Les investisseurs ont à l’esprit que les banques centrales changeront rapidement l’orientation de leur politique monétaire dès qu’il y aura des signes d’amélioration sur l’inflation ou de dégradation de l’activité économique. Il y a derrière cela l’idée que les chocs subis n’ont pas de persistance. Avoir cette idée à l’esprit, c’est mal connaître l’histoire économique, notamment aux Etats-Unis.

Deux exemples : le premier se situe dans les années 1930. La reprise de l’activité a lieu en 1933 et la croissance est robuste. En 1937, plusieurs indicateurs ont retrouvé des niveaux d’avant crise, incitant la politique économique à devenir plus restrictive. Mauvaise idée : l’économie retombe alors immédiatement en récession.

Le deuxième est observé dans les années 1970 après le premier choc pétrolier et l’inflation qui en résulte. La Fed remonte rapidement son taux d’intérêt et l’inflation fait marche arrière. La Fed réduit alors la contrainte monétaire pour ne pas étouffer l’économie. Ce geste est malheureux car l’inflation repart aussi vite et il faudra les mesures fortes de Paul Volcker pour en finir avec cet épisode inflationniste.

L’équation est la même aujourd’hui. Infléchir et inverser trop rapidement la politique monétaire restrictive, c’est prendre le risque de se retrouver très vite avec le même problème d’inflation parce que le choc inflationniste n’aura pas été complètement absorbé dans les comportements. La politique monétaire doit être contraignante un bon moment avant d’être relâchée, pas avant 2024 au mieux.