Gestion d’actifs

Les certificats, une formation à recommander

Publié le 12 mai 2017 à 9h44    Mis à jour le 12 mai 2017 à 17h17

Anaïs Trebaul

Pour faire évoluer ou valider leurs compétences, les gérants d’actifs sont de plus en plus nombreux à passer des diplômes venant compléter leur cursus académique. Plusieurs certificats professionnels répondent à cette demande et sont, pour leurs titulaires, un réel accélérateur de carrière, aussi bien en termes de rémunération que d’accès à un réseau professionnel.

Difficile pour les professionnels de la gestion d’actifs de s’y retrouver parmi l’ensemble des diplômes spécialisés sur leurs métiers. Néanmoins, nombreux sont les financiers à vouloir compléter leurs compétences à travers un certificat spécialisé en dehors du cursus académique classique. S’il est recommandé de passer ces diplômes rapidement après la sortie des études, la plupart des candidats y accèdent pourtant après quelques années d’expérience professionnelle.

Une certification obligatoire

Ce cas de figure est valable pour les certificats optionnels comme le CFA (Chartered Financial Analyst), le CIIA (Certified International Investment Analyst, diplôme de la Sfaf, Société française des analystes financiers) et le Pram (programme asset management, délivré par l’AFG, association française de la gestion financière). En revanche, pour la certification AMF, le caractère obligatoire de ce diplôme pousse les professionnels de la gestion d’actifs, même les plus juniors, à l’obtenir rapidement. En effet, son obtention est une condition incontournable pour exercer plusieurs professions. «Depuis juillet 2010, la “certification AMF” est exigée pour les personnes exerçant certaines fonctions identifiées sous l’autorité ou pour le compte de prestataires de services d’investissement (les vendeurs de produits financiers, les négociateurs d’instruments financiers, etc.)», explique Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants de l’AMF. Au sein des sociétés de gestion, cette obligation concerne notamment plusieurs métiers, comme les responsables de la conformité et du contrôle interne et les gérants qui sont habilités à prendre des décisions d’investissement.

Dans les faits, ces financiers ont six mois pour acquérir cette validation des compétences. Pour l’obtenir, les candidats peuvent faire vérifier leurs connaissances via des épreuves organisées en entreprise ou dans d’autres structures (écoles, centres de formation…).

Des diplômes recommandés

Mais si la plupart des professionnels de la gestion d’actifs disposent de la certification AMF, ces derniers demeurent nombreux à vouloir la compléter par un autre diplôme professionnalisant. Le CFA, le CIIA ou même le Pram sont également reconnus par les recruteurs et disposent de nombreux points communs. Ils valident tous des compétences en analyse financière nécessaires pour exercer un métier dans la gestion d’actifs (évaluation d’entreprise, stratégie financière, déontologie, produits dérivés…), mais aussi pour d’autres professions en direction financière par exemple. Par ailleurs, ces examens, réalisés essentiellement sous format de QCM, peuvent être financés par l’entreprise du candidat.

En revanche, leur préparation demande du temps.

«La préparation du CFA nécessite de nombreux sacrifices, avertit Nina Lagron, gérante chez La Française et titulaire du CFA depuis 2007. En plus de mes heures de travail, j’ai étudié pendant au moins 300 heures chacun des trois niveaux.» Du côté du CIIA et du Pram, leur préparation demande généralement moins d’autonomie puisque des enseignements en présentiel peuvent être dispensés, mais ils requièrent tout de même une grande implication de la part des candidats. «La formation au CIIA se déroule dans les locaux de la Sfaf, sur environ 350 heures de cours réparties sur 18 mois», précise Hubert de Charsonville, secrétaire général de la Sfaf. Mais cet apprentissage est au final bénéfique pour les diplômés.

Des avantages à la clé

En effet, outre de solides connaissances en finance, ces certificats fournissent plusieurs avantages. Leurs titulaires s’accordent à dire que l’entraînement à ces examens leur a donné une meilleure capacité d’adaptation. «La préparation au CFA nous apporte des connaissances complémentaires à un master, notamment en déontologie et approfondit celles déjà vues pendant nos études, précise Nina Lagron. De plus, cela m’a permis d’être beaucoup plus à l’aise techniquement et de trouver des solutions aux problèmes rencontrés très rapidement, ce qui est essentiel dans le métier de la gestion d’actifs.»

