La morosité économique continue de peser sur les embauches des directions financières. De l’avis général des spécialistes du recrutement, les fonctions finance ont limité leur recherche de candidats externes au cours des derniers mois, et se montrent encore prudentes aujourd’hui. Dans ce contexte peu porteur, certains métiers tirent cependant leur épingle du jeu. Il s’agit pour la plupart de postes de spécialistes, souvent difficiles à combler en interne. Ainsi, l’un des profils les plus recherchés à l’heure actuelle est celui de trésorier. Son rôle est en effet jugé essentiel par les entreprises dans une période où la sécurisation et la gestion de la liquidité sont primordiales. Mais l’environnement économique n’est pas la seule raison de cette augmentation de la demande. Celle-ci s’explique également, en effet, par des causes structurelles. «Les besoins des entreprises sont actuellement renforcés par les départs à la retraite d’un certain nombre de directeurs trésorerie et financement, explique Marina Baillon, senior manager finance chez Robert Walters. En effet, ces postes sont souvent occupés par des professionnels expérimentés qui, étant en fin de carrière, doivent être remplacés.»

En revanche, si la demande est en hausse, l’offre demeure relativement limitée. «Les entreprises souhaitent remplacer leurs directeurs trésorerie et financement par des candidats affichant une expérience d’une quinzaine d’années minimum», note-t-elle. En termes de rémunération, cette rareté des profils ne bénéficie pas spécialement aux financiers en poste, mais ces derniers peuvent toutefois bénéficier d’une augmentation salariale s’ils changent d’employeur.

Le contrôle de gestion social se développe

Le contrôle de gestion fait également partie des métiers qui font l’objet de l’attention des entreprises. «Face au manque de visibilité, le suivi des budgets et le contrôle des coûts, qui sont au cœur des missions des contrôleurs de gestion, sont d’une importance stratégique», explique Sylvie Haldi, senior manager chez Robert Half. A tel point que la maîtrise des dépenses s’applique également au recrutement de ces professionnels, et les entreprises préfèrent approcher des profils plus jeunes, qui affichent entre trois et huit ans d’expérience dans cette même fonction. «Nos clients misent sur des candidats qu’ils formeront sur le long terme, plutôt que des candidats expérimentés, pour des raisons de coût», précise Sylvie Haldi. Là encore, les demandes des directions financières tendent à se concentrer sur des compétences très précises. «Nous notons par ailleurs une montée en puissance de la demande sur des postes en contrôle de gestion sociale», remarque Sylvie Haldi.

Enfin, un dernier métier occupe une place importante dans les mandats des recruteurs. Sans surprise, il s’agit de celui de consolideur.«Structurellement, il y a très peu de candidats sur le marché alors que la demande dans les directions financières est constante, explique Johann Van Nieuwenhuyse, directeur senior chez Michael Page. Nous sommes toujours quasiment en pénurie de tels profils.» Toutefois, à l’heure actuelle, les professionnels de la consolidation prêts à changer d’employeur se font rares, principalement par aversion au risque en temps de crise. En outre, les directions financières se montrent particulièrement exigeantes en termes de profils, et recherchent des professionnels qui affichent une ancienneté comprise entre sept et dix ans, et qui, outre leur bonne maîtrise technique, savent également communiquer avec un public non expert, plus particulièrement avec les autres directions des entreprises. Cet attrait pour les spécialistes, lié en partie au contexte économique morose, devrait se poursuivre en 2014, d’après les cabinets de recrutement. Néanmoins, ces derniers commencent à recevoir des demandes plus larges. Celles-ci portent notamment sur des postes de contrôleurs financiers prêts à travailler à l’étranger, principalement dans les marchés émergents. Mais, surtout, les mandats de recrutement de directeurs administratifs et financiers sont de retour, laissant anticiper des mouvements en chaîne au sein des fonctions finance.