La Fed, source d’incertitude
La communication de la Banque centrale américaine a perdu en clarté ces derniers mois. A l’approche du début de la normalisation de sa politique monétaire, la banque centrale ne peut plus garantir la stabilité de sa politique. La dégradation de l’environnement international et les statistiques d’activité et d’inflation ne donnent pas d’arguments forts en faveur d’une prochaine hausse des taux directeurs, que semblent désirer une partie des banquiers centraux américains.
L’impression de flou de la communication de la Fed résulte notamment de l’incertitude quant à l’impact de la «normalisation» de la politique. Mener une politique monétaire accommodante, voire la rendre de plus en plus accommodante peut, certes, favoriser l’accumulation de risques pour le moyen et long terme. Mais, à court terme, seuls les éventuels bénéfices sont visibles. L’amorce de la phase de hausse des taux directeurs, en particulier après près de sept ans de «taux zéro», génère au contraire de l’incertitude : les réactions potentielles à la hausse des taux sont plutôt bien identifiées, mais la probabilité que ces réactions se produisent, ainsi que leur ampleur, restent inconnues.
Ainsi, aucun des différents camps, au sein du comité de politique monétaire du Fed, ne dispose d’arguments forts pour faire basculer les autres. Dans le doute, le principe de précaution fait cohabiter un discours pro-hausse précoce des taux avec un immobilisme dicté par la crainte de déclencher des réactions fortement dommageables. Mais ainsi, en voulant éviter que son action ne provoque un regain de volatilité sur les marchés, la Fed nourrit cette volatilité.
Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.