Salle de marchés d'entreprises

Les places sont chères !

Publié le 9 mai 2014 à 12h02    Mis à jour le 24 juillet 2014 à 15h33

Arnaud Lefebvre

En France, une vingtaine d’entreprises françaises seulement disposent d’une salle des marchés afin de gérer notamment leurs risques de taux et de change. Des opportunités existent néanmoins pour les candidats qui souhaitent intégrer ces équipes. A condition toutefois, pour ces derniers, de savoir dénicher les postes vacants et, surtout, de bénéficier d’une solide expérience dans la gestion des opérations financières.

«Sur les quinze dernières années, nous avons dû être mandatés trois fois pour recruter un collaborateur de salle des marchés d’entreprise.» Cette anecdote, racontée par le responsable d’un cabinet spécialisé, a certes de quoi refroidir les ardeurs de candidats à de telles fonctions ! Il est vrai que le nombre de sociétés disposant d’une salle des marchés en France se cantonne à une vingtaine – c’est, par exemple, le cas de Total, GDF Suez, EDF, Danone, Orange, LVMH, Sanofi ou encore Nexans. Pour autant, plusieurs d’entre elles prévoient, dans les prochains mois, de recruter des collaborateurs afin de pallier des départs. Des opportunités qui impliqueront toutefois, pour les candidats, de savoir dénicher les offres, tant ces dernières restent le plus souvent confidentielles (voir encadré).

De rares recrutements en sortie d’école

Compte tenu de la taille restreinte des équipes composant les salles des marchés d’entreprise, comprises le plus souvent entre cinq et quinze personnes, de tels mouvements sont par nature assez limités. En outre, ils sont réservés, pour l’essentiel, à des profils confirmés. «Dans la mesure où les transactions réalisées en salle des marchés impactent significativement les états financiers de la société, l’expérience du candidat constitue un prérequis, témoigne Edouard Cazaugade, directeur du contrôle de trésorerie de Sanofi et ancien responsable de la salle du groupe pharmaceutique. Ainsi, nous ciblons principalement des personnes expertes des stratégies de couverture et de l’exécution de ces opérations depuis au moins cinq ans.» Dans ce cas de figure, le choix se porte soit sur des collaborateurs exerçant des fonctions financières dans le groupe – au sein notamment de la direction de la trésorerie –, soit, lorsque les compétences ne sont pas disponibles en interne, sur des spécialistes occupant un poste similaire dans une autre entreprise ou dans une banque.

Si l’ensemble des directeurs de salle des marchés cherchent à s’entourer d’une équipe plutôt chevronnée, le critère de l’expérience peut toutefois se révéler modulable en fonction du poste à pourvoir et de la politique de la société en matière de recrutement. «Chez Orange, nous avons déjà recruté des collaborateurs juniors, qui sortaient de l’école ou n’avaient travaillé que durant deux ou trois ans dans des cabinets d’audit», signale Hervé Labbé, directeur de la salle des marchés et des études macroéconomiques de l’opérateur téléphonique. Ces candidats peuvent prétendre postuler à des postes de «middle office» et ils sont en charge du calcul de la valorisation des portefeuilles de produits dérivés, de la réalisation des tests d’efficacité ou encore de la préparation des informations lors des clôtures de comptes. Ils ne doivent néanmoins pas être totalement novices. «Il convient de maîtriser a minima les notions abordées en salle de marché, telles que les swaps ou les contrats forward, précise Hervé Labbé. Dès lors, le fait d’avoir effectué un stage dans ce milieu constitue un véritable atout.» A défaut, l’aspirant devra faire valoir une expertise dans certaines disciplines prisées dans les salles des marchés, comme les mathématiques ou les normes comptables propres aux produits dérivés.

De plus, au-delà du bagage technique, plusieurs qualités sont recherchées chez les postulants, parmi lesquelles la capacité de remise en question après la réalisation d’une opération. «L’intégrité du candidat, c’est-à-dire sa faculté à respecter à la lettre les procédures internes, représente également un critère fondamental», prévient Edouard Cazaugade. Enfin, l’aptitude à canaliser le stress est jugée essentielle, en particulier pour les opérateurs en charge de la gestion du risque de change, qui sont soumis à une volatilité importante des marchés.

Des rémunérations parfois plus intéressantes qu’en banque

Compte tenu de la diversité des profils qu’hébergent les salles des marchés des sociétés non financières, les rémunérations versées à leurs collaborateurs fluctuent en fonction du niveau d’expérience et du poste occupé. «Chez nous, les salaires sont compris dans une fourchette allant de 40 000 euros, pour les profils les plus juniors, à 100 000 euros par an, pour les plus expérimentés, indique un responsable de salle des marchés. Selon la pertinence des positions prises dans le cadre d’opérations de couverture, une prime annuelle de quelques milliers d’euros peut venir compléter ces revenus.»

Considérées par un autre responsable de salle des marchés comme «substantielles» en comparaison des rétributions octroyées dans les autres métiers de la direction financière, ces rémunérations se révèlent notamment attractives pour des banquiers exerçant des tâches analogues. «Pour les postes les plus seniors, ces derniers sont très recherchés car ils maîtrisent parfaitement les opérations effectuées en salle des marchés, constate Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half France. Toutefois, dans la mesure où celles-ci sont moins variées et où elles portent sur de moindres volumes, les entreprises ont davantage de difficultés à attirer cette catégorie de candidats. Le meilleur moyen pour y parvenir consiste donc à leur offrir une rémunération supérieure à celle qu’ils perçoivent en banque.» Alors que les principales banques de financement et d’investissement sont engagées dans un programme de réduction de leurs effectifs, la concurrence pour pourvoir les postes prochainement vacants dans certaines salles des marchés d’entreprise promet donc d’être sévère.

Des offres rarement rendues publiques

A l’exception des offres à destination de stagiaires, les postes à pourvoir dans les salles des marchés d’entreprises font rarement l’objet d’une communication publique. Une situation qui découle de deux facteurs. D’une part, le recrutement en interne est assez souvent privilégié. «Chez Sanofi, les volumes annuels traités par la salle des marchés s’élèvent à environ 200 milliards d’euros, explique Edouard Cazaugade, ancien responsable de cette dernière. Compte tenu de ces enjeux importants, il est appréciable de s’appuyer sur des collaborateurs ayant déjà fait leurs preuves dans le groupe.» D’autre part, les profils de banquiers sont particulièrement recherchés lors de recrutements externes. «Or les responsables de salle des marchés d’entreprises sont en contact permanent avec leurs partenaires bancaires, signale Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half France. C’est un excellent moyen pour eux de cibler les candidats qui les intéressent.» De ce fait, le phénomène de cooptation est assez répandu.

Pour autant, les directeurs de salle des marchés des grands groupes assurent qu’il leur arrive de recruter des candidats via des canaux plus traditionnels. Ainsi, des embauches récentes de ce type faisaient suite soit à l’envoi d’une candidature spontanée, soit à une réponse à une annonce postée sur le compte Twitter de la société.

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