Le repli des données économiques et le discours hawkish des banques centrales ont conduit les marchés à anticiper une pause dans les hausses de taux d'intérêt. Si les taux se stabilisent, quelles seront les conséquences pour les obligations indexées sur l'inflation ?
Le comportement des investisseurs se traduit souvent par d'importants afflux de capitaux dans les obligations indexées sur l'inflation lorsque celle-ci s'envole, puis par de fortes sorties de capitaux à l'approche du pic, quel que soit le niveau d'inflation. Le cycle d'inflation actuel ne fait pas exception et les investisseurs ont commencé à délaisser ces obligations dès la fin 2022, alors qu'un pic d'inflation globale était anticipé. Cette tendance se poursuit aujourd’hui. Les investisseurs se heurtent néanmoins à un défi de taille, celui d'une inflation qui reste historiquement élevée. Malgré des chiffres d'inflation inférieurs aux prévisions en octobre, l’inflation sous-jacente demeure élevée. D'autre part, tous les indicateurs restent supérieurs à l'objectif de 2 % fixé par les banques centrales et les chiffres de croissance ne sont pas encore suffisamment faibles pour que l'on puisse raisonnablement anticiper un retour de l'inflation vers cette cible.
L'inflation est tenace, et ce phénomène devrait persister au cours des dix prochaines années. La révolution verte, la récente tendance à la relocalisation et les préoccupations relatives au déficit budgétaire sont autant de facteurs susceptibles de maintenir l'inflation à un niveau élevé, si bien qu'il n'est pas exclu que les niveaux d'inflation restent volatils pendant encore un certain temps.
Néanmoins, comme le montrent les graphiques ci-dessous, les économistes continuent de tabler sur un retour de l'inflation à un niveau proche de l’objectif de 2 % d’ici fin 2024 et sur son maintien à des niveaux supérieurs à ceux de la période antérieure au Covid, en particulier dans la zone euro.
À cela s'ajoute le fait que les anticipations d'inflation à un an sont très proches de 2 %, soit nettement en deçà de celles des économistes et des banques centrales. Comme le montre le graphique, les points morts d’inflation à long terme indiquent que le marché anticipe une inflation future similaire à celle observée entre 2010 et 2013.