Un risque peut en cacher un autre…
En début d’année, les investisseurs se montraient rassurés par la diminution de l’incertitude avec la signature d’un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis, ainsi qu’avec la dissipation du risque de «hard» Brexit immédiat.
Les institutions internationales et les banques centrales se disaient confortées dans leur scénario de redressement progressif de la croissance de l’activité économique mondiale. Mais le regain de tensions au Moyen-Orient, puis l’épidémie de coronavirus en Chine, sont venus rappeler que des écueils peuvent encore intervenir.
L’impact économique potentiel de l’épidémie de 2019-nCoV est difficile à évaluer, ne serait-ce que parce que son ampleur reste inconnue. Les seules certitudes sont qu’elle sera difficile à enrayer et que les mesures prises pour la maîtriser auront des conséquences négatives sur l’activité économique. Ces conséquences sont évidentes en Chine, avec un impact négatif potentiel d’au moins 1,25 point de croissance au premier trimestre si les mesures de confinement prises dans le Hubei durent un mois. Elles seront aussi plus fortes sur l’économie mondiale que celles liées au Sras en 2003 : en seize ans, le poids de la Chine dans le PIB mondial est passé de moins de 9 % à près de 19 %. Par ailleurs, la Chine absorbait 6 % des exportations des autres pays en 2003, contre environ 13 % en 2018. L’industrie manufacturière est particulièrement exposée en raison d’une forte concentration d’usines dans le Hubei. Le secteur du luxe , de son côté, devrait voir ses ventes se contracter, et pas seulement en Chine : les touristes chinois sont désormais les plus nombreux dans le monde et ils dépensent beaucoup dans les pays qu’ils visitent. Autant de risques, pour une économie mondiale encore convalescente, qu’il faudra surveiller.
Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.