L'analyse de Jean-Louis Mourier
Des taux bas pour longtemps
Les gouvernements des économies développées ont dépensé sans compter pour tenter de limiter l’impact économique de la pandémie de Covid-19. Il en résulte une nette dégradation des finances publiques. Parallèlement, les banques centrales ont mis en place des politiques en partie destinées à assurer que les Etats puissent financer ces déficits supplémentaires sans difficultés. Leur action a permis de maintenir les taux d’intérêt à bas niveau, voire de les faire encore baisser. Il en résulte que le service de la dette publique ne devrait globalement pas vraiment augmenter cette année et la prochaine dans les principales économies de l’OCDE.
Mais cette accumulation de dettes engendre des contraintes soit pour les Etats concernés, soit pour les banques centrales, soit pour les deux. Les dettes publiques de la plupart des grandes économies développées ne sont plus «soutenables» que si les taux d’intérêt restent très faibles. Si ces derniers devaient augmenter de manière significative, le renchérissement du service de la dette pourrait annihiler les marges de manœuvre des gouvernements, voire leur imposer des politiques d’austérité.
Il en résulte une contrainte forte sur les banques centrales, condamnées à agir de manière à permettre le maintien de taux d’intérêt faibles sur toutes les maturités, notamment en poursuivant leurs programmes d’achats de titres.
La forte augmentation des dettes publiques, permise par les mesures exceptionnelles de politique monétaire, aura des conséquences durables : perte d’indépendance des banques centrales et/ou financement monétaire des déficits publics… avec un risque d’augmentation incontrôlable de l’inflation.
Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.