Alors que la pandémie de Covid-19 fait planer une ombre menaçante sur nos économies, le marché de la dette à haut rendement a connu de grands bouleversements, parmi lesquels toute une série de rétrogradations d’émetteurs vers le segment du haut rendement. Ce dernier présente toutefois des signes de résilience et offre des opportunités pour les investisseurs, estime James Gledhill, gérant de portefeuille de la stratégie Euro High Yield d’AXA IM.
Deux aspects fondamentaux du marché du haut rendement ont donné aux émetteurs une chance de résister à la tempête. Tout d'abord, les entreprises y ont tendance à allonger le profil de remboursement de leurs emprunts, généralement en faisant glisser leurs arrangements à court terme vers des échéances à plus long terme. Ensuite, les facilités de crédit renouvelables (RCF) procurent aux entreprises une certaine souplesse, qui leur permet d'accéder à tout moment à des liquidités, à concurrence d'une limite préalablement définie. Bref, les entreprises de ce segment ne nécessitent a priori aucun refinancement soudain et à grande échelle. Dans un secteur rôdé aux situations éprouvantes, la marge de manœuvre est déjà intégrée.
Cela étant, les dommages sont inévitables. L'arrêt brutal de certains pans de l'économie a provoqué un effondrement de l'activité, dans certains cas à des niveaux quasi nuls, et ce, mois après mois. Une catastrophe pour les détaillants, l'HoReCa (secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés), les compagnies aériennes et bien d'autres. Au sein du haut rendement, le secteur énergétique, et plus particulièrement les entreprises liées à l’exploitation du pétrole américain, figure parmi les plus durement touchés.
Combler l'écart
Après avoir atteint un sommet, les spreads se sont rétrécis, mais demeurent nettement supérieurs aux niveaux d'avant la crise, ce qui constitue à nos yeux une opportunité pour les investisseurs. Au 22 juillet, les spreads s'établissaient à 483 points de base (pb) en Europe, à 533 pb aux États-Unis et à 559 pb à l'échelle mondiale1. Quoiqu'inférieurs au pic atteint en mars (de 383 pb, 554 pb et 535 pb respectivement), ces niveaux n'en demeurent pas moins de quelque 200 pb plus élevés qu'en début d'année. En termes d'émissions, les États-Unis tiennent toujours le haut du pavé, et représentent plus de la moitié du marché du haut rendement à l'échelle mondiale. Les investisseurs britanniques et européens qui cherchent à mettre un pied sur le marché américain noteront que les coûts de couverture ont chuté (voir Figure 1). Après les plus hauts historiques de la fin 2018, les taux zéro effectifs de la Réserve fédérale signifient que les coûts de couverture de change se situent dorénavant à des planchers inédits depuis 2015.