Table ronde

La fonction finance, moteur de la transformation numérique des entreprises

Publié le 27 septembre 2019 à 11h20

Propos recueillis par Patrice Remeur

Les évolutions apportées par le numérique se distinguent des évolutions précédentes induites par la mécanisation ou l’électrification. En effet, elles modifient toute la chaîne de valeur des entreprises, les modèles économiques ou encore les échanges entre les acteurs. Dés lors, comment naviguer pour les directions financières ? Pourquoi ouvrir l’entreprise et travailler avec les écosystèmes ? L’heure de la reprogrammation des activités semble avoir sonné. Pour les directions financières, les enjeux à relever ne sont pas seulement techniques, mais également sociaux.

Quelles sont les avancées technologiques majeures actuelles, et quelles sont leurs applications dans la sphère financière ?

Alain Clot, président, France Fintech : Les services financiers sont dans une phase de forte transformation rendue possibles par les trois briques technologiques que constituent l’intelligence artificielle, la blockchain et l’internet des objets. Ces technologies évoluent très rapidement du fait notamment de l’accroissement des capacités de calcul, de transmission et de stockage, et du développement des algorithmes. Le numérique permet la création de nouveaux parcours client et des usages innovants correspondant aux attentes fortes des nouvelles générations (et des autres). Les nouveaux consommateurs comme les «millennials» souhaitent à la fois se voir proposer des solutions performantes et être partie prenante de leur élaboration.

Les usages mutent profondément. C’est le cas, par exemple, des nouvelles applications de paiement, du financement participatif ou du conseil en investissement. Ces innovations sont infiniment plus liées à l’expérience utilisateur qu’à la technologie proprement dite.

Jusqu’à présent, l’attelage de la transformation était tiré essentiellement par le parcours et les usages. La technologie est en train de prendre un rôle nettement plus moteur. Pourquoi ? Parce que les avancées en matière d’lA et de blockchain permettent tellement d’avancées qu’un certain nombre de start-up se créent sur un savoir-faire technologique et réfléchissent ensuite aux différents types d’usages et modèles qu’elles peuvent développer.

La tendance actuelle est donc l’accent mis sur les technologies de la donnée, la «plateformisation» des modèles (et non plus la fourniture d’un seul service «vertical») et l’approche de nouveaux segments de clientèle : TPE-pros-PME, clientèle patrimoniale, grandes entreprises. L’assurance dans son ensemble est désormais l’un des principaux thèmes d’investissement.

Bertrand Allard, partner chez Argon Consulting : Pour apporter un prisme complémentaire, on vient de réaliser un sondage avec BVA pour connaître les leviers digitaux les plus répandus dans les fonctions financières. Quels sont les résultats ? Ce qui se développe toujours, c’est la dématérialisation à hauteur de 80 %.

Le deuxième sujet pour les DAF est l’émergence des solutions SaaS/cloud avec des solutions applicatives modernisées. On voit aussi le développement de solutions plus tactiques telles que la robotisation des processus. L’IA est un vaste sujet. Je préfère parler plutôt de machine learning qui apparaît de plus en plus dans les solutions présentées sur le marché. Les applications se font davantage dans l’aide à la décision et la planification financière par exemple.

Ce qui est intéressant, c’est qu’au cœur de ces évolutions, il y a l’enjeu de la data.

François Lacas, directeur des opérations adjoint chez Yooz : Toutes les technologies qui viennent d’être nommées permettent une approche de la transformation digitale très pragmatique. Il me semble que ce sont des moyens d’amorçage pour l’ensemble des directions. Ces technologies apportent trois leviers. Tout d’abord, économique. Elles entraînent des gains de temps et une baisse des coûts. Ensuite, un levier d’engagement. Les collaborateurs s’enrichissent de tâches à valeur ajoutée. Enfin, c’est une plus grande sécurisation de l’ensemble des processus, de la data et de la conformité. La conjonction de ces grandes technologies permet une mise en place rapide et opérationnelle plutôt que de vastes plans stratégiques à cinq ans qui n’aboutissent pas. Les technologies créent des opportunités stratégiques.

