L’effet TINA a-t-il disparu des marchés ?
Il y a encore très peu de temps, les marchés actions, notamment européens, semblaient totalement insensibles aux mauvaises nouvelles. Ils étaient immunisés par les politiques monétaires très accommodantes des grandes banques centrales, dont l’un des résultats était de diminuer, voire d’enfoncer en territoire négatif en Europe, les rendements des obligations d’Etat jugées les plus sûres.
Face à l’abondance de liquidités mises à disposition par les banques centrales, les investisseurs n’avaient alors d’autre choix que d’acheter des actifs plus risqués, et plus particulièrement des actions.
Les mouvements des dernières semaines peuvent amener à douter de la puissance de cet effet TINA («There Is No Alternative»). Pour l’instant, le coronavirus Covid-19 semble l’avoir vaincu, au moins pour l’instant : les principaux indices boursiers ont perdu entre 12 % et 13,5 % entre les 19 et 28 février. Mais, alors que l’épidémie et les mesures prises pour l’endiguer pèsent lourdement sur l’activité économique, il n’est pas sûr que l’effet TINA ait dit son dernier mot. D’abord parce que les liquidités restent abondantes et que, sous l’effet de la fuite vers les actifs de qualité, les rendements des obligations d’Etat à long terme se sont rapprochés ces deux dernières semaines de leurs points bas historiques en Allemagne, voire en ont atteint de nouveaux aux Etats-Unis. Ensuite parce que ces rendements devraient rester très bas, les autorités monétaires ayant d’ores et déjà réagi, avec une baisse significative des taux directeurs américains et un discours plus offensif des banquiers centraux européens.
Néanmoins, tant que l’étendue et la gravité de l’épidémie ne seront pas mieux connues, TINA ne devrait pas pouvoir s’exprimer à nouveau complètement.
Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.