Mobilisation urgente !
Une fois de plus, la France ne respectera pas ses engagements de bonne gestion. La trajectoire de déficit annoncée s’écarte un peu plus chaque jour de notre engagement initial, qui, rappelons-le, était un retour à 3 % de déficit en 2015. Cette situation n’est plus tenable : il est urgent d’agir.
Les dirigeants financiers que nous sommes se doivent de rappeler que la restauration des comptes publics est une nécessité absolue pour ne pas compromettre l’avenir de notre économie et plus généralement la place de la France en Europe et dans le monde. Il s’agit, au-delà d’une nécessité de saine gestion, d’une évidence économique, d’une exigence politique et d’un impératif moral.
Les arguments tenant à la saine gestion ont fait l’objet de nombreux échanges. Nous ne les rappellerons pas ici. Dans une société en déficit de compétitivité, les politiques de relance par la demande se traduisent, outre leur coût, par une remontée des importations, accroissant le déficit commercial sans apporter l’aide espérée aux entreprises nationales. Les expériences passées, par exemple sous les gouvernements Chirac en 1975 ou Mauroy en 1981, ont dû être arrêtées à cause de leur coût exorbitant et de leur manque de résultats. Cette «preuve par l’histoire» est d’autant plus pertinente aujourd’hui qu’il n’est plus possible de dévaluer – sauf à envisager une «dévaluation fiscale». Prenons-en acte : ce modèle néokeynésien ne fonctionne plus, comme en témoignent année après année notre déficit grandissant et notre croissance en berne. La situation actuelle en constitue malheureusement une confirmation patente : en dépit d’un déficit supérieur à 4 %, qui devrait soutenir notre économie, la croissance reste désespérément proche de zéro et le chômage continue d’augmenter.
Le consensus d’une large majorité d’économistes sur la direction à prendre est une réalité à la fois rassurante, car les solutions sont connues, et accablante, car beaucoup reste à faire. Elie Cohen ou Philippe Dessertine, pour ne citer que ceux qui sont intervenus lors des 50 ans de la DFCG, l’ont souligné. La tâche qu’il reste à accomplir n’est plus d’identifier des solutions, mais de les mettre en œuvre. Alléger le code du travail, supprimer les effets de seuil, simplifier les contraintes réglementaires et administratives, renforcer les financements des PME pour les aider à grandir et devenir des ETI, alléger la fiscalité et simplifier le maquis des taxes, notamment les taxes affectées, sont, au fil des rapports, devenus autant d’évidences économiques pour restaurer la compétitivité nationale, et essayer de retrouver à terme croissance et emplois.
Questionner et repousser ces décisions et leur mise en œuvre affaiblissent, en outre, la crédibilité de la France à l’international. Evidemment, si la théorie est simple, la mise en œuvre est beaucoup plus compliquée. L’opposition entre une politique de l’offre et une politique de la demande constitue une grille de lecture trop simple qui n’est plus adaptée à la situation. Baisser le déficit et réduire simultanément la pression fiscale constituent des objectifs qui ne pourront être atteints que grâce à une baisse matérielle de la dépense publique. Il n’y a pas d’alternative. Face à l’enjeu, la politique du «coup de rabot» n’est pas à la hauteur. Il est nécessaire de reposer la question du périmètre de la sphère publique. Et ce n’est pas remettre en cause notre modèle social que de poser cette question : c’est au contraire se donner les moyens d’en pérenniser les fondamentaux et de ne pas faire payer, encore plus, nos faiblesses à nos enfants. La gravité de cette situation requiert une action d’union nationale. Il est indispensable que tous les corps sociaux travaillent ensemble et dans une même direction, par-delà les clivages politiques et les courants.
La tâche n’est certes pas facile et la communauté financière le sait bien, qui a l’expérience de la conduite de changement dans ses entreprises, avec ses blocages mais aussi ses leviers d’action. Quelles que soient les méthodes employées, c’est par l’exemplarité et la mise en œuvre que de telles évolutions se conduisent.
Passons, collectivement, de la parole aux actes !