Baromètre

Consolideurs et comptables : des profils recherchés

Publié le 8 décembre 2017 à 12h06    Mis à jour le 8 décembre 2017 à 17h35

Anaïs Trebaul

La reprise du marché de l’emploi semble particulièrement concerner les consolideurs et comptables, comme le montrent les résultats de la 6e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, la DFCG, l’AFTE, l’Ifaci et Option Finance.

Un vent de départs souffle sur les postes de consolideurs et comptables ! Alors que plus d’un tiers d’entre eux ont déjà changé de poste cette année, ils sont désormais 56 % à l’envisager dans moins d’un an, selon la 6e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, l’Association nationale des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers (AFTE), l’Institut français des auditeurs et contrôleurs internes (Ifaci) et Option Finance. Il faut dire que la politique de rémunération des entreprises ne semble pas tenir compte de ce constat. Certes, le montant des revalorisations salariales a été raisonnable en 2017 (+ 4,2 %) pour atteindre une rémunération fixe moyenne de 57 900 euros et une variable de 5,3 %. Mais cette hausse n’a concerné qu’un nombre limité de consolideurs et de comptables, puisqu’ils sont seulement 57 % à en avoir bénéficié. En conséquence, les disparités au sein de la profession sont fortes. Si 15 % d’entre eux bénéficient d’un salaire fixe annuel supérieur à 80 000 euros cette année, ils sont en parallèle 13 % à obtenir moins de 40 000 euros.

Plusieurs raisons expliquent ces différences. Tout d’abord, toutes les entreprises n’appliquent pas la même politique de revalorisation salariale à l’égard de cette profession.«Les disciplines comptables sont souvent perçues comme des “centres de coûts” ayant peu d’impact en termes de création de valeur et ne bénéficient donc pas forcément de réévaluation salariale lors de résultats positifs, même si cela commence heureusement à évoluer», remarque Mikaël Deiller, directeur des divisions Finance et Comptabilité de Michael Page et Michael Page Interim. Ensuite, des écarts de salaires existent entre les consolideurs et les comptables. «Les premiers ont, en général, des rémunérations se situant dans la fourchette haute des métiers exerçant au sein d’une direction financière, alors que les seconds ont le plus souvent des salaires plus faibles que la moyenne mentionnée dans l’étude, précise Vanessa Brajtman, directrice consolidation et reporting groupe d’Ipsen et membre du groupe de travail consolidation et reporting de l'APDC.

Enfin, plus spécifiquement, les missions menées peuvent considérablement varier d’un poste à un autre. «Sur les métiers comptables, les responsabilités confiées diffèrent encore plus que pour les autres professions financières en fonction du contexte et du périmètre, souligne Mikaël Deiller. Si les comptables travaillent dans une organisation internationale (normes et langues étrangères), sur un périmètre large (chiffre d’affaires élevé ou nombreuses entités) ou s’ils ont des équipes à gérer, ils seront nettement mieux rémunérés que les autres.»

Des sollicitations en hausse

Pourtant, outre un nombre élevé de départs, d’autres facteurs devraient inciter les directions à réfléchir aux moyens de garder leurs comptables et consolideurs. D’une part, ils sont très sollicités par les recruteurs, puisqu’ils sont 87 % à affirmer avoir été contactés pour un nouveau poste ces douze derniers mois. «Depuis fin 2016, nous constatons une nette hausse des recrutements dans ce secteur, et un décalage important entre l’offre et la demande, indique Mikaël Deiller. Certains consolideurs sont actuellement sollicités chaque semaine pour un nouveau poste !»

D’autre part, les missions menées par les consolideurs et comptables sont de plus en plus larges, ce qui les amène désormais à pouvoir changer de poste plus facilement. «Avec la robotisation des tâches, ils peuvent passer plus de temps sur des sujets à dimension analytique, ce qui leur permet désormais d’avoir un parcours plus transverse, remarque Mikaël Deiller. De fait, alors qu’auparavant ils pouvaient rester toute leur carrière dans cette filière, ils sont maintenant plus nombreux à évoluer vers du contrôle de gestion par exemple ».

Enfin, ils sont particulièrement mobiles, puisque plus de la moitié des consolideurs et comptables interrogés seraient prêts à déménager pour une opportunité professionnelle.

Un métier encore peu valorisé

Néanmoins, si les directions n’augmentent pas plus les salaires de leurs équipes, c’est peut-être car cet élément ne fait pas partie de leurs priorités. En effet, seuls 2 % d’entre elles souhaiteraient voir leur rémunération progresser ! En revanche, les consolideurs et comptables sont plus sensibles à des sujets non pécuniaires. La formation et la reconnaissance de leur travail sont en effet les deux éléments principaux qu’ils aimeraient voir s’améliorer dans leur quotidien. «Ces deux points sont liés, commente Mikaël Deiller. En effet, leur profession est parfois mal reconnue au sein de la direction financière. Les comptables et consolideurs doivent le ressentir, ce qui explique aussi qu’ils ne soient pas exposés au même dispositif de parcours de formation que d’autres financiers plus exposés.» Juste derrière, les problématiques liées à la charge de travail sont également soulevées par la profession. «Leur métier s’articule autour de périodes de suractivité, lors de la préparation de la clôture des comptes notamment, qui peuvent être particulièrement stressantes puisqu’ils sont garants des éléments statutaires et légaux, relève Mikaël Deiller. De plus, le manque actuel de ressources dans les services comptables doit renforcer leur charge de travail.» Un constat qui explique peut-être qu’ils soient 36 % à être insatisfaits de leur poste actuel.

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