Directions financières

L’anglais, un prérequis pour faire carrière ?

Publié le 15 avril 2022 à 15h19

Chloé Consigny    Temps de lecture 6 minutes

Quelle que soit la taille de l’entreprise et du secteur d’activité, la langue anglaise s’est imposée au sein des équipes des directions financières. Si les anglicismes sont parfois perçus comme un gage de professionnalisme par ceux qui les emploient, les fonctions finances sont loin d’être toujours bilingues. Tout dépend de l’internationalisation de l’entreprise et de sa taille.

L’anglais est aujourd’hui la langue officielle de la finance d’investissement. Quel que soit le pays depuis lequel il opère, un opérateur de marché passe ses ordres en langue anglaise. Une convention internationale qui implique à chaque financier de maîtriser les rudiments de l’anglais. Il doit être à même de comprendre et d’échanger des informations rapidement. En finance d’entreprise, la maîtrise de l’anglais n’est pas fondamentale, à conditions toutefois de ne pas souhaiter faire carrière au sein d’un grand groupe international.

Un niveau de base présupposé

« En finance, certains termes sont aujourd’hui entrés dans le langage courant des collaborateurs et ceci quel que soit leur niveau d’anglais. Au sein des directions financières, tous les experts savent ce que signifie cash-flow ou cut-off. Par ailleurs, les candidats bac + 2 à bac + 5 possèdent tous des notions d’anglais, ne serait-ce que par leur cursus scolaire et universitaire », explique Stéphanie Foti, directrice associée du cabinet de conseil en recrutements et gestion de ressources humaines ID Search. Si ce niveau basique est présupposé, tous les recruteurs ne demandent pas aux candidats un bon niveau d’anglais. « Il faut bien avoir à l’esprit que la maîtrise de l’anglais va nécessiter de réévaluer le salaire. Aussi, au sein des PME de tailles moyennes qui n’ont aucun rapport avec l’international, les annonces de postes de comptabilité générale ou encore de comptabilité fournisseurs ne font pas mention d’une maîtrise de l’anglais », poursuit Stéphanie Foti. Pour un poste en comptabilité ou contrôle de gestion, un candidat maîtrisant l’anglais se verra proposer un salaire de 2 à 5 % supérieur à celui proposé à un candidat unilingue. « En comptabilité gestion au sein de PME qui ne sont pas dotées d’une dimension internationale, il n’y a pas d’obligation à maîtriser l’anglais et il est tout à fait possible de faire carrière sans. En revanche, dès qu’un professionnel intègre une entreprise cotée ou une entreprise non cotée mais dotée de filiales à l’international, la maîtrise de l’anglais devient indispensable », constate Pierre Casanova, corporate finance professor et head of MSc Corporate Finance, Kedge Business School.

Une norme au sein des grands groupes

Au sein des entreprises de plus grande taille, une maîtrise de l’anglais est, en revanche, requise, voire indispensable. « Lorsque je travaillais chez Alcatel, le langage d’usage du groupe, y compris pour les fonctions comptables, était l’anglais. Aujourd’hui au sein du groupe Daher, alors que le business de l’entreprise est davantage tourné vers la France, l’usage reste l’anglais », constate Jean-Philippe Grégoire, group finance director de l’équipementier dédié aux systèmes industriels pour l’aéronautique Daher, qui précise que tous les contrats de service sont rédigés en langue anglaise. De même, les procédures sont rédigées en anglais. « La règle en interne, c’est qu’à partir du moment où un interlocuteur qui ne maîtrise pas le français se trouve dans la boucle, nous interagissons en anglais. » Ainsi, bon nombre de réunions ou de visioconférences se tiennent en langue anglaise.

Comment mesurer la maîtrise de la langue anglaise ?

Il existe plusieurs outils pour mesurer le niveau d’anglais d’un collaborateur. 

  • Outre les certifications TOEIC (Test of English for International Communication) et TOEFL (Test Of English as of Foreign Langage), souvent demandées à l’entrée d’une école de commerce, en cours de carrière, les salariés sont généralement évalués selon la classification du Cadre européen de référence en langage (CECRL). 
  • Les niveaux d’anglais du CECRL varient entre A1 et C2. Le niveau A1 est le niveau de base permettant de communiquer et d’échanger des informations de manière simple. C2 est le niveau le plus élevé. Il implique notamment de savoir traiter des sujets complexes en langue anglaise et d’être à même d’utiliser la langue à bon escient, notamment dans le cadre de négociations.

Un « must have » pour faire carrière

Pour évoluer dans les grands groupes et atteindre des postes à responsabilité, l’anglais est aujourd’hui un passage obligé. Ainsi, si à l’embauche, le niveau demandé n’est pas un niveau bilingue, tout candidat au sein d’une direction financière doit être à même de comprendre un document et d’échanger des informations de base en anglais. « C’est un peu moins vrai pour les fonctions comptables France qui sont en charge de la comptabilité sociale », tempère Jean-Philippe Grégoire. Des fonctions telles que responsables comptables nécessitent en revanche une maîtrise a minima de l’anglais, ne serait-ce que pour la maîtrise des normes IFRS internationales. Pour d’autres fonctions, à l’instar du contrôle de gestion, la maîtrise de la langue de Shakespeare est aujourd’hui indispensable. « Il ne me semble pas possible pour un contrôleur de gestion qui évolue dans un grand groupe à l’heure actuelle de ne pas maîtriser l’anglais », poursuit Jean-Philippe Grégoire. Pour cette typologie de postes, les grands groupes ont d’ailleurs pris pour habitude de rédiger les offres d’emploi à la fois en langue française et en langue anglaise.

«Dans les grands groupes, des fonctions telles que responsable comptable nécessitent une maîtrise a minima de l’anglais, ne serait-ce que pour la compréhension des normes IFRS internationales. »

Jean-Philippe Grégoire Group finance director ,  Daher

Des formations de plus en plus tournées vers l’international

Pour accompagner les jeunes dans leur évolution de carrière, désormais de nombreuses formations académiques sont dispensées en langue anglaise. « Le master corporate finance de Kedge Business School dispense ses cours en anglais. Cela s’explique notamment par le fait que nous ayons beaucoup d’étudiants internationaux, mais aussi et surtout car l’ambition de cette formation est de préparer les futurs diplômés à leurs carrières. Même pour ceux qui souhaitent rester en France, la maîtrise de l’anglais est importante. Les cabinets d’audit et de conseil, à l’instar de KPMG ou encore d’EY, requièrent de bons niveaux de maîtrise de la langue », explique Pierre Casanova, avant de souligner : « Plus on monte dans la hiérarchie au sein des fonctions corporate finance, plus un bon niveau d’anglais est requis. Par exemple, un directeur financier qui évolue au sein d’un grand groupe sera amené à réaliser des acquisitions, à plancher sur des techniques de valorisation d’une cible. Des opérations qui se font très souvent en langue anglaise. La corporate finance permet d’aller au-delà de la comptabilité. Pour aller au-delà de la comptabilité, il est nécessaire de maîtriser l’anglais. » Pour ces jeunes diplômés ayant évolué dans un contexte international durant leurs études, le salaire à l’entrée oscille entre 38 000 et 45 000 euros, en fonction des zones géographiques où se situe leur premier emploi.

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