financières a atteint près d’un quart de l’indice[2]. Chacune de ces variations a exposé, malgré eux, les investisseurs à de fortes concentrations sectorielles, et par conséquent aux pertes abyssales qui ont suivi la bulle technologique et la crise financière.

Prenons l’exemple d’Apple Inc., dont la pondération fait plus de 14 fois celle de Netflix Inc. Le poids moyen d’Apple dans les cinq premiers ETF[3] américains est de plus de 6 %. Le succès ou non de la prochaine innovation d’Apple prend alors une importance démesurée, et nous sommes loin de la diversification souhaitée.

Les concentrations fortuites sur d’autres facteurs, comme la géographie, peuvent être encore plus extrêmes. Aujourd’hui, la Chine est considérée comme la première puissance économique d’Asie mais, dans les années 1980, l’optimisme était porté sur la croissance japonaise, qui, engendrant une forte hausse des marchés actions, avait renforcé son poids dans les indices mondiaux tels que le MSCI EAFE à plus de 60 %[4] – un pari non intentionnel qui a coûté très cher aux investisseurs à l’aube de la récession.

Des opportunités manquées

Le potentiel de perte lié à des opportunités ratées est moins visible, mais n’en est pas moins réel. Entre les mois de septembre 2012 et 2015, Apple a enregistré une performance de 8,33 % sur une base annualisée, pour une performance cumulée de 27,1 %[5]. Durant cette même période, Netflix a progressé de 128,7 % en annualisé, soit une hausse cumulée de 1 093,1 % : le titre a vu son cours multiplié par près de 11. Un investisseur sur l’indice S&P 500 aurait eu une exposition sur Apple plus de 14 fois supérieure à celle sur Netflix, passant ainsi à côté d’une opportunité de performance bien plus porteuse.

Conclusion : reconnaître la valeur d’une réelle diversification

La diversification, ce n’est pas prévoir l’avenir, mais s’y préparer. Or, une bonne préparation ne se limite pas à un investissement passif dans des indices qui répliquent le marché. Une des conséquences quasi inévitables de ce type de diversification est une participation malencontreuse de 100 % à la baisse des marchés. Au contraire, la vraie diversification va au-delà de la capi-pondération et de ses paris fortuits, en prenant systématiquement en compte les dynamiques du secteur, les zones géographiques et les valorisations (parmi d’autres facteurs), pour renforcer l’efficacité de la diversification. Il existe de nombreuses approches permettant d’optimiser la diversification des portefeuilles, sur une même classe d’actifs ou en en associant plusieurs. Mais c’est un autre sujet…

[1] Source : Standard and Poor’s, 31 octobre 1994 - 29 février 2000.

[2] Source : Standard and Poor’s. La pondération du secteur financier a atteint un pic de 22,16 % de l’indice S&P 500 en octobre 2006.

[3] Mesuré sur la base des encours sous gestion.

[4] Source : MSCI. La pondération du Japon dans l’indice MSCI EAFE a atteint un pic de 63,86 % en février 1989. En septembre 2015, le Japon pèse 20,7 % de l’indice.

[5] Source : Bloomberg. Les performances à trois ans annualisées et cumulées, dividendes réinvestis, au 11 septembre 2015.

Michael J. LaBella

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