Cette année, les entreprises ont repris leurs embauches dans les directions financières. Les candidats sont désormais en position de force pour négocier. Parmi les métiers les plus sollicités et les mieux rémunérés figurent ceux de contrôleur de gestion et de responsable comptable.
Les embauches s’élèvent à des niveaux record dans les métiers de la finance d’entreprise et de la comptabilité. «En 2017, les recrutements ont atteint leur niveau le plus élevé depuis des années, estime Laurent de Bellevue, directeur associé chez Robert Walters, un cabinet de recrutement. Nous retrouvons le rythme d’embauches d’avant la crise de 2008, grâce à une amélioration des perspectives économiques et au besoin des entreprises de renouveler, voire de renforcer, leurs équipes de professionnels de la finance, après des années de restrictions.»
Les chasseurs de têtes ont parfois même du mal à trouver des candidats. «Les professionnels expérimentés de la finance d’entreprise et de la comptabilité sont très sollicités, ils reçoivent souvent plusieurs offres d’embauche. Aussi, les entreprises doivent-elles désormais se montrer attractives en termes de perspectives de carrière, d’environnement de travail, et de rémunération pour réussir à recruter. Les candidats sont maintenant en position de force», juge Bruno Fadda, directeur de Robert Half Finance et Comptabilité. C’est le bon moment pour ceux qui souhaitent changer d’emploi de passer à l’acte.
Dans ce contexte, certains postes sont particulièrement sollicités par les entreprises. Le cabinet de recrutement Robert Half qui vient de publier un classement de ces métiers les plus attractifs et les mieux rémunérés les surnomme les «jobs en or». Dans la finance figure, en tête, le poste de contrôleur de gestion.
Le contrôleur de gestion très sollicité
«Les contrôleurs de gestion sont actuellement très recherchés afin d’aider les directions des entreprises à avoir plus de visibilité pour se développer et investir, à mieux anticiper les risques, constate Bruno Fadda, de Robert Half Finance et Comptabilité. Le métier a évolué. Au-delà de l’élaboration de budgets et de “reportings”, le contrôleur de gestion accompagne de plus en plus les dirigeants dans la prise de décision.»
Dans la famille des métiers du contrôle de gestion, le contrôleur de gestion industriel a particulièrement la cote, selon Robert Half. Disposant de compétences techniques pointues, il pilote un ou plusieurs sites de production. Il calcule les prix de revient, élabore les indicateurs de performance et intervient dans les décisions d’investissement. Les entreprises sont en quête de professionnels expérimentés, disposant d’au moins cinq ans d’expérience de terrain. «Les contrôleurs de gestion industriels sont souvent diplômés d’une école de commerce. Les profils d’ingénieurs qui ont complété leur formation par un troisième cycle en finance-gestion sont plus rares mais particulièrement appréciés», indique Bruno Fadda. Le salaire brut annuel moyen d’un contrôleur de gestion industriel disposant d’au moins cinq ans d’expérience s’élève à environ 50 000 euros. Très sollicité, ce métier est d’autant plus attrayant qu’il peut permettre d’évoluer vers le contrôle de gestion central, ou vers un poste de contrôleur financier, voire de directeur financier du site de production.
Le contrôleur de gestion central, qui dépend de la direction financière du groupe, est également très courtisé. «Nos clients nous sollicitent beaucoup pour ce poste, notamment les grandes entreprises qui ont besoin d’avoir d’autant plus de visibilité qu’elles misent sur une fusion ou une acquisition», souligne Laurent de Bellevue, de Robert Walters. Ce contrôleur de gestion «corporate» qui analyse les informations financières d’une entreprise travaille main dans la main avec la direction. Concernant le profil recherché, le candidat doit avoir au moins cinq à dix ans d’expérience, dans l’audit ou le contrôle de gestion. La rémunération brute annuelle s’élève alors de 60 000 euros à 70 000 euros.
Le responsable comptable a la cote
Parmi les autres «jobs en or», figure celui de responsable comptable. «Il y a toujours une très forte demande, notamment des PME, pour des responsables comptables», constate Bruno Fadda, de Robert Half. Les entreprises ont besoin de comptables et de responsables pour les encadrer. Cette demande est d’autant plus forte qu’elles doivent remplacer une partie de leurs équipes qui part à la retraite et ont du mal à recruter, la comptabilité peinant à attirer les talents. Des candidats ayant dix ans d’expérience, en cabinet d’expertise comptable ou en tant que comptable d’entreprise, sont très sollicités, surtout s’ils parlent bien anglais. Ils peuvent espérer un salaire brut annuel de 50 000 euros dans une PME et de 50 000 à 80 000 euros dans une entreprise de taille intermédiaire (ETI), de plus de 250 salariés.
Enfin, certains métiers financiers très pointus sont également recherchés. C’est notamment le cas des trésoriers. «Nous sommes confrontés à une très forte demande de trésoriers et les entreprises n’hésitent plus à se mettre en quête de profils plus juniors dans ce métier», constate Laurent de Bellevue. Les trésoriers qui travaillent dans les entreprises réalisant plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires sont jugés plus que jamais stratégiques alors que la gestion du «cash» devient essentielle. La rémunération brute annuelle d’un trésorier disposant de 3 à 6 ans d’expérience s’élève entre 45 000 et 65 000 euros.
Les consolideurs sont également très sollicités et difficiles à recruter. Ces professionnels qui travaillent dans les grands groupes, analysent et consolident les données de leurs filiales. «Les consolideurs sont très peu nombreux, et il est donc très dur de les embaucher et de les fidéliser», indique Laurent de Bellevue. Il s’agit d’experts ayant travaillé dans des équipes de consolidation, souvent après une première expérience dans l’audit. En position de force, ils peuvent prétendre à des salaires élevés, de l’ordre de 80 000 euros brut par an pour des professionnels disposant de plus de dix ans d’expérience.
Dans ces professions très recherchées, il n’y a pas de doute : les candidats ont les cartes en main, et les recruteurs doivent tenir compte de cette réalité.
Reprise des recrutements de directeurs financiers
Après des années de restrictions, les embauches de directeurs financiers ont repris, au compte-gouttes. «Nous avons recruté plusieurs directeurs financiers cette année pour le compte de nos clients, notamment dans des PME», souligne Bruno Fadda, de Robert Half. «Les PME ont désormais plus de moyens pour embaucher un directeur financier, ou un responsable administratif et financier», confirme Laurent de Bellevue, de Robert Walters.
Les postes sont plus rares, et difficiles à trouver, dans les grands groupes où les candidats à ce métier de «top management» sont plus nombreux. Les fusions et rapprochements entre les entreprises, qui se sont multipliés cette année en France, ont toutefois créé des opportunités, se soldant par des renouvellements de comités de direction. Certains profils sont alors privilégiés. «Pour trouver un poste dans un grand groupe, le directeur financier doit disposer d’une spécialisation, en fusion-acquisition par exemple, et d’une expérience internationale», estime Laurent de Bellevue.