Société familiale qui s’emploie à défendre ses parts de marché en Europe et à en gagner à l’étranger, GL events a été réorganisée autour de trois métiers afin de garder sa cohésion. La direction financière, qui a également été restructurée, veille à améliorer le pilotage de l’entreprise dans le cadre de son développement.
L’aménagement des tentes et pavillons du G20 de Cannes en 2011, les stades temporaires des derniers Jeux olympiques à Londres (2012) ou encore les bureaux de la Fédération internationale du football au Brésil pour la prochaine Coupe du monde… tous portent la marque d’une ETI lyonnaise : GL events (809 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013). «En ligne avec notre stratégie, face à un marché européen mature où nous défendons nos positions, nous cherchons à adapter notre offre mais aussi à exporter de plus en plus notre savoir-faire», témoigne Frédéric Regert, directeur général adjoint finances et administration de GL events. Outre le symbole de ce nouveau bâtiment, l’entreprise et la direction financière ont été complètement réorganisées de manière à répondre plus efficacement aux différentes spécialités du groupe. Ainsi, GL events est passé de six entités à trois grands pôles en 2011 : «GL events Live» qui propose des solutions événementielles clés en main (411,4 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013), «GL events Venues» qui gère 37 sites événementiels dans le monde (236,2 millions d’euros) et «GL events Exhibitions» qui organise les 300 salons professionnels du groupe (161,5 millions d’euros de chiffre d’affaires).
Chacun de ces pôles ont des problématiques différentes. Par exemple, «Live» gère les événements conséquents, dit «jumbo events», de plus de 50 millions d’euros chacun, mais aussi des projets de marketing «corporate» comme les 100 ans de L’Oréal ou le lancement de la Citroën C4 Air Cross. «Venues», pour sa part, a un métier proche de la gestion immobilière et gère l’exploitation de grands centres comprenant des espaces événementiels, mais aussi, depuis quelques années, des hôtels et des bureaux. Enfin, le pôle «Exhibition» a pour mission de mettre en place des salons et de cloner à l’étranger ceux qui fonctionnent bien en France. Malgré cette réorganisation en trois grands pôles, le groupe reste tout de même très décentralisé, avec plus de 100 filiales (ou business units) très différentes, réalisant chacune entre 2 millions et 130 millions d’euros de chiffre d’affaires. «L’organisation de la direction financière reflète cette structure, explique Frédéric Regert. Elle colle aux trois métiers du groupe. Au niveau du terrain et des business units, elle repose sur des directeurs ou responsables administratifs et financiers de filiales et des responsables de contrôle de gestion. Dans leur business respectif, ils sont animés par les responsables de pôles qui s’appuient sur une douzaine de professionnels experts à la direction financière corporate du siège.»
Des contrôleurs de gestion garants de la rentabilité
Face à une telle décentralisation, à la fois géographique et professionnelle, le rôle des contrôleurs de gestion est en effet primordial. Les deux pôles «Venues» et «Exhibitions» sont dotés de responsables de contrôle de gestion, respectivement François Maes et Arnaud Cordier, chacun encadrant les responsables administratif et financier des filiales du métier. Le pôle «Live» est encadré par Priscilla de Kerviler, qui a été promue directrice du contrôle de gestion. Par sa taille, le pôle dispose en effet d’un organigramme plus large. En effet, il est composé de quatre divisions : «prestations de services» animée directement par Priscilla de Kerviler, puis «grands projets», «structures/tribunes» et «corporate». Ces trois dernières divisions sont gérées par trois responsables du contrôle de gestion, qui répondent directement au directeur général adjoint finance. «La nécessité conserver la proximité opérationnelle pour être au plus près des enjeux du groupe sur les grands projets internationaux et certains métiers stratégiques explique le maintien de ce management direct. Cela permet de garantir une transition en douceur, et de structurer dans la durée la nouvelle organisation enclenchée en 2011», précise Frédéric Regert.
En parallèle des trois grands pôles, ce dernier a tenu à mettre des personnes de confiance dans les pays où le développement de GL events est stratégique, comme en Afrique du Sud ou au Brésil (voir encadré). Dans ce pays, Frédéric Regert a nommé un responsable du contrôle de gestion, qui avait déjà fait ses preuves à plusieurs reprises sur des événements similaires, notamment lors des Jeux olympiques de Pékin en 2008 puis lors de la Coupe du monde de football en 2012. Ce dernier connaît donc à la fois bien les métiers du groupe GL events et possède les compétences nécessaires pour encadrer deux événements majeurs pour le groupe : la Coupe du monde de football cette année et les Jeux olympiques de 2016.«Je mise sur ces talents afin d’avoir des bras droits dans les régions stratégiques, poursuit Frédéric Regert. Je préfère prendre des profils de haut niveau, afin de pouvoir me reposer sur leur jugement et m’assurer que la direction financière contrôle bien ces événements clés, qui doivent représenter entre 50 et 100 millions d’euros de chiffre d’affaires par an pour le groupe.» Ainsi, ces contrôleurs de gestion très stratégiques réalisent une revue hebdomadaire, avec le directeur financier, auprès des membres du comité exécutif, et jouent le rôle de vigie dans des filiales, par ailleurs très indépendantes.
