Comment générer une croissance à long terme tout en bénéficiant d’une volatilité plus faible ?
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Investir dans les valeurs de croissance n'est pas une course
Points clés
- Les entreprises possédant de solides avantages concurrentiels (« wide-moats ») sont rares, 1 % d'entre elles seulement étant capables de les maintenir plus de dix ans. Les entreprises générant une croissance rentable et durable sont également rares, seules quelques-unes parviennent à la maintenir pendant plus de 10 ans.
- Grâce aux éclairages offerts par son processus d'investissement axé sur la qualité, la croissance et la valorisation, l'équipe Growth Equities Strategies (GES) peut désormais chercher à créer de la valeur en vendant à découvert des valeurs de croissance surévaluées, structurellement déficientes et affichant une prime de valorisation, en plus d'acheter des entreprises de grande qualité qui se négocient à une décote.
- Lancées il y a plus de dix ans, les positions courtes de la stratégie Long/Short Growth Equity ont généré environ la moitié de l'alpha annualisé du portefeuille, et ont été une source de protection significative contre les baisses de valeur depuis sa création.
En règle générale, le type de croissance qui créé une valeur significative dans un portefeuille n’est pas généré en seulement quelques mois.
Les entreprises capables de soutenir et d’accroître la valeur des portefeuilles pendant des années, voire des décennies, doivent pouvoir maintenir leur trajectoire de croissance pendant de très longues périodes. Pour cela, Aziz Hamzaogullari estime qu'elles doivent disposer d'avantages concurrentiels exceptionnellement persistants.
Seulement 1 % des entreprises parviennent à défendre leur pré carré
Seules des entreprises très rares et singulières peuvent créer et maintenir un avantage concurrentiel. D'un point de vue empirique, seules 1 % des entreprises sont en mesure de conserver leurs avantages concurrentiels au-delà d'une décennie, ce qui se traduit par une croissance durable et rentable à long terme.
Lorsqu'une entreprise génère des performances et une croissance supérieures à la moyenne, elle stimule la concurrence et les flux de capitaux. La plupart des entreprises ne parviennent pas à défendre leur « pré carré » car leur modèle économique peut être répliqué avec suffisamment de temps et de capital. « Nous cherchons à identifier des entreprises capables de maintenir, et de préférence d'intensifier, leurs avantages concurrentiels à long terme », explique Aziz V. Hamzaogullari, directeur des investissements de l'équipe Growth Equity Strategies chez Loomis, Sayles & Company, un affilié de Natixis Investment Managers.
Qu'est-ce qu’une entreprise à « wide moat » ?
Les entreprises de grande qualité sont rares. « On recherche des avantages qui ne sont pas altérés en un jour, un trimestre ou même une décennie », explique Aziz V. Hamzaogullari.
Malgré les succès à long terme de Meta (Facebook) et d'Alphabet (Google), les investisseurs doutent régulièrement de la pérennité des avantages concurrentiels et des opportunités de croissance de ces deux entreprises de grande qualité.
Selon lui, ces entreprises possèdent des avantages clés qu'il est difficile, voire impossible, de reproduire et méritent donc d'être intégrées à un portefeuille de croissance de grande qualité, si leur valorisation est raisonnable.
Premièrement, il s'agit d'entreprises de réseaux. Par exemple, plus de 3,6 milliards de personnes utilisent les réseaux de Meta, soit 75 % des utilisateurs d’Internet dans le monde. Son empreinte sur l’économie est inégalée, puisque près de 200 millions d'entreprises dans le monde entier utilisent ses plateformes. Ces entreprises cherchent à profiter de la rentabilité durablement élevée par dollar investi en marketing qui peut être obtenue sur les réseaux de Meta, et qui est difficile à reproduire via d’autres canaux publicitaires. « Que vous dépensiez 2 dollars ou 2 millions de dollars avec Facebook, vous pouvez mesurer avec précision vos coûts par rapport à votre rentabilité », explique Aziz V. Hamzaogullari.
Deuxième caractéristique de ces entreprises, leur envergure. L'investissement nécessaire en capital impose une barrière élevée à l'entrée pour les concurrents potentiels. Par exemple, rien qu'au cours des cinq dernières années, Meta a dépensé environ 75 milliards de dollars en R&D et 50 milliards de dollars en ventes et marketing.
Et même ce niveau de dépenses ne garantirait pas la même notoriété de marque qui a permis à Google, par exemple, d'avoir un quasi-monopole sur le segment de la recherche en ligne et d'entrer dans le langage courant (« googler »).
Il existe des sociétés de croissance à long terme de grande qualité dans divers secteurs d'activité. Ce qui importe à Aziz V. Hamzaogullari, c'est qu'une entreprise réponde à ses critères de qualité, de croissance et de valorisation. Prenons l'exemple de Boeing : ses activités principales, à savoir la construction d’avions à fuselage étroit et d’avions à fuselage large, présentent des barrières à l'entrée extrêmement élevées, et seul Airbus est en mesure de contester sa position dominante sur le marché. A elles deux, elles contrôlent 90 % du marché. Comme le fait remarquer Aziz V. Hamzaogullari, « si vous souhaitez prendre l’avion, vous n'avez pas vraiment d'autre choix que ces deux entreprises. » Même en tenant compte des annulations liées à la pandémie de Covid 19, le carnet de commandes de Boeing équivaut à près de cinq ans de production sur la base du taux de livraison de 2018 à son pic.
