Les professionnels des directions financières ont été plus nombreux à bénéficier d’une part variable en 2016, même si le poids de cette dernière dans leur rémunération reste limité. Celui-ci pourrait toutefois augmenter en 2017 au vu des bonnes perspectives sur le marché de l’emploi.
A l’inverse des banquiers et des gérants d’actifs, les directeurs financiers n’ont pas vu leur rémunération variable remise en cause cette année. Au contraire, alors que sont en ce début d’année versés les bonus au titre de l’exercice 2016, les professionnels des directions financières en ont largement bénéficié. «De nombreuses entreprises ont mené l’an passé des projets structurants, tels que des ouvertures de filiales ou des rachats de sociétés, relève Sylvie Haldi, senior manager chez Robert Half. Ces chantiers ont accru le périmètre d’intervention des directions financières et ont exigé de leur part parfois plusieurs mois de travail pour réaliser notamment les due diligences. Pour les récompenser de leur implication, les entreprises n’ont donc pas hésité à leur verser des rémunérations variables.» En moyenne, toutefois, les niveaux de bonus sont restés relativement stables par rapport aux pratiques de l’année précédente. D’après les chasseurs de têtes, ils peuvent représenter entre 5 % et 30 % de la rémunération globale. Mais, selon le dernier baromètre annuel des rémunérations publié par Option Finance, un tiers des responsables financiers dispose d’une part variable inférieure à 10 %.
En revanche, le nombre de directions financières qui en bénéfice – environ trois sur quatre actuellement – a continué à croître progressivement. «Nous observons une systématisation de cette pratique, confirme Laurent de Bellevue, directeur associé chez Robert Walters. Des dirigeants qui avaient pour habitude de ne pas verser de rémunérations variables aux départements financiers qu’ils considéraient comme des fonctions support ont commencé à le faire l’an passé.» En effet, ils se sont rendu compte que leur entreprise perdrait autrement en attractivité. «Par exemple, certaines PME familiales n’accordaient jusqu’à présent aucune rémunération variable car elles connaissaient un faible turn-over, ne recrutaient pas et n’étaient donc pas au courant des tendances en matière de rémunérations variables, observe Sylvie Haldi. Mais, dès lors qu’elles ont commencé à rechercher des profils extérieurs, elles se sont confrontées aux exigences des candidats habitués à se voir proposer des packages et ont donc dû s’adapter aux pratiques du marché.»
Cette tendance s’inscrit dans la continuité d’un phénomène initié il y a quelques années seulement. «La démocratisation du versement de rémunérations variables aux financiers d’entreprises a commencé à partir de 2014 lors du début de la reprise de l’activité économique», note Laëtitia Quatrevaux, senior manager au sein de la division finance chez Hays.
Des objectifs liés à la réalisation de projets
Malgré la généralisation de cette forme de rémunération, elle peut parfois encore être attribuée de manière discrétionnaire. «Par exemple, certaines start-up ayant procédé à leur introduction en Bourse l’année dernière ont récemment distribué des bonus exceptionnels aux effectifs de la direction financière qui y ont participé», relève Sylvie Haldi. Mais, dans la plupart des cas, la méthode de versement est davantage formalisée. Les entreprises s’appuient alors sur deux critères principaux. D’abord, le paiement des bonus dépend des performances financières de l’entreprise. Ensuite, il est attaché à des objectifs individuels fixés selon le profil du professionnel. «Alors que par le passé, ces deux critères étaient pris en compte de manière équilibrée, les objectifs individuels comptent à présent généralement à hauteur de 75 % dans le calcul de la part variable, estime Sylvie Haldi. Les entreprises cherchent ainsi à rendre le bonus plus incitatif dans la mesure où il dépend d’éléments sur lesquels les professionnels des directions financières peuvent agir directement, comme la réduction des coûts ou la renégociation des frais bancaires.»
Plus récemment, une dimension collective est venue s’ajouter à ces critères individuels. «Les rémunérations variables reposent de plus en plus sur des objectifs attachés à la réalisation de projets en équipe, relève Laëtitia Quatrevaux. Ceux-ci peuvent concerner la capacité à mettre en place de nouveaux outils ou à rationaliser des process. Certains directeurs financiers ont par exemple bénéficié de bonus pour avoir contribué à la dématérialisation des process avec leur équipe.»
Des versements différés
La plupart du temps, ces directeurs financiers perçoivent leur part variable en une seule fois, en début d’année. Mais de nouvelles pratiques de versement commencent à émerger. La rémunération variable peut être différée pendant plusieurs années quand elle est conditionnée à la réussite de projets de long terme. «Les salariés peuvent par exemple percevoir l’équivalent d’un an et demi de salaire à l’issue d’un projet de quatre ans», relève Laëtitia Quatrevaux. Si les financiers doivent alors attendre plus longtemps, ils peuvent en revanche bénéficier d’un bonus plus élevé.
Cette année, celui-ci devrait continuer d’afficher un niveau attractif et pourrait même progresser. «Nous observons depuis fin 2016 et début 2017 une bonne dynamique sur le marché de l’emploi, souligne Mikaël Deiller, directeur des divisions finance et comptabilité chez Michael Page. En particulier, les demandes commencent à se multiplier pour des postes d’encadrement au sein de directions financières. Alors que le rapport de force était jusqu’à présent plutôt favorable aux employeurs, cette tendance pourrait jouer en faveur des salariés et ainsi conduire à accentuer la part de rémunération variable comme levier d’attractivité.» Davantage sollicités, les candidats à des postes au sein des directions financières pourraient dans ce contexte accroître leurs prétentions salariales.
Des candidats à la recherche d’autres types d’avantages
- Outre le niveau des rémunérations variable et fixe, les candidats à un poste au sein d’une direction financière prêtent de plus en plus attention aux autres formes de rémunération. «Les entreprises leur proposent notamment de bénéficier de plans d’intéressement et de participation, note Laurent de Bellevue, directeur associé chez Robert Walters. Elles leur offrent également des avantages en nature. Environ un directeur financier sur deux a ainsi bénéficié d’une voiture de fonction au titre de l’exercice 2016.»
- Les financiers d’entreprise font en outre preuve d’exigences en matière de reconnaissance de la fonction finance au sein de la société. «Les candidats cherchent à intégrer des entreprises disposant d’une forte culture financière, observe Sylvie Haldi, senior manager chez Robert Half. Ils apprécient en effet d’être écoutés par la direction générale et de se voir attribuer un rôle élargi au sein de la direction financière.»
- Enfin, des exigences d’ordre organisationnel viennent souvent s’ajouter à ces critères. «Les membres de direction financière qui changent de poste cherchent à obtenir davantage de flexibilité dans l’organisation de leur travail, relève Laëtitia Quatrevaux, senior manager au sein de la division finance chez Hays. Depuis peu, les candidats s’enquièrent notamment de leurs possibilités à bénéficier de jours de télétravail.»