«La CSRD visait trois objectifs pertinents, mais qu’il faut simplifier : obliger les entreprises à publier une double matérialité, harmoniser les KPI pour faciliter la comparabilité et mettre le sujet sur le bureau des DAF », affirme Morgan Carval, directeur investissements à impact, Arkea Capital. Une nouvelle dynamique dans laquelle s’inscrit la directive Omnibus, visant à simplifier la réglementation tout en maintenant l’objectif de transition écologique. « L’AFG travaille à rendre le reporting CSRD plus opérationnel, afin d’offrir aux investisseurs des données fiables directement issues des entreprises », explique Laure Delahousse, directrice générale, AFG.
Les limites de la simplification de la CSRD
« Pour les start-up innovantes, anticiper les exigences de la CSRD permet de mieux piloter les risques et de renforcer leur résilience, précise Eric Gossart, partner, Serena. Toutefois, la simplification actuelle de la CSRD réduit considérablement le nombre d’entreprises concernées, ce qui pourrait affaiblir l’effet transformateur initialement espéré sur toute la chaîne de valeur. » « La CSRD est plutôt une chance à saisir, car elle correspond à l’évolution de la société, précise Jean-Marc Borello, président du directoire, Groupe SOS. S’il faut la simplifier, il est cependant important de garder l’effet masse. »
Sur quels critères se baser ?
« Les sociétés de gestion et investisseurs institutionnels ont besoin de données fiables et auditées venant directement de l’entreprise, ajoute Laure Delahousse. Il faut commencer par définir un socle commun d’indicateurs obligatoires pour que les investisseurs puissent ensuite faire leur travail de comparaison. » « Pour traduire sustainability, on dit souvent durable, mais en fait, c’est plutôt soutenable, insiste Morgan Carval. Et derrière, il y a une notion d’intérêt général. Les critères ESG vont donc s’adapter en fonction du contexte. » « Certaines des entreprises dans lesquelles nous investissons pourraient ainsi être liées à la défense, précise ainsi Eric Gossart. La défense, ce n’est pas que l’armement. C’est aussi la surveillance, l’analyse d’images, etc. et ce sont des secteurs que nous allons continuer à financer. » « L’ESG reste avant tout une méthode d’analyse articulée autour des trois piliers de la finance durable, poursuit Laure Delahousse. L’enjeu consiste donc à investir dans tous les secteurs d’activité, mais en sélectionnant chacune des entreprises en fonction de leurs meilleures pratiques. »