Après un début d’année encourageant, le marché primaire actions est retombé en France dans l’atonie au second semestre. Quelques opérations d’envergure, durant les premiers mois de l’année, ont permis de boucler l’année 2024 en légère hausse par rapport à l’exercice précédant, mais l’équilibre reste très fragile.
Finie la dégringolade. Le marché primaire actions français remettent la courbe dans le bon sens en terminant l’exercice 2024 sur une hausse de 9 % en valeur, pour atteindre 9,5 milliards d’euros d’échanges, selon Dealogic, tandis que le nombre de transactions reste stable (84). « Ces chiffres sont positifs et marquent une réelle reprise en France comme dans le reste du monde », se réjouit Joëlle Assaoud, head of equity capital market chez Crédit Agricole CIB. Il faut dire qu’après deux années catastrophiques pour les marchés actions, durant lesquelles des baisses respectives de 32 % et de 40 % en valeur avaient été enregistrées, la situation se stabilise enfin, grâce notamment aux introductions en Bourse d’Exosens et de Planiswere, qui ont permis de lever respectivement 403 et 278 millions d’euros, multipliant par 11 le bilan des IPO françaises sur l’année.
Les augmentations de capital avec droit préférentiel de souscription (rights issues) ont également bien fonctionné en 2024, atteignant 2,1 milliards d’euros, soit 39 % de plus que l’année précédente, avec notamment les opérations d’Emeis (ex-Orpea, 390 millions d’euros), Clariane (237 millions d’euros) ou encore Alstom (1 milliard d’euros). « Cependant, nous sommes en deçà d’une année standard en termes de volume sur ce segment, estime Pierre Troussel, responsable des marchés de capitaux actions chez Société Générale pour la France, la Belgique et le Luxembourg. L’évolution est certes toujours positive par rapport à 2023, mais cet équilibre est fragile, dans la mesure où la seule opération d’Alstom représente quasiment 50 % des volumes échangés sur 2024. »
Le segment equity linked en souffrance
Fragile également du fait que les opérations citées ont toutes eu lieu au premier semestre, généralement plus actif, certes, mais l’atonie des marchés de capitaux dans la deuxième partie de l’année pose tout de même question. Au total, sur les douze plus grosses opérations de l’année, dix ont eu lieu au premier semestre. « Le contexte politique a évidemment joué, indique Pierre Troussel. C’est particulièrement visible sur les opérations ECM réalisées avec des calendriers d’exécution longs tels que les “rights issues” et les IPO. » Ce n’est pas le cas en revanche des placements accélérés de blocs d’actions (ABB), qui ont bien fonctionné tout au long de l’année, pour atteindre 4,9 milliards d’euros. Seules les obligations convertibles (equity linked) terminent l’exercice 2024 sur un bilan négatif, en baisse de 44 %, malgré la belle émission de 750 millions d’euros réalisée par Schneider Electric.
Pour l’exercice 2025, certains indices plaident en faveur d’un retour en force des IPO, bien qu’il soit difficile de prévoir. « Le retour des grandes IPO en Europe pourrait donner des idées aux entreprises françaises, mais également aux fonds de private equity, dont certains pourraient privilégier ce type de sorties au détriment des sorties M&A », souligne Pierre Troussel. Côté investisseurs, les performances remarquables réalisées lors de certaines introductions, comme celle de CVC Capital Partners ou de Galderma Group, rendent à nouveau cette classe d’actifs attractive. A voir désormais si les entreprises françaises saisissent les fenêtres qui se présenteront.
«Le retour des grandes IPO en Europe pourrait donner des idées aux entreprises françaises, mais également aux fonds de private equity, dont certains pourraient privilégier ce type de sorties au détriment des sorties M&A.»