Avec le développement exponentiel de l’IA générative, de nouvelles solutions de gestion émergent. Certaines pourraient transformer totalement le marché, en fournissant des analyses prospectives et des indicateurs de suivi pour des montants très inférieurs à ceux pratiqués par les cabinets indépendants. Mais ceux-ci restent aujourd’hui indispensables, l’IA étant loin de pouvoir appréhender toutes les problématiques financières.
Contrairement à ce que son nom pourrait suggérer, Angel-Start est une entreprise bretonne. Elle propose « DAF IA », dix fois moins cher qu’un DAF à temps partagé. La solution déployée permet de réaliser des tableaux de bord personnalisés, via le suivi des KPI, d’automatiser les business plans et de préparer des reportings investisseurs mensuels ou trimestriels, le tout pour 99 euros par mois. Soit, effectivement, dix fois moins que ce que proposent en moyenne les cabinets de DAF à temps partagé. « Le déploiement de l’IA va révolutionner le métier de DAF. Les grands groupes vont pouvoir réaliser des économies d’échelle majeures, explique Thibaud Artur de La Villarmois, fondateur et CEO d’Angel-Start. Sur le salon Vivatech, notre stand était rempli de DAF cherchant à réduire le temps passé à des tâches chronophages. Désormais, si les gens veulent de l’humain, ce n’est plus pour un sujet de performance. »
Une ère du « DAF IA » ?
De fait, le déploiement de l’IA générative, lancée dans sa version grand public en novembre 2023, a fortement bousculé les métiers du chiffre. Traitement des factures, gestion des dépenses, peuvent désormais être délégués à une IA avec un taux d’erreur largement inférieur au taux d’erreur généré par un humain. L’IA est également utilisée à des fins de détection des fraudes grâce à une surveillance des transactions en temps réel et une analyse des anomalies ou des comportements suspects. En gestion des risques, l’IA évalue les risques financiers et simule des scénarios économiques. Elle optimise la trésorerie en prévoyant les besoins en liquidité et en générant des rapports financiers conformes. Enfin, l’IA est utilisée en support à la décision, permettant de générer des analyses en temps réel.
Dans ce contexte, que reste-t-il aux DAF et RAF des petites et moyennes entreprises ? Si cette révolution n’en est qu’à ses débuts, le déploiement pourrait être exponentiel dans les mois à venir. Angel-Start a déployé son offre dès 2021. La solution, hébergée en France, utilise ChatGPT pour le texte, tandis que la partie financière est élaborée en interne. Les données sont anonymisées en permanence. L’outil permet notamment d’améliorer un business plan, de questionner le meilleur choix de structure juridique et de mettre en place des alertes, en fonction de différents paramètres. L’entreprise revendique désormais 2 000 business plans réalisés chaque mois et 30 000 depuis la création de la solution. « En se basant sur les données comptables de l’entreprise et les indicateurs clés, l’entrepreneur peut obtenir un tableau de bord de ses états financiers et anticiper ses besoins en financement », explique Thibaud Artur de La Villarmois.
Un dialogue entre l’entrepreneur et les données
Véritable « DAF IA », Angel-Start est avant tout destiné aux créateurs de très petites entreprises qui, faute de moyens suffisants, ne peuvent pas avoir accès à un DAF, même à temps partagé. « Il y a, en France, une myriade de toutes petites entreprises qui chaque année font faillite, faute d’anticipation, détaille Thibaud Artur de La Villarmois. Angel-Start démocratise l’accès au business plan et permet de questionner le business model dès la phase de création, en ouvrant le dialogue entre l’entrepreneur et les données. » Une fonctionnalité de dialogue également identifiée par La Direction, cabinet de DAF à temps partagé présent à Paris, Bordeaux et Toulouse. « Je vois l’IA comme une intelligence supplémentaire dans la pièce, affirme Thibault Salou, fondateur et CEO de La Direction. Lors d’une réunion avec un client, solliciter une IA permet d’ouvrir le dialogue et d’envisager d’autres scénarios. »
Au sein de La Direction, pas un jour ne passe sans que les équipes ne challengent de nouveaux outils. « De plus en plus d’outils permettent de s’affranchir de tâches répétitives, constate Thibault Salou. L’IA est devenue un précieux outil du quotidien, en permettant par exemple de signaler des anomalies ou de gérer une importante base de données. Cela permet de faire gagner énormément de temps aux équipes. » Pas question, pour autant de remplacer les consultants par des IA. « Il n’est pas possible de mettre de l’automatisation là où le jugement et l’expérience humaine sont requis, souligne Thibault Salou. A titre d’exemple, lorsque l’on dit que les délais de paiement sont à 60 jours, la réalité est autre. Ce sont des éléments que, pour l’heure, l’IA n’est pas capable de prendre en compte. » A l’heure du déploiement de l’IA, la direction a choisi de muscler ses équipes et recrute de nouveaux consultants, convaincue que l’accompagnement humain sur mesure reste au cœur des attentes de ses clients. « Il faut bien avoir à l’esprit qu’il n’est pas possible d’utiliser les mêmes template de business plan pour une entreprise digitale type SaaS que pour une entreprise industrielle, explique Thibault Salou. Chaque secteur a ses spécificités et requiert une formalisation adaptée. »
De nouveaux relais de croissance
Au-delà du directeur administratif et financier, ce sont aujourd’hui l’ensemble des fonctions finances qui sont impactées par le développement des IA. Au premier rang desquelles se trouve la comptabilité. La licorne Pennylane a dévoilé à l’occasion du salon ComptaTech sa dernière innovation : le ComptAssistant ou « le premier chatbot dopé à l’IA générative ». Pensé comme un véritable « collaborateur supplémentaire », le ComptAssistant permet de répondre aux questions du quotidien, tout en intégrant différentes données (BOFIP et PCG, ainsi que les données et connaissance clients qui sont intégrées au fur et à mesure de l’usage de l’outil). L’outil intègre également un centre d’opportunités qui détecte et suggère des missions complémentaires à proposer à ses clients. Une promesse Pennylane qui entend accompagner ses clients cabinet d’expertise comptable vers de nouvelles sources de rentabilité.
Des PME françaises en retard sur l’adoption de l’IA
Si les départements finance des grandes entreprises planchent sur le développement de solutions IA propriétaires, les PME sont, pour leur part, encore en retrait. C’est ce que révèle une étude réalisée par l’éditeur de logiciels Sage dans 15 pays qui dévoile que l’adoption de l’IA par les PME françaises est nettement inférieure à la moyenne européenne. Selon le baromètre Num France publié en septembre 2023, seules 5 % des PME Françaises utilisent des solutions d’intelligence artificielle.