Recrutement

Le marché de l’emploi devrait repartir pour les directions financières

Publié le 31 janvier 2014 à 18h03    Mis à jour le 24 juillet 2014 à 16h04

Alexandre Rajbhandari

Peu de création de postes, des rémunérations qui stagnent… le marché du recrutement des fonctions finances n’a pas été aussi dynamique qu’espéré en 2013. Néanmoins, plusieurs signaux positifs, en fin d’année dernière, permettent d’espérer un rebond pour 2014.

Après une année 2012 morose, les professionnels du recrutement dans les directions financières espéraient une meilleure activité en 2013. Or, force est de constater que l’année a été moins prometteuse qu’annoncée. «Certes, le nombre de nos missions a augmenté par rapport à 2012, mais en l’absence de reprise économique durable, les employeurs ont limité leurs embauches», explique Johann Van Nieuwenhuyse, directeur senior chez Michael Page. En conséquence, non seulement le nombre de mandats de recrutements a peu augmenté, mais ces derniers correspondaient, en majorité, à des remplacements, et non à des créations de postes. «En 2013, nous estimons qu’environ les trois quarts de nos missions concernaient uniquement des postes laissés vacants par des départs», témoigne ainsi Bruno Fadda associate director chez Robert Half. En effet, les entreprises ont dû maîtriser leurs budgets, et ont cherché en priorité à recruter pour remplir des missions indispensables aux directions financières. Elles ont donc reporté à plus tard la décision d’étendre les compétences de leur direction financière.

Des salaires qui ont stagné en 2013

Les économies budgétaires ont également eu un impact sur l’évolution des rémunérations. Alors qu’un changement de poste est généralement l’occasion de négocier son salaire à la hausse, l’exercice s’est révélé plutôt difficile en 2013. «Quel que soit le type de poste, les candidats n’ont pas pu bénéficier d’augmentation réelle en changeant d’employeur, confie Marina Baillon, senior manager de la division finance chez Robert Walters. Face à ce constat, nous avons préféré mettre en avant la qualité du poste et les perspectives d’évolution, plutôt que la rémunération proposée.»

En effet, l’année dernière, les salaires à l’embauche pour les fonctions de management intermédiaire n’ont progressé que de 1 à 2 % tout au plus. Et au plus haut de la fonction finance, certains candidats – qui n’étaient déjà plus en poste lors de leur recherche d’emploi – ont même été amenés à faire des concessions sur leurs prétentions salariales. «Cette année, plusieurs directeurs administratifs et financiers ont ainsi dû revoir leurs exigences, et concéder une baisse comprise entre 10 000 et 20 000 euros de leurs revenus fixes annuels», souligne pour sa part Bruno Fadda. Par ailleurs, à plus forte raison, les salariés qui ne changent pas d’employeurs n’ont pas vu leurs revenus augmenter non plus. «Certaines personnes qui ont conservé le même poste au sein des directions financières n’ont pas connu de revalorisation de leur salaire depuis trois ans, témoigne ainsi Johann Van Nieuwenhuyse. Désormais, afin de faire évoluer leur carrière, et, si possible, de bénéficier d’une augmentation – aussi minime soit-elle – ces financiers recherchent de plus en plus de nouvelles opportunités sur le marché du travail.»Ainsi, la politique salariale raisonnée en vigueur depuis quelques années dans les entreprises pourrait pousser les potentiels candidats à surmonter leur aversion au risque, ce qui relancerait le marché de l’emploi des fonctions financières.

Des postes tournés vers le développement de l’activité

Cette perspective, plutôt optimiste, est d’autant plus plausible que les derniers mois de l’année 2013 ont été marqués par plusieurs signaux positifs. D’un point de vue global, les entreprises semblent en effet se préparer au retour de la croissance, et recrutent en conséquence. Ainsi, le marché des cadres en général est devenu plus dynamique qu’auparavant. «Nos homologues ont remarqué une augmentation du nombre de recrutements et de créations de postes en marketing ou en ventes, témoigne ainsi Johann Van Nieuwenhuyse. Or, généralement, après avoir renforcé ces équipes opérationnelles, les employeurs cherchent ensuite à recruter des cadres financiers en back-office, pour soutenir leur activité.»