Visa dispose d'un avantage à long terme tout aussi défendable sur son vaste marché cible : elle a émis plus de 3 milliards de cartes de crédit et de débit en partenariat avec 16 000 banques émettrices de cartes, et opère dans plus de 200 pays où ses cartes sont acceptées par 61 millions de commerçants. Malgré son envergure gigantesque, Aziz V. Hamzaogullari estime que la part de Visa ne représente qu'environ 18 % du marché mondial des dépenses personnelles de consommation. Son potentiel de croissance reste donc très important.
Selon lui, « ces entreprises sont essentielles aux échanges commerciaux ». « Il suffit de penser à ce qui s'est passé lorsque les services de Facebook se sont interrompus pendant quelques heures. » Un grand nombre d'entreprises en ont souffert en raison de leur dépendance élevée à Facebook pour diffuser leurs publicités.
Attendre patiemment l’apparition d’anomalies de valorisation
Les intervenants de marché ont une fâcheuse tendance à se mettre à l'abri à la moindre mauvaise nouvelle ou à prendre des positions justifiées par un optimisme inopportun. Les anomalies de valorisation qui en découlent offrent des opportunités aux investisseurs actifs, positionnés à long terme et soucieux des niveaux de valorisation, tels que notre équipe GES. En se fixant une marge de sécurité par rapport à ses propres estimations de la valeur intrinsèque, Aziz V. Hamzaogullari achète des entreprises à forte croissance qui présentent une décote de valorisation, et vend à découvert les valeurs de croissance surévaluées et structurellement déficientes dont les valorisations sont trop élevées. Après avoir mené des recherches largement en amont, Aziz V. Hamzaogullari attend alors patiemment que le marché lui offre ces opportunités.
Au 31 décembre 2022 , la poche de positions longues de la stratégie affichait une décote de 49,4 % par rapport à la valeur intrinsèque estimée par l'équipe, tandis que la poche de positions courtes présentait une prime de 29,8 % par rapport à la valeur intrinsèque.
Bien souvent, le catalyseur des anomalies de valorisation apparaît lors des publications de résultats trimestriels inférieurs aux attentes du consensus. « Amazon est une entreprise formidable, mais de temps à autre, elle connaît ce que les investisseurs à court terme considèrent comme un « mauvais » trimestre, explique-t-il. Ces 16 dernières années, Amazon a publié des résultats trimestriels inférieurs aux anticipations 12 à 13 fois. À pas moins de 11 reprises, l’annonce a déclenché une baisse du cours de l'action de 20 % voire plus, alors que les avantages structurels et la trajectoire de croissance à long terme d'Amazon demeuraient intacts.
Les chiffres décevants à court terme s'expliquent souvent par une raison stratégique évidente. Les dépenses d'investissement en sont une. Lorsqu'Alphabet, par exemple, a acheté YouTube pour 1,65 milliard de dollars en 2006, de nombreux investisseurs se sont montrés sceptiques. Pourquoi payer autant pour des revenus aussi faibles ? Sauf que Google avait bien compris que la vidéo serait une composante essentielle de la publicité en ligne.
Facebook a également décidé de passer au format vidéo. Tout comme l’entreprise l’avait fait en passant de l'ordinateur à l’application mobile, puis du fil d'actualité aux articles. L’utilisation intensive de capitaux pour créer le format vidéo d'Instagram, « Reels », a notamment semé le doute. Aziz V. Hamzaogullari a profité de la baisse récente du cours de l'action pour renforcer sa position sur cette société de croissance séculaire de grande qualité.
Quant à Boeing, son titre se négocie toujours avec une décote de plus de 50 % par rapport à sa valeur intrinsèque, après la dégringolade de 90 % du trafic aérien en raison de la pandémie. « La pandémie a occasionné la plus forte anomalie de valorisation de cette entreprise depuis des décennies, offrant ainsi une opportunité historique », fait remarquer Aziz V. Hamzaogullari.
« Ce type d'opportunités d'arbitrage ne se produit que lorsque les investisseurs émettent des avis très différents sur l'avenir d'une entreprise. » Autrement dit, tout consensus tue la moindre opportunité d'investissement. Exploiter ces opportunités nécessite un processus discipliné et une grande patience. « Il faut être convaincu du bien-fondé de son positionnement quand les autres sont mal à l’aise avec le leur. »
Les investisseurs adeptes de la gestion passive affirment souvent que les valorisations des grandes capitalisations sont efficientes. Toutefois, les exemples mentionnés montrent que les inefficiences existent bel et bien, même pour les grandes capitalisations les plus connues. Aziz V. Hamzaogullari souligne que les distorsions entre le risque et la valorisation sont souvent plus importantes lorsque l’entreprise possède une grande notoriété et un actionnariat élargi.
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