Le changement de ton de la Banque centrale européenne (BCE) ressemble au revirement observé aux Etats-Unis l’automne dernier. L’inflation n’est plus perçue comme temporaire, et est envoyé un signal de remontée du taux de référence. Même si l’horizon est encore éloigné, l’information sur le durcissement de la politique monétaire devient publique.

Bien sûr, la BCE n’est pas la Fed. Elle n’adoptera pas aussi rapidement une stratégie restrictive, mais elle a changé clairement d’orientation.

Deux raisons à cela.

Tout d’abord, le prix de l’énergie est une surprise plus forte et plus durable qu’anticipé. Si ce mouvement se poursuit, les pertes de pouvoir d’achat seront importantes et les revendications salariales pourraient se faire plus fortes. La BCE ne veut pas alimenter les anticipations en ne faisant rien.

Ensuite, les salaires suivent encore une allure modérée, et la BCE ne veut pas de dérive liée à une forme d’indexation des salaires sur les prix. Jusqu’à présent les prix hors énergie et alimentaire sont restés sur une trajectoire basse. Intégrer des salaires plus élevés dans la durée pourrait modifier ce schéma et contrevenir au respect du mandat de la BCE. Néanmoins, la forte hausse des marges des entreprises en 2021 peut permettre une hausse ponctuelle des rémunérations.

La BCE ne maîtrise pas les prix de l’énergie. Elle doit malgré tout intervenir, si ceux-ci deviennent forts dans la durée. Pour éviter de provoquer une récession, le policy-mix doit privilégier, en 2022, une politique budgétaire accommodante et une politique monétaire restrictive.