Eric Jamet, directeur marketing & innovation chez Tessi : En matière de processus documentaires, l’arrivée de l’IA vient par exemple suppléer des technologies qui arrivent à leur limite en termes d’automatisation et performance de traitement. Un autre exemple dans le domaine des paiements : l’instant payment. Il n’est pas encore développé en France, mais il vient bouleverser l’écosystème des moyens de paiement par ce que permet sa technologie en termes de bénéfices d’usage.

Un autre élément qui n’a pas été évoqué : la confiance numérique. Son cadre d’application s’est énormément précisé, boostant ainsi l’adoption des outils de signature électronique. Elle est au centre des échanges et de la conformité. Les projets dans ce domaine s’intensifient car les directions financières sont de plus en plus rassurées. Elles voient là encore de multiples applications et des gains tangibles : cycle de contractualisation plus court, souscription multicanal, réduction des coûts directs liés à la suppression du papier, etc.

Frédéric Massy, directeur marketing et communication chez ITESOFT : De nouvelles vagues technologiques arrivent régulièrement sur le marché : blockchain, IA, RPA, machine learning… Elles suivent invariablement le même cycle d’attentes parfois disproportionnées suivies de désillusions, avant de trouver des applications métier concrètes au sein des organisations.

Notre conviction reste que les technologies doivent avoir pour objectif de rendre une organisation plus performante, à savoir plus intelligente, plus rapide et plus sûre. Si les cas d’usage potentiels pour les nouvelles technologies sont nombreux, il faut remettre ces dernières dans une perspective de plus long terme. Certes, elles permettent la transformation d’une tâche ou d’une opération sur laquelle elles sont employées, mais au final c’est l’automatisation d’un processus de bout en bout et dans son intégralité qui crée de la valeur. Il nous semble également que des technologies disponibles depuis plusieurs années comme la dématérialisation ou le cloud représentent toujours pour les entreprises un formidable potentiel de productivité pour les organisations ; dans ce contexte, les nouvelles avancées mentionnées (IA, blockchain, etc.) sont un levier pour les enrichir et les rendre plus performantes.

Quelles sont les limites actuelles aux avancées ?

François Lacas : Il n’y a plus de limites actuellement au niveau des technologies. Quand on combine cloud, IA, machine learning, deep learning, big data, le tout mélangé avec des parcours utilisateurs, avec du design pour simplifier le tout, on brise l’ensemble des freins ! Jusqu’alors par exemple, la dématérialisation n’était réservée qu’aux grandes entreprises ou administrations. Chez Yooz, avec les meilleures technologies, nous apportons à tous des solutions de transformation.

Eric Jamet : Effectivement, d’un point de vue purement technologique, il n’existe pas de limite. Les limites éventuelles qu’on peut encore trouver en France portent plutôt sur la question : «comment accélérer ?». Malgré tout, ces technologies dans leur mise en œuvre sont toujours confrontées au dispositif réglementaire, et suivant les secteurs à des décrets d’application supplémentaires. Cette situation freine ainsi l’exécution des projets et les bénéfices liés au numérique.

Un autre frein : l’hétérogénéité que peut revêtir un processus donné (par exemple la gestion d’un dossier de crédit) d’un client à un autre et parfois même au sein d’un même groupe. Elle entrave une robotisation naturelle permise par la technologie et nécessite pour les entreprises de standardiser ou de transformer leurs processus, afin qu’ils soient le plus possible éligibles à la robotisation.

Bertrand Allard : On vit une époque de bascule très intéressante. On est loin de l’IA telle que définie par les scientifiques avec des réseaux de neurones capables de concurrencer l’homme. L’un des dangers est de croire que la technologie va résoudre tous les problèmes. Il faut remettre du réalisme et du pragmatisme dans tout cela. Il y a beaucoup de processus qui sont automatisables. Mais tous ne le sont pas. Ce qui est important, c’est d’enclencher la dynamique d’automatisation et d’envisager la trajectoire de transformation.

Il s’agit de s’approprier les outils et d’identifier les processus qui pourront être automatisés dans quelques mois ou années car la technologie évolue très vite. Notre cabinet accompagne les DAF dans la construction de leur roadmap de transformation digitale.

Alain Clot : Même si la définition de l’IA donne lieu à des débats d’experts passionnés (certains spécialistes allant jusqu’à nier son existence en tant que rupture profonde), tous s’accordent à reconnaître son potentiel énorme. Le meilleur est encore à venir : nouvelle approche du risque, conseil, etc.

