Baisse des cours des matières premières, une addition à payer ?

Publié le 11 décembre 2015 à 12h48    Mis à jour le 11 décembre 2015 à 18h46

Jean-Louis Mourier

La baisse des cours des matières premières, en particulier industrielles et énergétiques, est, depuis mi-2014, l’un des principaux soutiens à la reprise, encore très modérée, de l’activité dans la zone euro. Elle a participé, avec la dépréciation de l’euro, au redressement de la profitabilité des entreprises et elle a soutenu le pouvoir d’achat des ménages et, par conséquent, leur consommation. Toutefois, le maintien de cours à des plus bas pluriannuels, voire la poursuite éventuelle de la baisse, pourrait s’avérer nettement moins positive ces prochains mois.

La conjoncture s’est nettement dégradée dans les économies émergentes les plus dépendantes de leurs exportations de matières premières. Certains de ces pays ont choisi d’utiliser une partie des réserves préalablement accumulées pour amortir le choc économique et maintenir leurs programmes sociaux. Leurs réserves n’étant pas inépuisables, il n’est pas sûr qu’ils puissent maintenir ces politiques encore longtemps. Ils seraient alors amenés à mettre en œuvre des politiques budgétaires plus restrictives, qui pèseraient sur la demande domestique et, par conséquent, sur leurs importations.

L’industrie pourrait aussi globalement souffrir de l’absence de rebond des cours des matières premières. De nombreux groupes miniers et pétroliers ont annoncé revoir leurs investissements à la baisse. Si l’impact direct sur l’activité n’en sera pas forcément très important, c’est autant de demande en moins pour leurs fournisseurs et, plus généralement, pour les secteurs en amont. Il y a là de quoi entretenir la déprime de la conjoncture dans le secteur manufacturier mondial.

Jean-Louis Mourier Economiste ,  Aurel BGC

Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.

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