Alors que les rémunérations des contrôleurs de gestion avaient été revalorisées l’an passé, leur progression a été moindre en 2017, selon la 6e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, la DFCG, l’AFTE, l’Ifaci et Option Finance. Ce constat pourrait inciter les professionnels à changer de poste plus rapidement.
L’évolution des salaires ne suit pas la reprise de l’emploi chez les contrôleurs de gestion. Selon le baromètre réalisé par Michael Page, l’Association nationale des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (Ifaci), et Option Finance, leur salaire moyen s’établit à 59 300 euros en 2017, après 59 500 euros, en légère baisse par rapport à l’an dernier.
Des augmentations salariales partielles
Dans les faits, des revalorisations salariales sont constatées, mais elles sont moins importantes et moins nombreuses que l’année dernière. En effet, seuls 61 % des contrôleurs de gestion ont été augmentés cette année contre 68 % en 2016, et ils sont uniquement 19 % à avoir bénéficié d’une hausse de rémunération supérieure à 3 %, contre 26 % l’an passé. De plus, même si la part de rémunération variable versée aux contrôleurs de gestion demeure satisfaisante (75 % de ceux qui en bénéficient ont obtenu un variable supérieur à 5 %), la partie de la population à en avoir profité s’est réduite (76 % en 2017, contre 81 % l’an passé). Il faut dire qu’en termes de recrutements et de rémunérations, 2016 était une année particulièrement porteuse, après une stagnation depuis 2008.
Mais si les entreprises n’ont pas fait évoluer leurs budgets salariaux, en parallèle les salariés n’ont pas revu leurs revendications salariales à la baisse, bien au contraire. Le niveau de rémunération fait en effet partie des trois premiers éléments (avec le contenu des missions confiées et les perspectives d’évolution) qui ont encouragé les contrôleurs de gestion à changer de poste cette année.
Des changements de poste à prévoir
Cet environnement salarial peu porteur devrait donc inciter un certain nombre de contrôleurs de gestion à changer de poste dans les mois à venir. Selon le baromètre, ils sont en effet 60 % à l’envisager dans les douze prochains mois.
Un constat que les employeurs doivent prendre au sérieux, alors même que d’autres éléments encouragent déjà les contrôleurs de gestion à bouger.
Cette population est d’abord de plus en plus sollicitée. En effet, 81 % des personnes interrogées l’ont été au cours des douze derniers mois, dont 78 % d’entre eux pour deux postes ou plus. En outre, les propositions de recrutement sont en hausse puisque les contrôleurs de gestion sont 39 % à constater qu’elles sont plus nombreuses que l’année dernière. Certes, tel est le cas pour la plupart des professions financières grâce à la reprise du marché de l’emploi. Mais les entreprises qui sont à la recherche des contrôleurs de gestion exigent souvent des compétences particulières qui les amènent surtout à recruter des profils expérimentés.
«Sur des postes de contrôleurs de gestion industriels, les sociétés recherchent des candidats qui ont à la fois une expérience en contrôle de gestion, mais aussi une maîtrise précise du secteur dans lequel ils vont travailler, explique Pierre-Yves Bing, délégué général adjoint à la DFCG. Il en est de même pour les contrôleurs de gestion non centraux (contrôleurs de gestion projets, marketing, commercial…), dont les entreprises attendent qu’ils maîtrisent le domaine dans lequel ils interviennent.»
Dans ce contexte, les contrôleurs de gestion pourraient être d’autant plus incités à bouger qu’il s’agit d’une profession jeune, puisque 40 % d’entre eux a moins de 35 ans. «De ce fait, les contrôleurs de gestion constituent une population particulièrement mobile puisqu’ils n’ont pas les mêmes contraintes quand il s’agit de déménager que des professionnels plus âgés», remarque Charles Bonati, analyste édition et études à la DFCG . Ainsi, 56 % des contrôleurs de gestion sont prêts à partir pour une autre ville en France, ou à l’étranger si une opportunité professionnelle se présente. De plus, la profession fait traditionnellement état d’un turn-over important. Sur les seuls douze derniers mois, 28 % d’entre eux ont changé de poste, une proportion qui, associée à la faiblesse des revalorisations salariales, pourrait se renforcer encore l’an prochain.
Cependant, les contrôleurs de gestion en partance ne comptent pas forcément exercer une profession différente. Ils sont en effet cette année 73 % à affirmer être satisfaits de leur poste. De plus, ils anticipent majoritairement continuer dans le domaine du contrôle de gestion (52 %). Seuls les plus expérimentés comptent en revanche progresser vers un poste de responsable ou de directeur financier (26 %), le principal objectif de carrière de la profession.
Le métier de contrôleur de gestion devient plus large
- Initialement producteurs d’informations financières, les contrôleurs de gestion sont désormais davantage en charge du pilotage financier et du conseil opérationnel auprès du management. «Les outils informatiques à disposition des contrôleurs de gestion évoluent vers des solutions plus agiles, plus performantes, ce qui leur permet d’émettre des analyses plus poussées de l’activité de l’entreprise», observe Frédéric Doche, président du groupe contrôle de gestion à la DFCG et président de Décision Performance Conseil.
- En conséquence, les compétences requises pour exercer cette profession évoluent. «Dorénavant, lorsque les entreprises recrutent des contrôleurs de gestion, elles recherchent également des “soft skills”, en plus des compétences techniques», précise Frédéric Doche. Ainsi, selon le baromètre, 56 % des directeurs du contrôle de gestion recherchent en priorité des équipes capables d’accompagner l’entreprise dans ses changements, et 47 % d’entre eux, des personnes proactives. «Les contrôleurs de gestion doivent désormais être davantage force de proposition, en participant plus aux décisions financières, précise Frédéric Doche. Par exemple, ils peuvent être amenés à préconiser de répondre à des appels d’offres alors que ce n’était pas le cas auparavant.»