Les métiers de la finance vont recruter les étudiants en finance à la rentrée. Les professionnels le savent, les premiers indicateurs le prouvent. Pour les jeunes, un univers où les perspectives sont moins dures qu’ailleurs.
Bonne nouvelle. Avec en début d’année une hausse de 16 % du nombre d’offres ouvertes aux jeunes diplômés dans les métiers de la gestion, de la finance et de l’administration (Apec janvier/avril 2014 vs janvier/avril 2013), la morosité du marché de l’emploi semble épargner la fonction finance. Et il y a mieux : si pour les métiers du contrôle de gestion et de l’audit, la hausse s’est limitée à 7 % en ce début d’année, pour les postes en finance et trésorerie le nombre d’offres d’emploi a augmenté de 38 %. «Ces chiffres montrent qu’il y a une amélioration. Il est cependant trop tôt pour annoncer que cette tendance s’installe dans la durée. Les entreprises restent encore très prudentes, et les postes ouverts ne débouchent pas toujours sur un recrutement», relativise cependant Pierre Lamblin, le directeur des études et de la recherche de l’Apec.
Les cabinets d’audit et de conseil en demande
Il n’empêche. Depuis plusieurs saisons et indépendamment de la conjoncture, les cabinets de conseil et d’audit constituent d’importants recruteurs pour les jeunes diplômés spécialisés en finances. Que ces derniers soient issus des écoles de commerce, des écoles d’ingénieurs mais aussi des cursus universitaires spécialisés qui sont aujourd’hui de mieux en mieux adaptés aux demandes des professionnels. Et pas de doute, les cabinets d’audit et de conseil, souvent perçus par les jeunes diplômés comme un troisième cycle de formation, assurent un bon démarrage pour une carrière dans la finance. Avec tout d’abord de réelles perspectives d’embauche : à l’Apec, un poste en contrôle de gestion et audit à pourvoir sur quatre émane des cabinets de conseil et d’audit. Un sur cinq pour les métiers de la finance et de la trésorerie. Ainsi le cabinet Price water house Coopers recrute cette année près de 1 000 consultants dont 800 jeunes diplômés – une partie d’entre eux ayant effectué leur stage de pré-embauche dans l’entreprise. «Auditeurs financiers, consultants en management, consultants en stratégie, analystes en transactions, actuaires, experts-comptables et fiscalistes... Les jeunes diplômés en finance ont bien leur place chez nous», annonce Hélène Coulbault, porte-parole de PwC. Des fonctions qui supposent une compréhension globale des entreprises – dans leur environnement économique, financier, politique, réglementaire, environnemental ou social – et qui conviennent à des personnes qui savent s’adapter à un contexte économique et réglementaire de plus en plus complexe.
Des rémunérations attractives
Ensuite, les entreprises d’audit et de conseil savent aussi récompenser leurs collaborateurs par des rémunérations attractives et des perspectives d’évolution rapides. Par exemple chez Deloitte, dont le cœur de métier est l’audit, le premier poste d’assistant auditeur ou de consultant junior est rémunéré entre 32 000 et 43 000 euros par an selon une grille de salaires établie en fonction des écoles dont les jeunes recrues sont issues. Un démarrage confortable d’autant que, au terme de la première année, les évolutions sont déjà possibles vers des fonctions d’encadrement. Dans ce cabinet réputé, la moitié des 700 jeunes diplômés qui seront recrutés cette année iront vers les filières d’audit ou, dans une moindre mesure, de conseil.«Nous embauchons en priorité nos anciens stagiaires, mais aussi des candidats qui ont déjà effectué un stage en conseil ou en audit dans une autre société, lors de deux vagues de sélection pour une intégration en octobre ou en janvier», précise Laetitia Aubert, responsable du recrutement. Avec pour eux, le cadeau de partir aussitôt en formation d’intégration durant deux semaines au soleil – cette année en Sicile. Histoire de forger d’emblée un bon esprit d’équipe avant que les nouveaux ne s’éparpillent en mission chez les clients.
Comment être recruté ?
Cette année chez Deloitte, les missions confiées aux jeunes collaborateurs seront notamment orientées vers les secteurs de la banque et de l’assurance, où les importantes évolutions en matière de normes comptables ou actuaires accroissent les besoins en têtes bien faites. Des secteurs d’activité en mutation qui, de fait, recrutent aussi en interne. «Dans les fonctions finance et trésorerie, les banques et les assurances sont à l’origine d’un tiers de postes ouverts», relève ainsi Pierre Lamblin, de l’Apec.
