Bien que les embauches dans la finance démarrent timidement, les cabinets de recrutement attendent une reprise dynamique en ce début d’année. Selon Fed Finance, en 2025, les entreprises ne se contenteront plus de pourvoir des postes vacants. Elles investiront et miseront sur des profils aux compétences critiques pour renforcer leur compétitivité et leur innovation dans un marché en constante évolution. « Les perspectives d’embauche dans la finance sont assez positives malgré les incertitudes économiques et politiques actuelles », précise Camille Steau, talent director chez Robert Half.

Une croissance qui devrait notamment profiter aux CDI. D’après une enquête Hiring, les intentions d’embauches en CDI pour le premier semestre 2025 devraient globalement progresser de 7 %. Une tendance également constatée dans les métiers de la finance, pour lesquels les recrutements en CDI sont de nouveau assez porteurs, après une année 2024 en demi-teinte. « L’année dernière, le contexte économique et politique national et international a en effet pesé sur les activités et le chiffre d’affaires de nombreuses entreprises qui, pour beaucoup, ont préféré jouer la carte de la prudence en termes de recrutement, souligne Ophélie Dekein, consultante en recrutement chez Fed Finance. De même, l’impact des JO sur certaines activités a conduit à un gel des recrutements en CDI dans plusieurs entreprises, favorisant plutôt le recours à l’intérim ou aux contrats temporaires. » Après avoir ainsi marqué le pas en 2024, les recrutements en CDI de comptables et financiers repartent à la hausse en ce début d’année.

Des créations de postes en hausse

Selon Robert Half, 38 % de ces recrutements en CDI porteront sur des créations de postes au premier semestre 2025, en croissance de 8 points par rapport au semestre précédent, et 52 % sur des maintiens de postes. « Nous constatons notamment des créations de postes au sein des entreprises en transformation ou sous LBO, précise Camille Steau. Par exemple, nous avons été mandatés pour recruter un directeur comptable dans une entreprise de paysagisme sous LBO, qui souhaitait homogénéiser les pratiques et systèmes comptables entre ses différentes filiales, et ajouter une strate supplémentaire entre la direction générale et les opérationnels sur le terrain. De même, pour une entreprise du sport sous LBO, nous avons été sollicités pour recruter un responsable comptable sur une création de poste, afin qu’il mette en place une comptabilité analytique et pilote l’équipe comptable et que le DAF puisse pour sa part se concentrer sur la stratégie de croissance externe. Nous avons également de nombreuses demandes de recrutement pour des créations de postes de credit management, une fonction clé pour la gestion du cash et le pilotage de la trésorerie, notamment au regard du contexte actuel. Enfin, l’internationalisation des entreprises et la multiplication des normes et des réglementations favorisent aussi les recrutements en CDI de contrôleurs de gestion, d’auditeurs internes et de consolideurs. » Globalement, face à la conjoncture actuelle, les entreprises cherchent actuellement à mieux anticiper les risques et à optimiser leurs finances. « Les profils d’analystes FP&A (Financial Planning & Analysis) et d’experts en gestion de trésorerie devraient donc aussi être recherchés par les entreprises cette année », précise Ophélie Dekein. En revanche, les fonctions plus généralistes comme les assistants comptables « pourraient, pour leur part, être impactés par l’automatisation croissante des tâches administratives », relève la consultante.

Parallèlement, les cabinets de recrutement s’attendent également à une croissance des contrats temporaires en 2025 (CDD et intérim). Selon Fed Finance, les recrutements en intérim ou en mode projet devraient progresser de 4 % cette année par rapport à 2024 dans les divisions finance des entreprises. « Ils permettent aux entreprises de s’ajuster à l’incertitude économique du moment », poursuit Ophélie Dekein. Cette année, ces contrats temporaires permettent certes de remplacer les collaborateurs en congé maladie ou parental mais aussi d’accompagner la croissance d’activité. « En 2025, le recours au CDD ou à l’intérim restera néanmoins surtout utilisé pour le maintien de postes vacants, dans 44 % des cas (en progression de 2 points par rapport à 2024) », précise Camille Steau.

Une forte demande des missions en management de transition

Le management de transition, pour sa part, devrait poursuivre sur sa dynamique de croissance initiée depuis plusieurs années maintenant. « Ces contrats sont particulièrement bien adaptés à la fonction financière, souligne Sophie Macieira Coelho, directrice de mission Luxe & Retail chez Delville Management. Les missions en management de transition en finance représentent d’ailleurs 33 % de notre activité. » La demande pour ces profils est renforcée par le contexte d’incertitude du moment, mais également face à l’augmentation des risques de défaillance d’entreprises. Les sujets de pilotage du cash, de la maîtrise des dépenses et d’optimisation de la performance sont plus que jamais les priorités des entreprises et portent la demande des managers de transition pour des fonctions de DAF, de contrôleurs de gestion ou encore de consolideurs. Certaines entreprises ont également besoin de cadres financiers pour gérer des missions de retournement ou de restructuration. Les managers de transition dans la finance seront également plébiscités cette année pour accompagner les projets de mise en conformité réglementaires des entreprises, et en particulier ceux liés à la réforme sur la facturation électronique et la CSRD. Parallèlement, les entreprises continuent de s’appuyer sur les managers de transition pour la mise en place de projets de gestion prévisionnels, de business intelligence et analytics ou encore de trésorerie. « Nous observons aussi une augmentation de la demande de financiers technophiles avec des compétences sur SAP notamment pour mener à bien des projets de migration vers SAP S/4 Hana », poursuit Sophie Macieira Coelho.

Si le CDD est une typologie de contrat plutôt réservée à des fonctions moins capées et pour des remplacements temporaires, le manager de transition est pour sa part recherché pour sa capacité à remplir des missions spécifiques et pour son expérience en gestion de crise et en pilotage de projet. Recruté pour une mission précise et une durée généralement déterminée, il a un objectif à atteindre et peut rester focalisé sur la création de valeur pour son organisation. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles le management de transition dans la finance est certes prisé par les entreprises mais aussi par les financiers qui ont acquis plusieurs années d’expérience.