Un contrôle de gestion corporate en soutien
Au quotidien, les responsables de contrôle de gestion de pôle ou ceux de pays stratégiques travaillent en direct avec la direction financière corporate. «C’est grâce à l’expertise de cette dernière que nous pouvons apporter aux opérationnels un vrai pilotage de l’entreprise», annonce Frédéric Regert. Ainsi, si le département de contrôle de gestion corporate, emmené par Pascale Favre Margot, n’est composé que de deux personnes, ces dernières produisent le tableau de bord groupe à l’attention du comité exécutif, le budget et les reprévisions mais aussi l’aide au pilotage des pôles, afin de les challenger dans la tenue de leurs objectifs. «Nous nous assurons que chaque investissement crée de la valeur pour le groupe», précise Frédéric Regert. Depuis deux ans, la direction financière a mis en place un tableau de flux de trésorerie mensuel simplifié accompagné d’un ratio de rentabilité des capitaux engagés par business unit ainsi qu’un indicateur du niveau du carnet de commandes par pôle. Ils sont diffusés de manière automatique aux dirigeants. «Chaque métier possède ainsi un tableau de bord adapté, qui résume ses performances par rapport à nos enjeux financiers globaux, notamment celui de l’augmentation de la rentabilité des capitaux investis (ROCE)», poursuit Frédéric Regert.
Une direction de la comptabilité et de la consolidation plus efficace
Si la direction du contrôle de gestion est en charge des indicateurs de performances permettant de piloter l’entreprise, la direction de la comptabilité et de la consolidation, emmenée par Emmanuel Vidon, est en charge de la comptabilité de la holding et du reporting statutaire. Elle produit à ce titre les comptes trimestriels du groupe aux normes IFRS. Ces dernières années, le service a beaucoup travaillé à optimiser la production des chiffres, sous l’impulsion de Frédéric Regert. «Une de mes premières actions a été de mettre en place un centre de services partagés (CSP) à Brignais, l’ancien siège social lyonnais du groupe», témoigne ce dernier. Ce CSP gère la comptabilité et la paie de 50 filiales françaises et d’une filiale suisse, depuis 2010. Ainsi, le groupe clôt désormais ses comptes consolidés mensuels à J + 9, au lieu de 16 jours auparavant. Le chiffre d’affaires est diffusé en interne avec un délai de trois jours seulement, soit quatre fois plus rapidement qu’auparavant. De plus, lors d’acquisitions de nouvelles filiales, le groupe peut intégrer cette nouvelle entité en moins d’un mois sur le plan financier grâce à une comptabilité homogénéisée.«Cela a permis de gagner en efficacité et en réactivité tout en renforçant le pilotage d’un groupe fortement décentralisé», poursuit Frédéric Regert. Ce gain permet à la direction financière corporate de se concentrer sur l’expertise de ses membres, et donc sur sa valeur ajoutée. Afin d’améliorer encore la productivité, non seulement le CSP devrait englober de plus en plus de filiales mais la direction finance s’attaque également à un autre chantier d’envergure : celui d’un déploiement d’un ERP unique SAP qui permettra d’avoir une analyse matricielle très poussée des chiffres produits, et donc d’affiner encore les indicateurs de gestion.
Un besoin de conserver les ressources en fonds de roulement
Si un indicateur est suivi de près, c’est bien le nombre de jours moyen de délai de paiement client (DSO). Il s’agit de la mission de la direction du crédit client et assurances qui, si elle est composée seulement de deux financiers dont la directrice Marie-Pierre Bossard, a pour enjeu stratégique de gérer le risque client et de maintenir les ressources en fonds de roulement du groupe. En effet, GL events dispose d’un avantage puisque les clients paient pour un événement avant même que celui-ci n’intervienne et que le groupe ne règle ses fournisseurs. «Notre ressource en fonds de roulement est positive, de 96 millions d’euros en 2013, et je m’emploie à la maintenir», précise Frédéric Regert. Ainsi, les business units sont sensibilisées non seulement en recevant le DSO tous les mois, mais aussi en recevant chaque lundi la balance des crédits clients non échus. En cas de dérive, les contrôleurs de gestion des pôles proposent des mesures correctrices. La création du CSP a d’ores et déjà permis de benchmarker les performances financières des différentes business units et d’identifier les meilleures pratiques. En outre, tous les commerciaux du groupe sont désormais rémunérés en fonction du chiffre d’affaires encaissé et non plus celui facturé. En parallèle, cette direction est en charge des assurances pour l’ensemble du groupe. «La problématique des assurances est complexe, résume Frédéric Regert. En effet, il faut pouvoir assurer aussi bien une installation temporaire avec des tribunes et des milliers de spectateurs pendant des Jeux olympiques qu’un bâtiment classé au patrimoine historique comme le Palais Brongniart.» La centralisation des négociations permet d’apporter une expertise que ne peuvent avoir toutes les business units mais aussi d’optimiser les coûts non négligeables des assurances.
