Nombreux sont les financiers parisiens qui souhaitent trouver un emploi en province. Si les offres y sont nettement moins nombreuses, cela ne doit pas pour autant décourager les candidats. En effet, l’année 2016 a été marquée par une hausse des recrutements en finance dans certaines régions. Certains métiers et profils y sont activement recherchés.
Trouver un poste financier en dehors de Paris : c’est possible ! Si en 2016, 59 % des recrutements de cadres en finance, comptabilité, contrôle de gestion et audit se sont concentrés sur l’Ile-de-France, certaines régions françaises ont vu leurs embauches progresser fortement. Ainsi, les recrutements dans ces métiers en PACA ont augmenté de 37 % en 2016, de 31 % en Occitanie et de 29 % dans les Pays de la Loire, selon les données de l’Apec (voir graphique).
Si les propositions d’embauche en finance existent, il convient au préalable de bien connaître les spécificités du marché de l’emploi en région. Tout d’abord, le partage des offres entre les différents métiers présents au sein des directions financières est globalement semblable à celle de Paris. «Les offres en comptabilité (50 %), contrôle de gestion (30 %) responsables financiers (15 %) se répartissent de manière assez semblable à ce que l’on observe dans la région parisienne, illustre Pierre Moulin, manager finance & comptabilité chez Hays à Rennes. En revanche, contrairement à l’Ile-de-France, les offres d’emplois plus spécialisés sont moins répandues. «Les métiers dans l’audit interne et la trésorerie représentent environ 5 % des offres en province, contre 15 % à Paris», poursuit Pierre Moulin. En effet, les postes de trésoriers et consolideurs y sont moins recherchés.
«Les directions cherchent à conserver leurs trésoriers comme ils sont rares sur le marché du travail», précise Grégory Garcia-Bratti, directeur régional Grand Sud-Ouest chez Badenoch & Clark et Spring. Par exemple, en 2016, nous n’avons pas recruté un seul trésorier sur la région bordelaise.» Par ailleurs, d’autres différences sont à noter sur les recrutements par type de postes. Comme à Paris, les offres de métiers comptables sont nombreuses et les candidats plus rares. Mais, à la différence de la région parisienne, les contrôleurs de gestion industriels sont activement recherchés et les candidats moins fréquents. «Dans le Sud-Est, nous recherchons actuellement principalement des directeurs et responsables comptables et des contrôleurs de gestion industriels et commerciaux», indique Augustin Fournier, manager exécutif senior chez Michael Page pour la région Sud-Est.
Bien cibler les domaines porteurs
Outre la recherche par métier, les candidats en quête d’un poste en province peuvent aussi se concentrer sur les secteurs dynamiques et les grandes entreprises qui offrent, de par leur taille, davantage de possibilités. En effet, si la plupart des sièges sociaux en France sont basés dans le bassin parisien, certains d’entre eux demeurent localisés en région. Leurs fonctions financières peuvent donc devenir une source d’emploi potentielle vers laquelle axer ses recherches. Dans certaines zones, des secteurs sont fortement représentés. Par exemple, dans l’Ouest (Bretagne, Normandie), les entreprises agroalimentaires offrent de réelles opportunités, alors que dans le Nord, la grande distribution ouvre davantage de possibilités. «On y retrouve beaucoup de sièges sociaux d’enseignes de distribution et de textile, comme Auchan, Decathlon, Leroy Merlin, Pimkie, etc.», souligne Nicolas Ghislain, directeur de la région Nord de Fed Finance. En outre, plusieurs sociétés cotées se situent dans le Sud-Est : Rhône-Alpes et PACA sont les deux régions où elles sont les plus présentes, derrière l’Ile-de-France, avec respectivement 146 et 62 entreprises cotées. Ainsi, en région PACA, plusieurs d’entre elles sont tournées vers les secteurs pharmaceutiques et cosmétiques, comme Naturex, Stratorius, Innate Pharma, l’Occitane…
En outre, l’activité des entreprises dans certaines zones devrait grimper dans les années à venir. «La durée de trajet sur la ligne Paris-Bordeaux va être raccourcie, passant de 3 heures à 2 heures en juillet prochain, souligne Grégory Garcia-Bratti. Cela a déjà commencé à attirer certaines entreprises à venir s’implanter dans la région, notamment celles spécialisées dans les services.» Il en est de même pour la Bretagne, dont le trajet de train en provenance de Paris sera également réduit d’une heure à partir de cet été.
Répondre aux spécificités des entreprises locales
Toutefois, bien axer ses recherches ne suffit pas, les candidats doivent également répondre aux exigences des entreprises provinciales. En termes de compétences, leurs demandes sont similaires à celles des recruteurs en Ile-de-France. En effet, les entreprises de taille moyenne s’internationalisent de plus en plus et requièrent des compétences linguistiques qu’elles n’exigeaient pas auparavant. «Les PME qui atteignent le niveau d’une ETI doivent souvent se développer à l’international pour accroître leur chiffre d’affaires», prévient Augustin Fournier. En outre, de même qu’à Paris, les compétences en système d’information, comme le paramétrage des outils d’analyse financière et des systèmes ERP, sont fortement sollicitées.
De plus, bien que l’activité au sein des régions puisse être différente de celle des entreprises parisiennes, les candidats venant de la capitale ont tout à fait leurs chances. D’abord, la concurrence est moins importante. «En moyenne et tout métier financier confondu, nous recevons environ 45 candidatures pour un même poste au sein d’une grande ville dans le Sud-Ouest, contre seulement 30 pour une offre en zone rurale», relève Grégory Garcia-Bratti. Ensuite, ils correspondent au profil recherché. «En 2016, environ 40 % des personnes embauchées pour des fonctions financières provenaient de la région parisienne», continue Grégory Garcia-Bratti. En effet, ces Parisiens à la recherche d’un poste en province correspondent souvent au profil type recherché par les entreprises, à savoir une personne avec une dizaine d’années d’expérience. C’est pourquoi, même si le nombre de candidats reste élevé par rapport au nombre de postes proposés, les spécialistes restent confiants. «Un bon candidat peut généralement trouver en deux mois environ le poste qu’il recherche, quelle que soit sa spécialité», relève Nicolas Ghislain.
Néanmoins, ces derniers doivent préalablement bien préparer ce projet. Si la qualité de vie pousse souvent les financiers de la région parisienne à rejoindre la province, ces derniers ne doivent pas oublier que leur salaire reculera également. «Il faut compter environ 10 à 15 % de baisse de rémunération pour le même poste entre la région Nord-Ouest et Paris ; ainsi, un contrôleur de gestion avec cinq ans d’expérience peut espérer entre 40 000 et 45 000 euros par an dans cette région, indique Pierre Moulin. En revanche, pour des profils plus “experts”, comme les consolideurs et les auditeurs internes, cet écart est moindre, par exemple, un trésorier avec cinq ans d’expérience peut obtenir entre 45 000 euros et 50 000 euros bruts annuels.» En outre, les spécialistes constatent une baisse de l’écart salarial avec la région parisienne. «Il y a une dizaine d’années, les salaires dans le Sud de la France étaient environ 20 à 25 % moins élevés qu’à Paris, contre entre 12 et 15 % aujourd’hui», rappelle Augustin Fournier. Avec des loyers qui peuvent être divisés par deux ou trois selon les régions, l’intérêt des cadres financiers à mener une carrière en province ne devrait donc pas faiblir.