Je vois cependant plusieurs limites qui devront être dépassées. La première, ce sont les ressources humaines. Nous faisons face à une sévère pénurie de talents avec une surenchère en termes de coûts. La deuxième est la quantité de donnée véritablement exploitable. Si la donnée explose en doublant en moyenne tous les deux ans, en revanche, la donnée de qualité n’est pas si abondante. La troisième concerne la pénurie de robots, notamment dans l’industrie. La quatrième est le financement disponible pour l’innovation. En France, celui-ci progresse mais des difficultés majeures subsistent sur le segment de l’amorçage. La dernière limite est liée à la culture. C’est sans doute la plus sévère. La technologie requiert une réflexion stratégique sur la donnée, des contournements de systèmes informatiques historiques, des expérimentations, des nouveaux langages, des prises de risque, l’acceptation de l’échec, etc.

Frédéric Massy : Les technologies en tant que telles n’ont pas de limites théoriques. En revanche le premier facteur limitant est certainement la capacité d’adoption : formation des collaborateurs, organisation en place, ressources spécialisées, contraintes réglementaires, sécurisation des échanges. Le second facteur tient au fait que, si l’expérimentation est un point de passage nécessaire, l’identification des cas d’usages pertinents est parfois plus complexe, entre autres parce que ces technologies doivent s’inscrire dans un écosystème qui va au-delà de l’entreprise. Dans ce contexte, nous pensons que notre rôle d’éditeur est précisément d’investir par nos efforts de R&D dans ces technologies pour les intégrer dans nos applications et services et, ainsi, d’en faciliter l’usage et d’accélérer les bénéfices pour nos clients. Dans ce contexte, les approches cloud et SaaS représentent un potentiel de démocratisation important pour réduire la complexité de déploiement et nous le constatons tous les jours au sein des directions financières.

Quel est le degré d’importance des données dans l’essor des technologies ?

Bertrand Allard : On peut avoir les plus belles solutions : s’il n’y a pas de donnée, elles ne fonctionnent pas. La donnée est le carburant de l’IA. L’un des sujets importants est la donnée structurée. La bonne nouvelle, c’est que grâce aux algorithmes statistiques on peut structurer des données non structurées. C’est ce qui permet d’enclencher des automatisations par la suite. L’enjeu pour les entreprises est également d’avoir une véritable gouvernance de la donnée pour en tirer pleinement profit. Ce qui est fondamental à retenir, c’est que la donnée permet de nouveaux services et refond certains business models.

François Lacas : Oui, la donnée est centrale. Notre vision, c’est qu’elle ouvre une série d’opportunités. Pourquoi ? Parce que c’est l’opportunité d’automatiser. C’est aussi un moyen de créer de la confiance au sein des organisations ou avec l’extérieur en la faisant circuler. C’est enfin l’occasion d’améliorer la maîtrise ou le contrôle à travers le reporting ou la conformité. Pour arriver à mieux exploiter la donnée, il y a deux aspects importants. L’outillage pour la rendre intuitive et puis la culture, comme l’a évoqué Alain Clot, afin d’inoculer cette nouvelle vision dans les organisations.

Alain Clot : Des fonctionnalités très intéressantes apparaissent grâce au croisement de données issues de sources très disparates ou non structurées. On peut citer les applications prédictives et la création de scores. Dans le domaine financier, c’est particulièrement important, par exemple en matière d’analyses de crédit algorithmiques. L’établissement en déduit un profil et apporte une réponse appropriée en fonction du risque et de la situation individuelle du client.

Fondamentalement, l’enjeu du numérique est «d’industrialiser l’individualisation», formulation qu’il ne considère pas comme un oxymore...

L’autre point déjà évoqué est la question centrale de la confiance. On le constate dans l’injonction contradictoire des clients («digital privacy paradox»). Le consommateur veut des services personnalisés, mais répugne à fournir ses données, en différenciant fortement sa réponse en fonction des usages et des fournisseurs Les consommateurs entrent désormais dans une approche de type transactionnel avec les fournisseurs. Données contre service ou avantage. DSP 2, RGPD, les textes nouveaux créent les bases d’échanges transactionnels. Cela va questionner de nouveau le thème essentiel des tiers de confiance.