Une indépendance financière assurée par la direction de la trésorerie
La trésorerie positive, que s’emploie notamment à maintenir la direction du crédit client, est ensuite placée, principalement dans des Sicav monétaires et des certificats de dépôt. «Notre direction générale préfère qu’une centaine de millions d’euros soit en permanence placée, quitte à s’endetter par ailleurs. En effet, le fait de disposer de cette trésorerie nous a permis de conserver une grande flexibilité financière notamment pendant la crise», précise Frédéric Regert. Cette tâche incombe à la direction de la trésorerie, composée de deux personnes dont la directrice, Anne-Sophie Versaud. Cette direction est également en charge du cash pooling et des relations bancaires du groupe.«Nous avons des financements bancaires sous forme de club deals et de financements classiques avec nos partenaires historiques : CM-CIC, Crédit Agricole, Société Générale, HSBC et BNP Paribas», explique Frédéric Regert. A cela s’ajoutent les cautions qu’ils accordent à leurs clients et qui pourront être tirées par le client si la prestation est incomplète ou livrée en retard. Dans son ensemble, l’endettement net du groupe était de 263 millions d’euros à fin 2013. Cette dette bancaire comprend également un placement privé obligataire réalisé l’année dernière, sur lequel la direction financière a beaucoup travaillé. «Cet Euro-PP de 50 millions à échéance 2019 nous a permis de désintermédier une partie de notre dette tout en rallongeant sa maturité, poursuit Frédéric Regert. Après l’augmentation de capital de 71 millions d’euros réalisée fin 2012 avec l’entrée à hauteur de 10 % du capital du family office Sofina, nous avons trouvé les bons relais pour financer l’accélération de notre développement.»
Une montée en compétence de la direction financière
Outre ces opérations qui prennent beaucoup de temps au directeur général adjoint, ce dernier se concentre beaucoup sur le pilotage financier des événements d’envergure, de manière à surveiller la rentabilité de ces manifestations comme les G20 et G8 mais surtout de grands événements sportifs comme les Jeux olympiques de Londres (60 millions d’euros de chiffres d’affaires) et la prochaine Coupe du monde de football au Brésil cette année (plus de 65 millions d’euros de chiffre d’affaires). «Ces événements me conduisent à me déplacer très souvent, témoigne Frédéric Regert. Le Brésil étant un axe de développement fort, depuis l’acquisition d’une nouvelle filiale l’année dernière et la prise de concession d’un nouveau parc d’expositions à São Paulo, je suis sur place une semaine par mois.» Au total, il passe ainsi la moitié de son temps sur de tels événements. Pour autant, Frédéric Regert ne néglige pas non plus le quotidien et s’investit dans l’animation de son équipe. Il organise une réunion de service avec la direction financière corporate et les responsables du contrôle de gestion des divisions tous les mois. Mais surtout, il tente de faire monter en compétence la direction financière. A ce titre, il s’emploie à trouver des financiers de bon niveau, sur lesquels il peut s’appuyer. «Je demande à mes proches collaborateurs non seulement de remplir nos missions classiques d’administration mais aussi et surtout de contribuer au pilotage, c’est-à-dire d’accompagner les opérationnels en étant de véritables business partners tout en exerçant les missions de contrôle inhérents à notre fonction, explique Frédéric Regert. Je suis exigeant mais je recrute en conséquence de bons profils, issus de grandes écoles, étant idéalement passés par un cabinet d’audit et possédant déjà une expérience dans un grand groupe international.» Ainsi, plusieurs postes de directeurs financiers de filiales ont été créés récemment pour remplacer des profils plus spécialisés dans la comptabilité, afin d’impulser un changement vers le pilotage, notamment celui du cash.
