«Nous ne nous attendons pas à une correction extrême des marchés»
En réaction aux chutes des marchés actions internationaux de ce début d’année, Francis A. Scotland, Co-Directeur Global Macro Research de Brandywine Global, filiale spécialiste de la gestion value sur les actions et obligations internationales de LEGG MASON, tente d’apporter des réponses sur l’orientation des marchés depuis le début de l’année.
Près de 2500 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont envolés en fumée sur les marchés actions internationaux la première semaine de Janvier. L’indice Dow Jones Industrial Average a concédé 1 000 points, enregistrant les cinq pires séances de son histoire, et l’indice S&P 500 s’est replié de 6%, signant lui aussi le pire début d’année depuis sa création.
Il y a eu une perte de confiance au cours du mois dernier que l’on peut attribuer à un durcissement des conditions de liquidité au niveau mondial et aux sorties de capitaux au sein des actifs financiers à travers le monde. Ces deux facteurs ont réellement contribué à la correction intervenue au début de l’année. En effet, si on replace les choses dans leur contexte, nous avons eu un marché haussier de longue date, dans sa septième année. Au cours de l’année passée, nous avons déjà pu observer un rétrécissement de la largeur du marché, signifiant par-là que le nombre de valeurs participant à la hausse du marché s’est réduit et, plus significativement, durant les deux derniers mois de l’année. La conséquence est un marché extrêmement vulnérable aux mauvaises nouvelles.
Dans la mesure où les mauvaises nouvelles deviennent plus prononcées, le marché devient vulnérable. Le résultat final est cette correction qui se poursuit en début d’année et qui peut s’expliquer par trois facteurs. Le premier est le ralentissement économique de la Chine. Les efforts visant à stimuler la croissance continuent d'être compromis par l'intervention massive nécessaire pour stabiliser la monnaie, ce qui a conduit à une contraction dans le bilan de la Banque populaire de Chine, ce qui est un signe typique de resserrement monétaire. La confusion politique associée à la mise en œuvre de mesures maladroites – frisant l’amateurisme – pèse désormais sur la crédibilité globale de la politique chinoise. Le second facteur est la politique de normalisation des taux menée par la Réserve fédérale (Fed). Le taux de croissance du bilan de la banque centrale a ralenti depuis des mois et, selon la Fed, la stratégie de la banque centrale a entrainé une hausse de 500 points de base des taux fictifs des fonds fédéraux. Enfin, troisième facteur, la force du dollar et la faiblesse du prix des produits de base, qui sont le revers d’une même médaille, ont lourdement pesé sur la croissance mondiale par le biais de multiples canaux.
Nous sommes donc témoins d’une correction et elle prendra probablement fin avec un grand coup de balai, c’est-à-dire une baisse plus extrême qui nettoie tout sur son passage. Des opportunités en termes de valorisation commenceront à se faire jour de façon beaucoup plus manifeste et, en tant que gérant, nous apprécions les opportunités offertes par des régimes de marchés plus volatils. Je vois par exemple des valorisations intéressantes apparaître au sein des actions américaines, notamment dans la technologie, la finance et la santé. Un certain nombre d’actions à dividendes de croissance apparaissent attractives. Les valeurs de qualité se comportent mieux. C’est là où sont les opportunités.
Malgré la mise en place de facteurs favorables à la relance depuis les deux dernières années – politiques monétaires non conventionnelles, prix pétroliers bas, taux directeurs plus faibles dans les marchés émergents, affaiblissement important des monnaies dans la plupart des pays (à l'exception des États-Unis et de la Chine) – nous ne constatons pas de réponse positive au niveau de la croissance mondiale. La combinaison d'une meilleure croissance à l'étranger, d’un repli de la politique de normalisation de la Fed et/ou d’un affaiblissement du dollar américain nous semble aujourd’hui nécessaire. Le risque continuera à déprimer les marchés, avec les implications qui en découlent pour l'économie mondiale, jusqu'à ce que ces facteurs commencent à changer collectivement. Les décideurs commencent à montrer des signes d’inquiétude ; cependant, les décideurs des deux principales économies mondiales, la Chine et les États-Unis, n’ont hélas jusqu’ici pas encore réagi.