L'analyse de Philippe Waechter

Et si les Britanniques gagnaient ?

Publié le 12 avril 2019 à 11h59    Mis à jour le 12 avril 2019 à 14h48

Philippe Waechter

Les Britanniques se sont sentis humiliés par le report de six mois du Brexit décidé mercredi dernier, et la presse a été sans pitié pour la Première ministre. La locataire du 10, Downing Street aurait ainsi été incapable d’imposer une date de sortie cohérente avec le choix collectif du vote du 23 juin 2016. Les Britanniques choisissent, mais les Européens décident, selon de nombreux éditorialistes.

Pourtant, les Britanniques n’ont pas complètement perdu. Après le référendum, leur stratégie était portée par l’idée que les intérêts nationaux allaient faire voler en éclats l’unité européenne derrière le négociateur Michel Barnier. Cela n’a pas fonctionné. Jamais les Britanniques n’ont réussi à trouver la faille, que ce soit lors de la mise au point du texte retoqué trois fois par le Parlement à Londres, ni dans la première prolongation.

Le sommet du 10 avril a changé cela. Theresa May souhaitait un délai jusqu’au 30 juin pour éviter de rentrer dans un nouveau semestre européen. Le compromis des Européens offre trois mois supplémentaires. Ils seront lourds de conséquences. Les discussions pour décider de la durée du report ont montré des divisions. La perception du Brexit n’est plus la même entre les pays membres. Ensuite, si le délai va jusqu’à fin octobre, les Britanniques seront impliqués dans le processus de désignation de la Commission, du président de la BCE ou encore du vote du budget 2021-2027. Les divergences des Européens risquent alors d’être importantes et la présence des Anglais dans ces négociations les attisera. Certes, Theresa May s’est engagée à rester neutre, mais peut-on imaginer que les élus britanniques au Parlement européen le restent ?

Mots clés ETF
Philippe Waechter Directeur de la recherche économique ,  Ostrum Asset Management

Philippe Waechter est directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management. Diplômé du 3ème cycle de l’Université de Paris I, il a auparavant travaillé comme chef économiste à la Bred Banque Populaire et chez Natexis Asset Management. En parallèle entre 2003-2004, il avait été nommé Professeur Associé en Economie et Finance à l’Université d’Evry. Il a été membre associé du Conseil Economique et Social d’Ile de France. En 2008 il a publié avec Martial You « Subprimes, la faillite mondiale » aux Éditions Alphée.

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