En outre, les cours en présentiels du Pram et du CIIA permettent aux candidats d’avoir des retours d’expérience concrets.«L’un des principaux atouts de la formation du CIIA réside dans ses cas pratiques plus opérationnels qu’une formation académique, puisqu’elle est délivrée par des professionnels expérimentés», explique Cédric Fouché, directeur financier délégué d’Agrica Epargne et titulaire du CIIA depuis 2011. Les anciens candidats se félicitent également du réseau auquel ils ont accès. «Le CFA m’a ouvert à un réseau professionnel international avec lequel je suis régulièrement en contact, notamment via les conférences et formations continues qui y sont organisées», souligne Nina Lagron. Par ailleurs, quel que soit le certificat obtenu, chacun offre à ses diplômés des évolutions de rémunération intéressantes. «Nous avons constaté une hausse de 15 % de la rémunération de nos diplômés l’année qui suit l’obtention du Pram, ainsi qu’une forte mobilité des candidats», relève Christophe Laurentie, secrétaire général de l’AFG.

En revanche, chaque certificat a ses propres caractéristiques. Le CFA est davantage tourné vers l’international que les certifications concurrentes. «Etant délivré par 148 pays dans le monde et basé sur les standards comptables et financiers internationaux, ce diplôme est un réel plus pour ceux qui souhaitent travailler à l’étranger ou au sein de groupes internationaux, explique Myriam Ferran, présidente de CFA Society France. Par exemple, il est plus facile de faire valoir le CFA à Singapour qu’un master en finance.» Par ailleurs, le CFA permet un meilleur respect des règles déontologiques.«Ses titulaires doivent signer un code d’éthique tous les ans prouvant qu’ils s’engagent dans des démarches responsables dans leurs missions, poursuit Myriam Ferran. Un comité de discipline qui s’assure du suivi du code d’éthique de CFA Institute peut retirer ce certificat au titulaire dans le cas où ce dernier déroge à ces règles.»

Le CIIA dispose quant à lui d’une forte reconnaissance en France. «Après huit ans d’expérience professionnelle, j’ai souhaité devenir gérant de fonds, mais l’obtention du CIIA était la condition sine qua non exigée par mon employeur pour évoluer à ce poste», précise Cédric Fouché. Des certificats optionnels qui semblent pourtant être un passage obligé pour atteindre des fonctions prisées.

De nombreux prétendants aux certifications

  • La certification AMF étant obligatoire, elle est celle qui regroupe le plus de postulants. «On estime à plus de 100 000 personnes le nombre de professionnels ayant répondu aux obligations de vérification des compétences minimales depuis 2010. Leur nombre progressera encore, précise Claire Castanet, avec l’élargissement des professions ciblées. Par exemple, les conseillers en investissements financiers (CIF) sont soumis à cette obligation depuis janvier seulement.»
  • Concernant les certifications optionnelles, le nombre de candidats diffère fortement. Le CFA suscite un plus grand intérêt de la part des entreprises et des candidats. «Nous avons eu 3 546 postulants en 2016, et ce nombre est en progression constante (+10 % par an en moyenne)», estime Myriam Ferran. A l’inverse, le CIIA compte environ 430 diplômés depuis son ouverture en 2004 et le PRAM en dénombre 177 depuis 2011. Pour capter davantage de candidats, la SFAF souhaite attirer les étudiants. «Depuis le début de l’année, nous proposons aux élèves de mastères en finance de Neoma Business School et de l’Université Aix-Marseille de passer le diplôme du CIIA en bénéficiant d’équivalence partielle, explique Hubert de Charsonville. En outre, nous sommes en discussion avec d’autres écoles de renom pour y développer ces partenariats.» De quoi accélérer le déploiement des certificats professionnels pour les jeunes diplômés.

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