Les fonctions liées à la transformation des entreprises occupent une place de plus en plus importante au sein des directions financières. Sur ces métiers en tension, dénicher la perle rare devient difficile et nécessite que les entreprises misent plus sur les « soft skills » décelés chez les candidats que sur leurs compétences techniques.
En 2024, les priorités des directions financières s’articulent autour de la gestion du cash et de la performance des entreprises, à laquelle s’ajoutent les nouveaux défis technologiques et réglementaires et la transformation digitale de leur organisation. Dans ce contexte, certaines fonctions de la finance ont cette année le vent en poupe. C’est notamment le cas du responsable contrôle de gestion et de certains métiers de la comptabilité qui arrivent en tête de l’édition 2024 des « Jobs en Or » de Robert Half, ainsi que du financial planning & analysis (FP&A).
« Le responsable du contrôle de gestion fait d’ailleurs son apparition dans notre palmarès, précise Aurélien Boucly, director of permanent talent chez Robert Half France. Ce profil est d’autant plus recherché dans les entreprises en croissance ou en transformation, incluant une nouvelle organisation, un nouveau modèle économique et une transformation de la fonction finance. » Il occupe ainsi un poste clé aux côtés des directions opérationnelles et de la direction générale qu’il conseille et accompagne sur tous les aspects financiers, analytiques et stratégiques, ce qui explique notamment un niveau de rémunération élevé, compris entre 65 000 et 90 000 euros par an.
Des métiers comptables toujours plébiscités
Par ailleurs, tous les métiers de la comptabilité sont également très plébiscités cette année, et en particulier le comptable général (et/ou auxiliaire) et le responsable comptable. Ces postes en comptabilité sont en effet indispensables au bon fonctionnement de l’entreprise.
Le comptable général, souvent bras droit du directeur comptable, est ainsi un pilier essentiel de la préparation du bilan financier et de la centralisation des données comptables entre les différents services de l’entreprise (établissement des clôtures, des liasses fiscales, etc.). Son salaire est généralement compris entre 36 000 et 48 000 euros par an en fonction de son expertise.
Le responsable comptable, pour sa part, a pour vocation de veiller à ce que toutes les réglementations comptables et fiscales en vigueur soient respectées par l’entreprise et de garantir que toutes les opérations comptables, déclarations fiscales et de clôtures soient réalisées dans les délais impartis. Il peut également être amené à diriger des sujets en lien avec la transformation de la fonction finance (projet de dématérialisation, mise en place d’un nouvel outil tel qu’un ERP), raisons pour lesquelles ces profils sont particulièrement recherchés actuellement. « Ils sont attendus sur leurs compétences techniques, mais également sur leur expertise réglementaire et fiscale, ajoute Aurélien Boucly. Parallèlement, leur maîtrise des langues étrangères et des nouveaux outils technologiques (ERP, RPA, IA), devient indispensable. Enfin, les profils ayant une double expertise opérationnelle et managériale sont les plus recherchés. » Leur salaire est généralement compris entre 60 000 et 80 000 euros par an.
«Les projets de transformation des entreprises font la part belle aux responsables du contrôle de gestion, qui font désormais partie des profils en finance les plus recherchés par les entreprises.»
Un métier qui monte, le financial planning & analysis manager
Aux côtés de ces métiers de la finance plutôt traditionnels, celui de financial planning & analysis (FP&A) analyst est pour sa part assez émergent. Il a notamment pour vocation de réaliser un forecasting classique ou un rolling forecast afin d’informer la prise de décision financière. « Le financial planning & analysis ou processus de planification et d’analyse financière est un périmètre de plus en plus stratégique et incontournable au sein des organisations, explique Benjamin Lassalle, senior executive manager finance chez Michael Page. Il joue un rôle de contrôleur de gestion qui va en plus réaliser des prévisionnels budgétaires et analyser la stratégie financière de l’entreprise. » Ce poste, pour le moment essentiellement proposé par des grands comptes, nécessite une expertise en analyse économique et financière et de bien connaître l’ERP de l’entreprise. Véritable fil d’Ariane entre tous les pôles de la direction financière, le FP&A analyst doit également savoir faire preuve d’agilité et d’adaptation. Le salaire du FP&A analyst est compris entre 55 000 et 70 000 euros par an dès trois ans d’expérience, jusqu’à 130 000 euros par an pour les plus expérimentés d’entre eux.
Pour recruter ces différents profils très sollicités par le marché, les entreprises doivent changer de braquet et mettre davantage l’accent sur leur potentiel évolutif et les soft skills dédiés. « Les entreprises cherchent encore trop souvent des profils basés sur des critères essentiellement techniques et liés à des années d’expérience, poursuit Benjamin Lassalle. Or, la pénurie de candidats est aujourd’hui telle que pour parvenir à les débaucher et à les recruter, les entreprises ont tout intérêt à se focaliser davantage sur la capacité de développement ainsi que le savoir-être des candidats et un peu moins sur les seules compétences techniques. D’ailleurs, il vaut parfois mieux recruter un candidat qui a un peu moins d’expérience mais qui est plus motivé pour le poste. » La démarche est d’autant plus logique à mener qu’il est plus facile de faire monter en compétence technique/métier un candidat que de lui enseigner des savoir-être.
A ce sujet, si les compétences sur les techniques métiers demeurent propres à chaque fonction, ce n’est pas le cas des soft skills requis qui sont généralement les mêmes pour toutes les fonctions de la finance. Ainsi, les financiers doivent de plus en plus être capables de communiquer, d’expliquer et de défendre des chiffres, de convaincre des opérationnels ou une direction générale. Par ailleurs, alors que les financiers travaillaient auparavant surtout sur la production de chiffres, la transformation digitale de leur fonction ainsi qu’un positionnement plus stratégique au sein des organisations leur permet désormais de se concentrer davantage sur la mise en place de nouveaux process, projets et KPI. « A ce titre, ils ont un rôle de pilotage plus important, leurs compétences managériales et leur capacité à fédérer deviennent indispensables, notamment chez les DAF », ajoute Benjamin Lassalle. Ce sont ainsi sur ces différents soft skills que les entreprises peuvent capitaliser pour recruter de nouveaux candidats, plutôt que de rester uniquement focalisées sur des années d’expérience accumulées. Pour les attirer, les entreprises doivent également être en mesure d’offrir aux candidats une vraie marge de progression dans leur métier.
Une accélération des processus de recrutement
Enfin, l’accélération des processus de recrutement est également indispensable pour capter ces candidats. « Sur ces profils assez sollicités, l’entreprise doit être vigilante sur ses délais de recrutement pour ne pas perdre l’intérêt des candidats, précise Benjamin Lassalle. Nous observons d’ailleurs une tendance à la baisse de ces délais, passés en moyenne à trois à quatre semaines, contre deux mois il y a encore peu. » De même, dès lors que les entreprises rencontrent un candidat qui correspond à leurs besoins, mieux vaut éviter de prolonger la procédure, en recevant d’autres postulants. Plus l’entreprise optimisera son processus de recrutement, moins elle aura de chances de voir un candidat lui échapper.