BCE : un choc et des répliques
Même largement attendues, les décisions de la Banque centrale européenne (BCE) annoncées par Mario Draghi jeudi sont un séisme pour la politique monétaire de la zone euro. Une conséquence essentielle de cette politique est de favoriser la dépréciation de l’euro ; c’est maintenant un objectif clairement assumé par la BCE. Les partenaires commerciaux de la zone euro n’ont pas voulu, ou pas pu, rester inertes devant cette nouvelle stratégie. Qui dit séisme, dit répliques.
La Banque nationale suisse (BNS) a vu sa propre politique monétaire – c’est-à-dire l’interdiction pour le franc suisse de passer sous la barre des 1,20 pour un euro – devenir intenable. Déjà cette parité quasiment fixe impliquait une dépréciation du franc contre le dollar au rythme de la baisse de l’euro face au billet vert. Plus la décision de la BCE devenait probable, plus la BNS devait accumuler des réserves de changes. Lorsque le franc suisse a valu moins d’un dollar, la BNS a soudainement abandonné le principe d’une parité plancher avec l’euro. Mais la BNS n’a pas renoncé à limiter la hausse de sa monnaie et elle a donc simultanément abaissé son taux de dépôt, qui était déjà négatif. La Banque centrale danoise a fait de même. Voyant sa monnaie tendre à s’apprécier, elle a dû baisser ses taux, par deux fois en une semaine, pour maintenir sa couronne stable contre euro. Encore une banque centrale avec des taux négatifs.
Même la Banque centrale canadienne a abaissé ses taux la semaine dernière de façon totalement inattendue. A défaut d’une guerre des changes avérée, nous assistons à un affrontement entre banques centrales qui se joue à coups de taux bas et, de plus en plus souvent en Europe, de taux négatifs.