On constate des difficultés moins techniques que culturelles ou politiques à croiser les données au sein des établissements financiers. Or le potentiel est très important. Gardons en tête la libération déjà ancienne de la donnée médicale (libre accès à son dossier) qui n’a pas donné grand-chose, faute de dossier informatisé unique et de circuit automatisé de circulation. Il semble qu’avec RGPD, DSP 2, etc., les régulateurs ont tiré les leçons du passé en termes de facteurs de réussite. A condition bien sûr de garantir la sécurité et l’intégrité des données et de réussir la transition, ce qui n’est pas acquis à l’heure actuelle.

Eric Jamet : L’une des évolutions est que la donnée devient de plus en plus accessible y compris par les utilisateurs eux-mêmes. L’évolution vers le cloud et le SaaS facilite cette accessibilité. Il y a alors nécessité de la protéger. Après le capital humain, c’est certainement la donnée qui est le capital de l’entreprise le plus important. Tout d’abord, de par le volume présent ! Ensuite, bien exploitées, les données permettent de connaître et d’anticiper de nombreuses choses. L’une des tendances pour bien les gérer sera l’encadrement de leur exploitation et la certification des acteurs Tessi, en tant qu’hébergeur de données de santé par exemple. Ils assurent un haut niveau de sécurité et de confidentialité.

Frédéric Massy : La donnée est le carburant de la transformation digitale. Elle est au cœur de la performance, permettant de piloter l’organisation et ses processus en temps réel et de prendre des décisions informées. Elle est également essentielle pour nourrir les algorithmes d’IA et en optimiser les résultats.

Le défi principal d’une organisation, et les directions financières n’y échappent pas, c’est de disposer d’une donnée fiable, exhaustive et valide. Une étude récente de l’AIIM montre que le volume d’information reçue par une entreprise va encore doubler dans les deux prochaines années et que plus de la moitié de ce volume correspond à une information non structurée, à savoir des documents au format papier ou image, comme le PDF. La capacité à reconnaître et extraire à moindre coût les données critiques et essentielles au bon fonctionnement de l’organisation est donc un enjeu majeur. Par ailleurs, la sécurisation et la fiabilisation de ces données sont aujourd’hui primordiales tant le digital ouvre de nouveaux risques pour les entreprises, entre autres de fraude. Ce sont deux domaines dans lesquels nous investissons massivement pour proposer des innovations de rupture à nos clients.

Quelle est la situation et la position de la France dans la digitalisation par rapport au reste du monde ?

Alain Clot : La France est comme toujours un paradoxe. On y voit le meilleur et le pire... La perception internationale a fondamentalement changé. Aujourd’hui, être d’origine française lorsque vous travaillez dans la donnée est presque un label, du même type que celui dont nous bénéficions dans le vin ou le luxe (mais sans les acteurs mondiaux associés). La France des sciences cognitives est de classe mondiale s’agissant des savoirs académiques. De fait, de nombreux Français dirigent les travaux de recherche dans le monde ou chez les GAFAM.

La France est dans le top 2 européen en nombre de start-ups qui travaillent sur l’IA et première en nombre de laboratoires de recherche dédiés à l’IA. Nous disposons du plus grand nombre d’incubateurs-accélérateurs en Europe (y compris le plus gros au monde). En capital risque dédié à l’innovation, nous sommes également dans les tout premiers. Ce constat global masque les difficultés rencontrées dans le financement de l’amorçage (premières centaines de milliers d’euros) ou de l’accélération des entreprises (tranche de 15 à 35 millions d’euros). Ceci n’est pas étranger au fait que si nous sommes le pays qui voit naître le plus de nouvelles entreprises, nous sommes aussi celui où elles meurent le plus. Ce qui a changé, c’est la vitesse d’accélération requise et la taille critique nécessaire.

Nos acteurs innovants sont nombreux et compétents, mais encore trop petits. Nous ressemblons à une forêt de bonsaïs dans certains secteurs ! Nous ne disposons pas de suffisamment de champions de taille mondiale. La France doit également transformer la recherche et l’innovation en succès viables et solvables. Nous progressons rapidement et disposons désormais d’un véritable écosystème, fédérant les start-ups, les labos, les universités et grandes écoles, les fonds d’investissement, les acteurs traditionnels, mais aussi les pouvoirs publics, les régulateurs, la sphère politique en général.

