BCE : de la parole aux actes
L’histoire semble se répéter. A chaque conférence de presse mensuelle, Mario Draghi tient des propos rassurants quant à la détermination de la BCE à ramener l’inflation vers son objectif, à éviter la surévaluation de l’euro et à soutenir l’activité. Les marchés financiers réagissent de façon positive, avec une baisse des taux d’intérêt, une détente de l’euro sur le marché des changes et une hausse de la Bourse.
Mais, d’un mois sur l’autre, que reste-t-il de ces évolutions ? Les taux d’intérêt à long terme s’inscrivent dans une tendance baissière, les écarts entre les pays périphériques et ceux du noyau dur se réduisent, les taux payés par les entreprises qui ont accès au marché obligataire diminuent. La crise s’est éloignée, la reprise se précise dans la plupart des pays européens. Néanmoins, le crédit bancaire poursuit sa contraction dans tous les pays périphériques et les deux fameux prêts à trois ans (LTRO) n’ont plus qu’une durée résiduelle de huit et neuf mois. Le chômage ne recule qu’à peine, le taux d’inflation ne présente aucun signe durable de normalisation et l’appréciation de l’euro, qui ne cesse de s’apprécier, menace la croissance des exportations.
Le moment vient pour la BCE de passer de la parole aux actes. Les instruments à sa disposition sont atypiques, nombreux et variés. Ses priorités devraient être de maintenir une cohésion au sein de la zone euro, d’y harmoniser les conditions de crédit, d’y favoriser la croissance de façon à réduire le chômage endémique. Elle va le faire, car le risque est moins à l’inflation qu’à la déflation. Mais un modèle européen de politique économique pour une croissance harmonieuse reste tout entier à construire.