Le parcours de Frédéric Regert, directeur général adjoint finances et administration
Diplômé de Sup de Co Montpellier et titulaire d’un DESCAF, option contrôle de gestion, Frédéric Regert (48 ans) a commencé sa carrière en tant que manager audit au sein du cabinet Deloitte & Touche en 1989. Six ans plus tard, il rejoint Renault Trucks, d’abord au poste de directeur adjoint contrôle de gestion groupe, puis comme directeur de projet SAP et organisation finance. En 2000, il rejoint le groupe Seb comme directeur de l’audit interne[MR2] et organisation groupe. Un peu moins de quatre plus tard, il est nommé directeur finance et contrôle de gestion Europe de l’Ouest. En octobre 2008, il est recruté par GL events au poste de directeur général adjoint finances et administration.
La croissance au Brésil doit être accompagnée par la direction financière
98 % ! C’est la croissance du chiffre d’affaires de GL events au Brésil en 2013. «Notre marge opérationnelle est d’environ 15 %, très supérieure à ce que nous pouvons escompter en Europe», ajoute Frédéric Regert, directeur général adjoint finance. Cette croissance tire alors les performances du groupe. En effet, l’entreprise a fortement parié sur ce pays et a même acquis récemment une filiale d’événementiel locale pour s’imposer. Il a également obtenu deux importantes concessions et a remporté l’appel d’offres pour la Coupe du monde. Mais la direction financière doit également limiter les risques des investissements du groupe dans ce pays.
- A São Paulo, le groupe a obtenu la concession d’un parc d’expositions pour 30 ans. L’investissement de 100 millions d’euros pour moderniser les bâtiments et porter la surface d’exposition de 30 000 à 100 000 mètres carrés, afin de dégager un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros par an en rythme de croisière. «Depuis 2007, nous avons pu prouver que le retour sur capital employé au Brésil est bon, témoigne Frédéric Regert. Cependant, il ne fait que refléter le niveau de risque avec une économie émergente certes prometteuse mais une devise chahutée et des taux d’intérêts en hausse (+ 350 pb en un an).»
- A Rio, le groupe avait obtenu en 2007 en concession un autre parc d’exposition, le «Rio Centro», pour une durée de 50 ans. Il est proche du stade principal pour la prochaine Coupe du monde de football et au cœur du futur complexe olympique. «Afin d’augmenter la rotation de nos actifs, nous avons aménagé dans le parc 10 000 mètres carrés de bureaux qui sont loués par le comité d’organisation, poursuit Frédéric Regert. Nous hébergeons également au Rio Centro le “Broadcast Center” de la Coupe du monde, nœud névralgique de l’ensemble des diffusions nationales et internationales.»
- Pour la Coupe du monde de football, GL events installe les espaces réceptifs VIP sur l’ensemble des villes, les aménagements temporaires de certains stades, les zones presse ou les accueils sponsors. Chacun des 12 stades représente un marché potentiel de 30 à 40 millions de réals, soit près de 150 millions d’euros au total. Pour remporter les appels d’offres, la direction financière a dû fortement s’impliquer, notamment dans le cadre des enchères inversées, qui consiste à apporter la meilleure offre en termes qualité prix en réponse à un cahier des charges. «Sur la base des prérentabilités, nous devions connaître le seuil de prix de vente à ne pas franchir afin d’optimiser nos marges, tout en proposant un dossier attractif, explique Frédéric Regert. Les financiers se sont fortement impliqués auprès des opérationnels afin de calculer au mieux les prévisions du coût de revient mais aussi afin d’apprécier les risques liés à chaque marché.» En effet, le groupe doit souvent, dans ce genre de projet, apporter à son une caution bancaire pour lui donner la garantie que le service sera bien délivré. L’ingénierie financière comprend aussi l’étude de l’investissement en nouveau matériel ainsi que la dimension fiscale du pays.
Les partenaires de la direction financière
Banques
GL events s’appuie un club deal de cinq banques : CM-CIC, Crédit Agricole, Société Générale, HSBC et BNP Paribas. Le groupe recourt également, de manière complémentaire, aux services de BPCE. Enfin, il sollicite son pool bancaire en France ou à l’étranger, pour obtenir des cautions à offrir en garantie sur des grands projets.
Commissaires aux comptes
Les commissaires aux comptes du groupe viennent de voir leurs mandats renouvelés. Mazars est en charge des comptes internationaux et le cabinet lyonnais Maza-Simoens s’occupe principalement des comptes français. «Cela fait des années que ces cabinets travaillent avec nous, témoigne Frédéric Regert, directeur général adjoint finances et administration. Ils comprennent les spécificités de nos trois métiers.»
Avocats
Le groupe fait souvent appel aux cabinets Delsol et Willkie Farr, notamment pour les contrats de délégation de service public ou les appels d’offres. «Pour les grands événements à l’étranger, nous cherchons à nous appuyer sur des compétences locales, complète Frédéric Regert. Cela permet d’avoir une meilleure compréhension des subtilités liées aux contrats mais aussi de la fiscalité.»