François Lacas : Il y a effectivement un «French paradox». Vu de l’extérieur, la France joue un rôle de leader dans les domaines technologiques et scientifiques. En même temps, nos entreprises mettent plus de temps à adopter les innovations. Pourquoi ? Parce que le cycle de décision est long et les entreprises n’expérimentent pas suffisamment. Alors que les Anglo-Saxons plongent dans les projets pour tester et appliquer les innovations.

Eric Jamet : Je pense qu’il y a un phénomène culturel déjà évoqué. Nous sommes un pays encore attaché à la culture du papier, même si les avantages du numérique ne sont plus à démontrer. Il y a encore une peur du risque. La bonne nouvelle, c’est que la France se soigne. Les législateurs réforment les cadres d’application en faveur du digital. Les textes sont désormais clairs. Par exemple sur l’application de la valeur probatoire des copies numériques issues d’originaux papier.

Ce phénomène permet d’étendre aujourd’hui la digitalisation à des processus voisins des directions financières, comme le bulletin de paie et les dossiers RH par exemple.

Bertrand Allard : La France fait partie des premiers de la classe dans l’innovation mais pas dans l’appropriation. Lorsque vous allez en Chine, il y a une adoption des technologies qui est beaucoup plus forte qu’en Europe et qu’en France. Il y a encore beaucoup d’inerties dans certains secteurs ou de la part du législateur. Dans les pays nordiques, il y a 20 ans les entreprises échangeaient des données EDI sans contraintes par exemple. Ils ont conservé ce dynamisme sur les nouvelles technologies. En France, nous devrions être aussi bons dans l’appropriation que dans l’innovation. D’autant plus que nous disposons de nombreuses pépites.

Frédéric Massy : La France a une réelle culture scientifique et de l’innovation technologique, en revanche la mise en œuvre peut parfois manquer du pragmatisme anglo-saxon.

En matière de digitalisation des processus, nous constatons que les grands groupes français opèrent désormais sur des modèles similaires à ceux de leurs homologues européens, dans le contexte réglementaire qui leur reste propre et en fonction de l’adoption des technologies par leurs parties prenantes – fonction publique, clients, fournisseurs. Il n’en reste pas moins que de nombreux processus sont encore candidats à la dématérialisation. Les entreprises de taille intermédiaire ont pour leur part un potentiel encore important de digitalisation de leurs processus. Grâce aux solutions SaaS et à des modèles plus simples, délivrant immédiatement de la valeur, nous constatons une réelle appétence pour accélérer les investissements.

A qui s’adressent les outils de dématérialisation?

François Lacas : Les outils de dématérialisation s’adressent à tout le monde. Nous disions préalablement que les technologies n’avaient plus de limite. Cette situation a pour effet d’ouvrir l’accès à tous. La capacité à combiner la simplicité, l’accessibilité, la performance et la couverture fonctionnelle permet aux entreprises de bénéficier des outils.

Eric Jamet : Si l’on met à part les applications verticales, les évolutions des outils de dématérialisation ont permis de sensibiliser les directions métiers, en plus des DSI. La révolution du cloud et des applications hébergées a éloigné la problématique technique pour se concentrer sur les problématiques métiers. Aujourd’hui, les outils sont intégrés dans des logiques de plateformes plus accessibles. Ils sont intégrés également dans des dispositifs métiers qui ont été revus. Les outils de la dématérialisation sont nativement accessibles à tous types d’utilisateurs. La dématérialisation est passée d’un usage et d’une réflexion technique à une recherche de ROI métiers et business.

Bertrand Allard : Je suis souvent confronté à des dirigeants qui voient une pléthore de solutions. La question du DAF est alors souvent : qu’est-ce que je fais de tout ça ? On ne fait pas du digital pour faire du digital. Le numérique est l’un des leviers pour répondre à un problème. La question est donc de savoir identifier son problème.

Ensuite, il s’agit de savoir comment faire les bons choix dans les multiples solutions. Le cloud et l’émergence de nouveaux acteurs ont amené cet «hyperchoix». Il faut donc revenir aux problèmes que l’on veut résoudre pour faire les choix.

