Les recruteurs utilisent de plus en plus souvent les réseaux sociaux, que ce soit pour y poster des annonces, ou pour «chasser» directement des candidats potentiels. Il faut dire qu’ils offrent de nombreux avantages.
A-t-on déjà tenté de vous débaucher sur les réseaux sociaux ? Si vous avez été trésorier, consolideur, directeur financier ou encore contrôleur de gestion industriel, c’est fort probable, ou, du moins, cela ne saurait tarder.
Depuis environ cinq ans, le recours à ce genre de support pour recruter des nouveaux collaborateurs a fortement progressé. «L’utilisation des réseaux sociaux est en effet devenue un réflexe pour chaque recherche de candidat, observe Marie-Laure Collet, présidente de Kalicea (Calder, Abaka et MyJob.Company). Désormais, plus de la moitié de nos recrutements se font grâce aux réseaux sociaux. » Parmi les sites les plus utilisés, LinkedIn figure en tête de liste. «Avec la possibilité de poster des offres d’emploi détaillées et son vivier de candidats potentiels, LinkedIn a réussi à supplanter presque tous les sites de recrutement traditionnel remarque Marie-Laure Collet. Twitter, où seuls des messages courts peuvent être diffusés, est encore davantage utilisé comme un réseau de communication.» Il faut dire aussi que LinkedIn a également profité de la disparition progressive de Viadeo pour élargir son nombre d’utilisateurs.
«Auparavant, nous utilisions Viadeo pour le recrutement de postes intermédiaires, comme les métiers comptables, qui étaient davantage représentés sur ce réseau, rappelle Cyril Eaton, associé chez Lobster.Désormais, avec les difficultés rencontrées par ce réseau social, on assiste peu à peu à un transfert de ces profils vers LinkedIn, qui initialement attirait uniquement ceux ayant des fonctions plus élevées (directeur financier, credit manager, contrôleur de gestion…), ou exerçant à l’étranger».
Des annonces en ligne
Pour les recruteurs, cette activité sur LinkedIn se traduit d’abord par la mise en ligne d’annonces. «Sauf si la société souhaite que l’offre d’emploi reste confidentielle, nous publions régulièrement les offres d’emploi que nous recevons de nos clients», indique Aude Boudaud, Senior Manager Finance chez Robert Walters. Généralement, ce sont avant tout les annonces des postes pour lesquels les recruteurs peinent le plus à trouver des candidats qui sont publiées.«Nous publions avant tout des annonces d’emploi qui s’adressent à des profils de niche et pointus, plus difficiles à trouver, tels que les consolideurs, les trésoriers, les directeurs financiers, précise Aurélie Muller, directrice de la division Finance & Comptabilité chez Fyte. Les profils juniors disposent déjà de suffisamment d’opportunités sur les sites de recrutement plus traditionnels comme Cadremploi. Ils n’ont donc pas besoin de postuler sur LinkedIn pour trouver un poste.»
Par ce biais, les recruteurs reçoivent ainsi des profils qui correspondent généralement plus à l’annonce. «Sur les sites d’emploi classiques, les candidats en recherche d’emploi envoient souvent leur CV à tout-va, sans forcément bien lire l’annonce dans le détail, relève Marie-Laure Collet. Sur LinkedIn, les candidatures sont souvent plus qualitatives.»
Toutefois, si les profils sont plus qualitatifs, les réponses aux annonces sont plus rares. «Les retours d’annonce sont souvent moins importants par rapport aux autres sites plus traditionnels où nous diffusons également l’offre d’emploi, constate Aude Boudaud. En effet, les candidats ont encore davantage le réflexe de se tourner vers les sites classiques.»
Un outil de sourcing
Il faut dire qu’avant d’être un outil de publication d’offres d’emploi, LinkedIn est surtout un réseau professionnel. De ce fait, l’annonce sert plus aux recruteurs à accroître leur visibilité sur les réseaux sociaux. «Nous avons toujours eu une stratégie d’approche directe, précise Cyril Eaton. Sur LinkedIn, nous nous appuyons sur les annonces que nous publions pour contacter directement par message les profils que nous avons repéré.»Linkedin est en effet avant tout utilisé comme un outil de sourcing, pour chasser des candidats potentiels. «Nous avons généralement plus de retours en sollicitant directement les profils qui nous intéressent sur LinkedIn qu’en y postant une annonce.» Il faut dire que cela permet au recruteur aussi de cibler les profils qui l’intéressent particulièrement. «Nous travaillons conjointement avec notre client pour savoir quels sont les impératifs du poste et quels profils l’intéressent particulièrement, explique Marie-Laure Collet. Ensuite, les outils de recherche sur LinkedIn nous permettent de cibler directement les profils. En revanche, nous ne prêtons pas d’attention particulière aux recommandations sur LinkedIn, au contraire nous nous méfions même de ceux qui en ont trop.»
Toutefois, si cet outil est de plus en plus utilisé, et devrait continuer à l’être, par les cabinets spécialisés, les entreprises ont pour l’instant été moins tenté de franchir le pas. «Nous passons plusieurs heures par jour à travailler sur ces réseaux, souligne Cyril Eaton. Un temps dont ne disposent pas toujours les entreprises en interne.» Reste à voir si ces dernières se laisseront prendre au jeu.
Des annonces plus rapides
- Sur les réseaux sociaux, la durée de vie des annonces est plus courte que sur les réseaux traditionnels. Sur LinkedIn, sa diffusion est poussée par les recruteurs. «Ce sont les commentaires et les “like” qui font vivre l’annonce et qui la rendent visible auprès d’un plus large spectre de candidats, souligne Marie-Laure Collet, présidente de Kalicea. Nous mobilisons nos communautés de candidats, coopteurs bénéficiaires, clients et collaborateurs pour relayer l’opportunité.»
- Sur Twitter, la diffusion de l’annonce est plus instantanée. «L’information y est spontanée, la visibilité des offres y est donc éphémère», relève Marie-Laure Collet.