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Une nouvelle vague de recrutements au sein des directions financières

Publié le 15 octobre 2021 à 17h45

Anais Trebaul    Temps de lecture 6 minutes

Après un léger arrêt en 2020, les recrutements au sein des directions financières repartent de plus belle, quel que soit le métier. Alors que les entreprises se concentrent actuellement sur la relance de leur activité, elles sont amenées à embaucher des financiers pour les accompagner sur leurs nouveaux enjeux. Un marché plutôt orienté candidat, mais sans que cette situation ait de réelles incidences sur les rémunérations.

Le marché du recrutement est particulièrement actif au sein des directions financières. Si en 2020, les employeurs étaient plutôt réticents pour embaucher du fait du manque de visibilité sur la situation sanitaire et économique, quoique les financiers semblent avoir été moins affectés par la crise que d’autres professions, depuis quelques mois les recrutements s’intensifient. « Les recrutements en finance ont redémarré très fortement depuis avril-mai dernier, tout d’abord auprès de nos clients cabinets puis corporate, observe Alexandra Proniewski, directrice d’Upward Finance. La plupart des métiers sont concernés, transaction services, restructuring, audit/risques, ou postes de contrôleur de gestion, chef comptable, responsable et directeur financier, et ce dans tous les secteurs. » Les chasseurs de têtes ont en revanche peu de demandes concernant les trésoriers, mais cette situation est plus liée au fait que le turn-over est moins fort dans cette profession et que les recrutements ont lieu plus souvent plus par cooptation.

Des opérations capitalistiques

Outre une rotation habituelle entre les directions financières qui donne mécaniquement lieu à des embauches et à un report de certains recrutements qui auraient dû avoir lieu en 2020, plusieurs postes à pourvoir sont directement liés cette année aux opérations capitalistiques des entreprises. « Certaines entreprises qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu de la crise ont des opportunités de croissance externe, s’introduisent en Bourse et font face à de nouveaux enjeux qui peuvent les amener à remplacer leur ancien directeur financier par un nouveau profil plus à même de gérer de telles situations », relève Corinne Oremus, directrice générale de Vendôme Associés. Les entreprises qui recrutent peuvent également avoir pour projet de lancer de nouveaux produits ou de créer une nouvelle filiale. Ainsi, la plupart des offres ne sont pas de simples remplacements poste à poste. « Le périmètre est souvent élargi ou les missions modifiées suite au retour d’expérience des entreprises afin de leur permettre un meilleur niveau d’efficacité et d’adaptabilité à leur marché qui bouge très vite », confirme Alexandra Proniewski. Les start-up contribuent également à la reprise des embauches au sein des directions financières. « Les start-up grandissent, ont besoin de se structurer davantage et créent une fonction financière », explique Corinne Oremus.

Des profils agiles

Dans ce contexte, les entreprises recherchent des profils de plus en plus agiles, notamment pour les postes de directeurs financiers. « Ils doivent être en capacité de gérer des situations avec de forts enjeux managériaux et de négociation », confirme Corinne Oremus. Un avis partagé par Alexandra Proniewski. « De manière générale, il est demandé aux candidats de la flexibilité, de la souplesse, indique-t-elle. Ceux qui ont eu un parcours dans des contextes particuliers de rachat, LBO, etc. sont préférés par les entreprises. » Des compétences sur les sujets de performance extra-financière sont également recherchées. De même, les sociétés attendent des candidats en contrôle de gestion un pilotage plus fin de l’activité. « Leur maîtrise des data est essentielle, car le fait de trouver et d’analyser les données les plus précises possible permet aux opérationnels de challenger leurs business models et faire de la prospective », souligne Corinne Oremus. L’expérience sectorielle demeure également un plus. « Pour les métiers de l’audit, de la comptabilité ou de la consolidation, la maîtrise du secteur d’activité n’est généralement pas demandée car on va s’attacher davantage à un fort niveau technique, remarque Alexandra Proniewski. En revanche, pour les profils de directeurs financiers ou les postes en contrôle de gestion, le secteur est souvent un sujet puisque ces personnes ont dans leur périmètre le pilotage et la performance de l’entreprise, donc la maîtrise de leur écosystème est bien souvent de mise. De la même manière, dans certains secteurs tels que la banque-assurance, l’immobilier, l’automobile et l’audiovisuel, l’expérience de ces milieux est quasiment impérative. Mais dans d’autres branches, comme le digital et le e-commerce, plus que la connaissance du secteur, on va rechercher avant tout une agilité intellectuelle, une vivacité d’esprit et quoi qu’il arrive un excellent niveau d’adaptabilité à un environnement très changeant. »

Du télétravail requis

Si la demande émanant des entreprises augmente, le nombre de candidats reste soutenu, mais stable, d’où un marché qui leur est un peu plus favorable. « En 2020, les candidats sont restés très mobiles et n’ont pas eu de difficulté à démissionner de leur poste pour en changer, mais les offres étaient moins nombreuses, rappelle Alexandra Proniewski. Désormais, les entreprises rouvrent les vannes, et les candidats ont le choix ! Nous avons de plus en plus de refus de candidats qui ont reçu une autre proposition plus intéressante d’une autre société, ou qui ont été rattrapés par leur employeur actuel. » En position de force, les candidats font preuve de nouvelles exigences. « Ils sont beaucoup plus attentifs à la qualité de vie au travail, observe Alexandra Proniewski. La possibilité de télétravailler par exemple est très demandée, même pour des postes de direction, c’est un vrai sujet ! »

Toutefois, s’ils peuvent plus facilement trouver un poste qui répond à leurs attentes en termes de missions et de bien-être au travail, leurs marges de manœuvre salariale restent encore limitées. « Les candidats “mènent la danse” et le marché est actuellement en leur faveur », affirme Alexandra Proniewski. Comme ils sont très sollicités, ils peuvent mieux négocier, aussi bien leur rémunération fixe que variable. Toutefois, les entreprises, et notamment les groupes, ont parfois des grilles de rémunération strictes dont elles ne peuvent pas trop s’éloigner. Dans les faits, la crise sanitaire n’a pas changé grand-chose en termes de rémunérations. Les entreprises à la politique plutôt favorable continuent de verser des salaires attractifs, les autres maintiennent des niveaux de rémunérations au marché ou plus faibles. La part fixe et la part variable sont également restées relativement stables et la nature des objectifs associés n’a pas évolué. « Ainsi, d’après le cabinet Vendôme & associés, hors grands groupes, en 2021, les salaires des directeurs financiers varient généralement de 110 000 à 150 000 euros bruts annuels, avec 30 à 50 % de variable. Lorsqu’ils doivent gérer des sujets plus complexes (LBO, IPO à piloter, contexte international…) les salaires fixes varient entre 180 000 et 260 000 euros, avec des variables pouvant aller jusqu’à 50 %, voire plus avec un long-term incentive (LTI) en actions qui peut représenter des sommes très conséquentes. »

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