La reprise de l’activité des entreprises a profité aux auditeurs internes en 2017, selon les résultats de la 6e édition du baromètre annuel réalisé par Michael Page, la DFCG, l’AFTE, l’Ifaci et Option Finance. Pour retenir ceux tentés de rejoindre d’autres sociétés, les directions se sont montrées plus généreuses, mais aussi plus sélectives.
Les auditeurs internes ont le vent en poupe actuellement dans les entreprises. Selon le baromètre réalisé par Michael Page, l’Association nationale des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE), l’Institut français de l’audit et du contrôle internes (Ifaci) et Option Finance, leur rémunération a progressé de 3,5 % en 2017. Le salaire moyen des auditeurs internes interrogés est ainsi passé de 68 000 euros à 71 300 euros par an, dans une fourchette allant de moins de 40 000 euros à plus de 140 000 euros (voir graphique 1). De plus, 74 % d’entre eux ont obtenu une rémunération variable en 2017 équivalente à 11 % de leur revenu en moyenne.
Mais certains auditeurs internes ont été plus privilégiés que d’autres. Seuls 62 % d’entre eux ont vu leur salaire fixe progresser, de + 5,7 %. Il s’agit en outre de la revalorisation la plus forte de l’ensemble de la fonction finance tous métiers confondus (directeurs financiers, contrôleurs de gestion…) sur l’année ! L’année dernière, ils étaient plus nombreux (73 %), mais la hausse a été moindre (+ 4,2 %), ce qui traduit une volonté des entreprises de fidéliser leurs auditeurs internes. «Face aux embauches qui sont en train de repartir, les entreprises ont choisi d’augmenter de manière plus conséquente les profils qu’elles veulent fidéliser, plutôt que de revaloriser plus faiblement l’ensemble des équipes», observe Mikaël Deiller, directeur des divisions finance et comptabilité de Michael Page et Michael Page Interim Management.
Des auditeurs sollicités
Les auditeurs internes constituent en effet une population particulièrement sollicitée qu’il est urgent de fidéliser. Ainsi, ils sont 65 % à avoir été contactés au cours des douze derniers mois, et 71 % d’entre eux l’ont été à au moins deux reprises, contre 61 % en 2016.
Les recruteurs sont séduits par les auditeurs internes à plusieurs titres. D’abord, les entreprises recherchent généralement des personnes expérimentées. Or les auditeurs internes le sont particulièrement. Parmi les personnes interrogées, 91 % d’entre elles avaient plus de cinq ans d’expérience en finance d’entreprise et 49 % avaient déjà exercé cette profession en entreprise ou en cabinet externe auparavant.
Ensuite, les auditeurs internes sont particulièrement mobiles. La moitié d’entre eux se disent prêts à déménager en France et 43 % à l’étranger.
«Dans leur quotidien, les auditeurs internes voyagent régulièrement pour mener des missions aussi bien en France qu’à l’étranger», relève Philippe Mocquard, délégué général de l’Ifaci. Ils ne craignent donc pas de devoir déménager. En outre, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter changer de poste. Si, au cours des douze derniers mois, seuls 26 % ont sauté le pas, ils sont désormais 47 % à l’envisager dans l’année qui arrive.
Enfin, peu d’entre eux se destinent à faire carrière dans leur profession. «L’audit interne est un tremplin pour accéder à d’autres fonctions, explique Philippe Mocquard. Au sein des départements d’audit interne, nous constatons traditionnellement une rotation au bout de quatre, cinq ans d’ancienneté.» Ils sont de fait plus de la moitié, selon le baromètre, à envisager d’exercer un métier différent, principalement celui de directeur ou responsable financier (19 %), ou encore de directeur de business unit (13 %).
Une profession isolée
Toutefois, pour retenir ces professionnels convoités, les entreprises ne peuvent pas uniquement se reposer sur des aspects financiers. Les auditeurs internes sont en effet de plus en plus nombreux à être préoccupés dans leur quotidien des aspects non pécuniaires.
Comme le baromètre précédant l’avait déjà constaté, la formation fait partie de leurs principales priorités, puisqu’ils sont 36 % à vouloir que ce point soit amélioré, après 39 % en 2016. «Au travers de leurs fonctions, ils sont amenés à interagir avec des services différents (comptabilité, informatique, finance, directions opérationnelles…) et doivent afficher des aptitudes et sensibilités “pluridisciplinaires”», souligne Mickaël Deiller. Une souplesse d’autant plus nécessaire que leur profession est régulièrement confrontée à divers changements. «L’évolution des risques et de la réglementation amène les auditeurs internes à devoir se former en permanence, et en ce moment plus particulièrement sur les sujets de cybersécurité et de protection des données», relève Philippe Mocquard.
Mais ce sont surtout le manque de reconnaissance dans leur travail (59 % en 2017, après 48 % en 2016) et de relations avec leur hiérarchie (27 %, après 26 %) qui sont particulièrement mis en avant. «Le positionnement des auditeurs internes dans l’entreprise, gage de leur indépendance, ne leur permet pas toujours d’obtenir une reconnaissance immédiate de leurs collègues, sur la qualité des recommandations qu’ils ont émises, ou de leur hiérarchie, sur l’effectivité de la maîtrise des risques, observe Philippe Mocquard. La reconnaissance vient sur le long terme, et à cet égard le présent peut être frustrant.» Ce ressenti s’explique aussi parce que leur profession est généralement isolée (ils sont 48 % à exercer seuls leurs fonctions) et qu’ils reportent directement à la direction générale.
A l’inverse, malgré les contraintes de déplacement auxquelles ils font souvent face, les auditeurs internes sont très peu à mettre en avant la charge de travail (18 %) et la gestion du stress (16 %) comme points d’amélioration. Un constat qui, ajouté à ces rémunérations élevées, explique sans doute qu’ils soient finalement 79 % à affirmer être satisfaits de leur poste. Un chiffre qui devrait rassurer les entreprises.
Des qualités intrinsèques recherchées
- Parmi l’ensemble des directeurs de l’audit interne interrogés dans le cadre du baromètre, aucun n’a affirmé rechercher en priorité des compétences techniques pour ses collaborateurs (voir graphique 5) ! Face à la diversité des missions confiées, ils semblent se concentrer avant tout sur des qualités plus personnelles.
- Parmi les compétences recherchées pour leurs équipes, la gestion du changement arrive en tête de liste pour 60 % des directeurs interrogés. Il est vrai que cette qualité fait partie du quotidien des auditeurs internes (gestion de projets dans le cadre de la mise en place de nouvelles procédures, par exemple, capacité à prendre en compte les nouveaux risques…).
- Les directeurs de l’audit interne sont également nombreux à valoriser des compétences, telles que la capacité d’apprentissage, le sens de la communication, la prise d’initiative… «Les auditeurs internes doivent être capables d’analyser les situations et de trouver des pistes d’amélioration en étant force de proposition», souligne Philippe Mocquard, délégué général de l’Ifaci.