Directions financières

Des perspectives d’embauche au beau fixe pour 2019

Publié le 14 décembre 2018 à 15h59    Mis à jour le 14 décembre 2018 à 17h24

Anne del Pozo

Au sein des directions financières d’entreprise, plusieurs métiers devraient continuer de profiter en 2019 d’une dynamique favorable en matière de recrutement et de salaire. Si le marché est actuellement favorable aux candidats, les sociétés tendent néanmoins à se montrer de plus en plus exigeantes quant aux compétences des postulants.

Cette année, les recrutements au sein des directions financières d’entreprise se sont inscrits dans une belle dynamique de croissance. Dans son guide des salaires 2019, Robert Half a en effet constaté une nette hausse des volumes d’embauches entre octobre 2017 et octobre 2018. Une tendance qui, selon plusieurs chasseurs de tête, devrait se poursuivre l’an prochain. Plusieurs facteurs soutiennent cette tendance. D’abord, de nombreuses entreprises manifestent la volonté de ré-internaliser certaines tâches, comme la comptabilité, afin de reprendre le contrôle sur ces activités. En outre, après avoir dématérialisé et digitalisé leurs processus, elles veulent accélérer en matière d’innovation en vue d’intégrer plus largement les nouvelles technologies, en particulier le big data et l’intelligence artificielle.

Les profils techniques plus plébiscités

De quoi les amener à rechercher chez les candidats des qualités sans cesse plus pointues. «Longtemps perçues comme une menace, la délocalisation mais également la dématérialisation et l’automatisation des tâches chronophages sont autant d’éléments contextuels qui ont au contraire modifié l’évolution des compétences requises pour les fonctions en finance d’entreprise et en comptabilité, constate Yann Durand, senior manager chez Fed Finance. Les capacités d’analyse et les compétences en IT sont ainsi de plus en plus plébiscitées et créent de nouvelles opportunités d’embauche.»

Dans ce contexte, les profils traditionnellement plus orientés IT et analytique, tels que les contrôleurs de gestion projets et systèmes d’information finance, tirent leur épingle du jeu. «Ils ont, par exemple, un rôle important à jouer dans les entreprises qui engagent une transformation digitale, précise Frédérick Martin, fondateur du cabinet de recrutement Talenance Executive Search et membre de la DFCG. Certaines sociétés créent d’ailleurs actuellement des postes de contrôleurs de gestion en charge des investissements IT, afin de s’assurer de la bonne allocation des ressources, de la mise en place des appels d’offres en lien avec ces investissements et les besoins de transformation du groupe. Leur profil mixe des compétences en finance, en conseil et en IT, mais surtout une capacité à communiquer et à piloter des projets.»

Les responsables comptables dotés d’expertises analytiques susciteront eux aussi un vif intérêt. «Les entreprises seront attentives à leur capacité à échanger avec les contrôleurs de gestion, afin notamment de fiabiliser au mieux l’information», précise Marc Rougé, manager executive senior chez PageGroup.

Une pénurie de candidats

Au-delà de ces expertises techniques, les recrutements dans les métiers de la finance seront également portés par le développement actuel des entreprises à l’international et l’évolution constante des contraintes réglementaires auxquelles elles sont dorénavant soumises. C’est notamment le cas des consolideurs qui, en 2019, resteront encore particulièrement convoités. Pour les directions financières, le défi de les attirer sera d’autant plus ardu que peu de financiers disposent de toutes les compétences nécessaires à l’exercice de ce métier : maîtrise des normes comptables internationales, capacité de compréhension et d’analyse des résultats, propension à accompagner l’entreprise sur de grandes opérations comme des fusions-acquisitions… «Ils sont et seront de plus en plus attendus sur leur expertise technique métier, leur niveau d’anglais et leur capacité à comprendre et à modéliser les impacts liés aux nouvelles normes internationales, et en particulier aux IFRS 16, applicables dès le 1er janvier 2019», souligne Marc Rougé.

Conscientes que le déséquilibre entre l’offre et la demande complique leurs projets de recrutement – 65 % des managers sondés par Robert Half estiment par exemple qu’il est plus difficile d’attirer des professionnels qualifiés qu’il y a cinq ans –, la plupart des entreprises entendent employer la politique salariale comme un levier d’attraction et de fidélisation. D’après le cabinet spécialisé, pour au minimum six embauches sur dix, deux tiers des entreprises qui cette année souhaitaient assurer le recrutement d’un talent ont augmenté leurs salaires. Une approche qui devrait perdurer en 2019.

Forte dynamique inflationniste des salaires

  • Sur les métiers de la finance en tension, les candidats sont à l’écoute du marché et se trouvent en position de force face aux recruteurs. «Alors que beaucoup de postes sont à pourvoir, nous constatons que les candidats tendent à négocier 10 % de plus sur leur salaire qu’il y a encore un an, précise Marc Rougé, manager executive senior chez PageGroup. Un constat également relevé par Fed Finance. Selon le cabinet de recrutement, en trois ans, un contrôleur de gestion ayant plus de cinq ans d’expérience est ainsi passé de 45 000/50 000 euros bruts annuels à 50 000/55 000 euros. Pour un responsable comptable, la fourchette moyenne s’inscrit dorénavant à 70 000/75 000 euros en intégrant notamment des bonus sur objectifs, contre 65 000/70 000 euros précédemment.
  • Ces évolutions de salaires varient cependant entre l’Ile-de-France et le reste du territoire. «Sur les profils rares qui demandent une expertise particulière, par exemple sur les normes comptables internationales, nous constatons actuellement en région une augmentation de 10 à 15 % des salaires, en particulier en Provence sur des sites tels que Sophia-Antipolis, qui hébergent de nombreuses start-up, observe Ludovic Bessière, business director France et Belgique du Cabinet Hayes et membre de la DFCG. En région parisienne, les augmentations sont plutôt de l’ordre de 7 à 12 %.» Pour autant, les différences de salaires entre Paris et les régions restent, à poste équivalent sur des fonctions d’encadrement, d’environ 15 %.

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