Le contrôle de gestion et le recouvrement particulièrement recherchés
Cependant, en dehors des Big Four et du secteur financier, fortement consommateurs de bataillons de jeunes diplômés, tous les secteurs sont à la recherche de spécialistes de la finance, notamment pour les fonctions contrôle de gestion. «Même dans une conjoncture incertaine, les besoins en matière de pilotage, de tenue précise des comptes restent. Y compris dans les sociétés non cotées», constate Romain Werlen, spécialiste des métiers de la finance au sein du cabinet de recrutement Page Personnel. Selon ce professionnel, les jeunes diplômés qui entament leur carrière par un poste de contrôleur de gestion peuvent aisément au terme des trois premières années prétendre à une évolution, soit en se positionnant en tant qu’experts dans des disciplines pointues telles que le reporting ou la consolidation, soit en évoluant en tant que généraliste aux postes de responsable administratif et finance ou adjoint du directeur administratif et financier. «Ce sont des parcours qui se font assez facilement dès lors que les stages effectués durant les études ont été cohérents avec l’objectif professionnel», précise Romain Werlen.
Moins prisés, les métiers du recouvrement ont également le vent en poupe, aux dires des professionnels. Une fonction stratégique destinée à améliorer la trésorerie des entreprises qui nécessite capacités d’analyse et sens du contact. «On cherche pour ces postes des jeunes diplômés avec une petite d’expérience, dans la trésorerie par exemple», souligne Romain Werlen. Il en va de même des postes de la comptabilité fournisseur dont les méthodes changent avec l’installation des ERP. «Celui qui connaît SAP et parle anglais couramment aura du travail dès demain», sourit le consultant.
VIE, un choix porteur
Les petites et moyennes entreprises peuvent à ce titre constituer des cibles privilégiées pour les jeunes diplômés. «En dehors des métiers et des filières les plus courus, je conseille aux étudiants de notre école de commerce de tourner leurs regards vers de jeunes sociétés, du type start-up, qui offrent des stages de fin d’études suivis d’embauches à des postes extrêmement intéressants. Il en va de même avec les PME et les ETI qui ont davantage de difficultés à recruter par manque de temps et de ressources dédiées, mais qui ont des postes en contrôle de gestion ou audit interne à pourvoir. Elles sont notamment très preneuses de jeunes qui maîtrisent parfaitement l’anglais», souligne Amélie Foucher-Dewavrin, responsable des relations entreprises de l’ISC à Paris. Pour convaincre ces entreprises de taille plus modeste de faire confiance à un jeune, les écoles incitent leurs étudiants à faire le choix du VIE.
Ce contrat spécifique de volontariat en entreprise, signé de façon tripartite avec Ubifrance, offre ainsi aux entreprises françaises l’opportunité de confier à un jeune de moins de 28 ans une mission professionnelle à l’étranger, durant une période modulable de 6 à 24 mois, et à moindre coût. Pour le jeune diplômé intéressé par une carrière internationale, ce biais peut être une opportunité unique de se créer un job sur mesure : «70 % des jeunes qui partent en VIE sont ensuite embauchés», relève Amélie Foucher. Le choix de l’international étant aujourd’hui non seulement un plus qui fait la différence, mais parfois la solution de repli dans des domaines où les embauches sont en berne en France. Ainsi, les spécialistes des marchés financiers auront avantage à chercher le job de leurs rêves en Allemagne, en Grande-Bretagne, au Luxembourg ou à Singapour. «85 % des diplômés de notre master financial markets ont signé un contrat à l’étranger, avec des salaires qui avoisinent les 60 000 euros hors primes à Londres ou à Genève !», observe ainsi Manuelle Malot, directrice prospective et carrière de l’Edhec business school qui propose quatre masters 2 dédiés aux métiers de la finance d’entreprise ou de la gestion des risques financiers.
Reste qu’au palmarès des jobs les plus recherchés à la sortie de leurs études, les financiers plébiscitent encore et toujours les métiers de la finance de marché. En dépit de la crise des subprimes qui a été à l’origine de vagues de départs massives et de sérieuses coupes dans les bonus.«Aujourd’hui, ces postes devenus plus rares en France sont tellement prisés que les candidatures affluent dans les mêmes proportions que pour les postes les plus en vogue du marketing. Il n’est pas rare que 700 CV arrivent pour une même offre», avertit Amélie Foucher. En conséquence, la place sera décernée au plus accrocheur, à celui qui dispose de réseaux et qui aura parfaitement peaufiné son parcours de préparation avec des stages bien orientés vers ce métier. Pas si simple…
Le salaire annuel des jeunes diplômés