D’ailleurs, les mandats portant sur des fonctions en direction financière ont déjà commencé à remonter sensiblement en puissance en fin d’année, et ces derniers concernaient principalement des postes tournés vers le développement de l’activité des entreprises. «Contrairement à l’année dernière, où nous travaillions principalement sur des recrutements de consolideurs ou de chefs comptables, nous avons remarqué une augmentation de la demande pour des profils de contrôleur de gestion spécialisés dans le marketing ou la gestion de projets, explique Johann Van Nieuwenhuyse. De même, les profils seniors qui affichent une expérience en fusions-acquisitions sont également particulièrement demandés pour les postes de directeurs administratifs et financiers.»

Surtout, cette orientation vers l’avenir particulièrement encourageante se double d’un attrait pour l’étranger : les entreprises françaises confirment leur intérêt pour des investissements hors de l’Hexagone. «Les opportunités à l’international se sont multipliées pour les métiers de la finance, témoigne Marina Baillon. Souhaitant s’établir à l’étranger pour y trouver de nouvelles sources de croissance, les entreprises ont cherché des professionnels de la finance dans l’optique de réussir cette implantation. Ce type de mandat de recrutement a représenté entre 20 et 30 % de notre activité sur l’ensemble de l’année 2013.»

Une reprise de la demande en directeurs administratifs et financiers

Mais surtout, de l’avis des chasseurs de tête, le signe avant coureur le plus encourageant d’une reprise du marché de l’emploi est l’augmentation très récente du nombre de mandats de recrutements de directeurs administratifs et financiers. «Alors que ces derniers ont été les grands absents du marché en 2013, nous avons remarqué une hausse de la demande pour ce type de postes sur les derniers mois, et le mouvement se poursuit en début d’année, explique Bruno Fadda. Il est certes trop tôt pour pouvoir parler de tendance, mais nous comptons beaucoup sur ce regain de dynamisme pour 2014.» En effet, si ce sursaut tardif venait à se prolonger durablement, l’ensemble du marché de l’emploi dans les directions financières pourrait en bénéficier. L’arrivée d’un nouveau directeur financier s’accompagne généralement d’une réorganisation de son département. A la clé, les chasseurs de tête espèrent donc l’apparition d’une vague de recrutements et de créations de postes pour tous les types de fonctions au sein des directions financières. Cet éventuel rebond d’activité pourrait également se concrétiser par un retour de la hausse des salaires. S’ils l’espèrent, les professionnels du recrutement préfèrent toutefois rester prudents. Tout dépendra en effet de l’existence ou non d’une reprise économique, et de son ampleur.

Les délais de recrutements devraient enfin baisser

Bonne nouvelle pour les candidats : les processus d’embauches devraient enfin se raccourcir. Ce qui mettrait fin à un allongement régulier de ces derniers, que tous les professionnels du recrutement ont pu observer après la crise de 2008. En effet, depuis lors, les entreprises se sont montrées particulièrement prudentes. Souvent, entre quatre et cinq collaborateurs internes étaient impliqués dans les processus de sélection. «Les employeurs ont consacré beaucoup plus de temps et de ressources aux embauches, afin d’être sûrs du profil qu’ils allaient recruter, confirme Marina Baillon. Il a été fréquent de constater que les candidats ont pu être convoqués jusqu’à six fois par divers interlocuteurs internes».

Ainsi, sauf pour les cadres débutants qui sont embauchés rapidement, les délais pouvaient durer jusqu’à deux voire trois mois en 2013, quel que soit le type de poste en direction financière. Néanmoins, les candidats se montrent moins patients qu’auparavant sur le sujet, et ont profité d’un marché un peu plus porteur sur les derniers mois de l’année. «La lenteur de ces prises de décisions a même pu provoquer la fuite de certains financiers vers des entreprises plus opportunistes et donc plus réactives», témoigne ainsi Marina Baillon. Cette tendance devrait se généraliser si l’activité du marché de l’emploi pour les fonctions finances repartait en 2014. Les sociétés auront alors intérêt à accélérer leurs processus internes pour convaincre les meilleurs profils de les rejoindre.

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