Pour comprendre la fonction de secrétaire général, il faut remonter aux années avant 2000, quand le tissu économique était majoritairement composé d’industries, de coopératives et de services ; un monde où le digital n’avait pas encore redistribué les cartes des structures hiérarchiques pyramidales des entreprises. « Avant le déploiement du digital, le secrétaire général d’une entreprise était celui qui cumulait toutes les fonctions à l’exclusion des fonctions régaliennes  », explique Mattéo Guerra, senior partner, Page Executive. Dans les années 2000, l’organigramme des entreprises s’est modifié de façon à être plus en phase avec l’économie moderne. Désormais, cette terminologie reste rare et se concentre sur certaines typologies d’entreprises, telles que des organisations syndicales, du parapublic, des associations ou encore des ONG. « En clair, toutes les organisations où il est difficile de parler de fonctions commerciales », poursuit Mattéo Guerra. Certaines PME et grandes entités conservent néanmoins ce titre. Il revêt des fonctions très diverses. « Dans tous les cas, ce type de poste n’est occupé que par des personnes d’expérience », constate Mattéo Guerra.

Des conseillers spéciaux "couteaux suisses"

Au sein des grandes entreprises et notamment les entreprises du CAC 40, le secrétaire général a souvent une fonction de conseil auprès des instances dirigeantes. Moins en lien direct avec les opérationnels, il offre une prise de vue avec de la hauteur. Au sein des PME et ETI, en revanche, la fonction de secrétaire général nécessite d’embraser l’ensemble des fonctions structurantes de l’entité, avec un volet financier important. A minima, un directeur administratif et financier accède aux fonctions de secrétaire général après 10 ou 15 années d’expérience professionnelle. En grande majorité, les secrétaires généraux sont des profils financiers disposant également d’une expertise transverse sur d’autres fonctions clés, telles que les ressources humaines et le juridique.

Des ex-DAF au secours de PME en difficulté

Ainsi, on trouve encore la fonction de secrétaire général au sein de certaines PME et notamment celles en difficulté. C’est ainsi qu’en juin 2020, Yannick Sévin a rejoint la maison d’édition Libella, en qualité de secrétaire général. Un poste créé lors de son recrutement et destiné à accompagner le directeur général dans le retournement de l’entreprise. « A mon arrivée, il y avait cette volonté d’encadrer le changement », se souvient Yannick Sévin qui, dans son précédent poste était directeur administratif et financier chez SFR presse. « Si j’ai été d’abord DAF, en entrant chez Libella, en qualité de secrétaire général, j’ai récupéré de nombreuses autres fonctions : moyens généraux, ressources humaines, informatique, juridique et corporate », explique Yannick Sévin qui ajoute : « Au sein de mes précédents postes de DAF, j’étais bien sûr en lien constant avec le juridique et les ressources humaines. Cependant, je n’étais pas responsable de ces fonctions. Ce qui change c’est le niveau de responsabilité qui m’incombe sur les d’autres fonctions que la fonction financière. » Au quotidien, le volet financier demeure omniprésent. Le secrétaire général estime ainsi que 50 % de son temps est alloué aux questions financières, contre 20 % aux questions de ressources humaines, le reste du temps étant divisé entre moyens généraux, informatique et juridique. Côté rémunération, le passage de DAF à secrétaire général a été pour lui l’occasion d’une augmentation. A noter, il justifiait auparavant de 13 années d’expérience en qualité de contrôleur de gestion, puis responsable du contrôle de gestion, puis DAF, avant de devenir secrétaire général.

Un DAF augmenté

Au sein des grands groupes, il existe de rares annonces d’offres d’emploi de secrétaire général, à l’instar de celle publiée par BIM Life, entité d’Equans Solutions Digitales France. Parmi les qualités recherchées pour ce poste : « Veiller à la performance et à l’organisation » de la filiale. En clair, des fonctions finances augmentées d’une capacité managériale. Les tâches qui incombent à la future recrue sont nombreuses : suivie de la comptabilité globale, de la trésorerie et de la fiscalité, définition du budget de l’entité, reporting groupe, mais également application des orientations décidées avec la direction. La fiche de poste a été rédigée par les services RH, en lien avec le président de BIM Life. « Le secrétaire général sera le bras droit du président. Au-delà de l’aspect financier, nous recherchons un profil capable d’apporter du conseil pour accompagner notre activité en forte croissance. Il sera notamment amené à travailler avec des filiales à l’international et à plancher sur la mise en cohérence de plusieurs entités juridiques. Si la dimension juridique n’est pas la dimension principale du poste, elle reste importante », précise Marine Trinez, responsable ressources humaines BIM Life – Equans Solutions Digitales. Pourquoi donc ne pas avoir préféré la terminologie DAF ou DGA ? « La notion de secrétaire général est très évocatrice d’une vision macro. En qualité d’entreprise innovante à forte croissance, nous pensons qu’une telle terminologie est structurante pour l’entreprise », poursuit Marine Trinez.

Une terminologie imprécise, donc risquée

Reste que, pour les spécialistes du recrutement, cette terminologie un peu fourre-tout comporte des risques. « En publiant une annonce avec le titre de secrétaire général, le risque de ne pas cibler précisément la demande est grand , déplore Mattéo Guerra .  Le recruteur risque de se retrouver avec des profils très différents : des secrétaires généraux à la tête d’une holding financière familiale par exemple, ou encore des secrétaires généraux d’associations. "Notre rôle en qualité de cabinet de recrutement est d’amener nos clients à réfléchir à ce qu’ils entendent derrière la terminologie de secrétaire général" souligne Mattéo Guerra. Souvent, cela recouvre des fonctions très précises et très différentes selon les entités. Un grand groupe peut par exemple être à la recherche d’un directeur fiscal ou d’un directeur immobilier. Nommer le poste avec la bonne terminologie va permettre de donner un signal clair en interne, mais également à l’externe. Au sein des plus petites structures, la fonction de secrétaire général peut simplement renvoyer à celle de DAF qui comprend au-delà de la fonction finance, l’ensemble des tâches administratives et peut ainsi englober le juridique et les ressources humaines". Pour un poste avec davantage de responsabilité, le titre pourrait être directeur des opérations, directeur général délégué, ou encore directeur général adjoint.