Frédéric Massy : La dématérialisation a d’abord eu pour objectif d’éviter de faire circuler un document papier et de pouvoir l’indexer, l’archiver et le retrouver. Aujourd’hui, la dématérialisation doit véritablement avoir pour objectif d’accélérer et de fiabiliser les décisions en digitalisant l’ensemble d’un processus.

Dans ce dernier contexte, elle concerne toutes les entreprises, petites ou grandes. Le cloud et les applications en mode SaaS ont ouvert au plus grand nombre l’accès à des processus dématérialisés, tels que le traitement de factures fournisseur et le processus purchase-to-pay. En s’appuyant sur ces solutions, chaque entreprise peut réduire fortement ses coûts, accélérer ses traitements et piloter ses processus.

Par ailleurs, on passe actuellement d’approches technologiques à des approches métier avec des bénéfices quantifiables qu’il faut rendre plus rapidement et simplement accessibles. Par exemple nous avons fait le choix de pousser de manière unique les bénéfices du cloud dans nos solutions, en mutualisant la donnée et les référentiels au-delà même des infrastructures ; à l’image de l’application Waze qui permet de bénéficier de l’information de centaines de conducteurs, les données de nos centaines de clients améliorent en continu les performances de dématérialisation pour chacun d’entre eux.

Alain Clot : Dans les services financiers, la transformation s’est faite dans un premier temps dans les services aux particuliers. Les thèmes se diversifient de plus en plus. Vers celui de l’entreprise, notamment la TPE. On assiste à la multiplication des coopérations entre les grands groupes et les start-ups, et même à une forme d’externalisation des fonctions jugées jusqu’ici «régaliennes». Dans les services financiers, l’impératif de connaissance client («KYC») est de plus en plus traité au travers de coopérations grands établissements – petites structures. C’est une évolution profonde. Un changement culturel.

Les principaux domaines de déploiement de l’IA en finance sont la productivité (aussi bien commerciale, pour réduire le coût d’acquisition du client, que d’exploitation pour baisser le point mort), les risques, tant opérationnels que de contrepartie, la connaissance et l’interaction avec le client. Enfin, l’immense sujet du conseil. C’est le sujet stratégique numéro 1 des entreprises de services.

Les blockchains et l’IA sont-elles réellement les révolutions annoncées ?

Bertrand Allard : Il y a deux sujets selon moi. La blockchain aura un impact important dans le secteur financier. On pense aux cryptomonnaies, mais aussi aux smart contracts. Les activités de banques et d’assurances sont très concernées par ces changements. La blockchain permet également des applications très concrètes dans d’autres secteurs : gestion des flux, sécurité des échanges, traçabilité des opérations notamment en supply chain.

Dans le domaine des opérations, la blockchain est encore naissante. Concernant l’IA ou plutôt le machine learning, oui cela va changer la donne. En effet, les systèmes de gestion du marché comme les plateformes CRM ou ERP vont de plus en plus embarquer des fonctionnalités de machine learning. L’autre point est que le machine learning permet d’améliorer la valeur ajoutée des interfaces conversationnelles. Je peux aujourd’hui appeler un rapport, des informations, etc., je n’ai plus besoin d’adresser un e-mail au contrôleur de gestion pour disposer de l’information.

Il y a également un impact important sur certaines tâches cognitives que l’on peut automatiser à condition de disposer des données pour établir les modèles statistiques. L’enjeu réside dans le niveau de fiabilité des algorithmes et la qualité des données. Plus la machine dispose d’occurrences, plus elle est performante.

Le machine learning va impacter le directeur financier dans les activités de prévisions. Dans l’une des études que nous avons menées, nous nous sommes aperçus qu’aujourd’hui, l’un des défis à relever est la fiabilité de la prévision dans un monde mouvant. Le machine learning permet d’intégrer davantage de paramètres dans les modèles de prévision, ce qui renforce les analyses.

Je veux également rappeler des éléments quantitatifs. Le poids ou coût de la fonction finance est passé de 2 % du CA il y a quelques années à 1,6 %. Cela va continuer à baisser. Beaucoup de tâches transactionnelles vont disparaître dans les directions administratives et financières. Cela va changer la donne. Il va falloir accompagner ces transitions avec les collaborateurs.

Frédéric Massy : Le machine learning est déjà implémenté dans de nombreuses applications. On l’utilise pour la reconnaissance de documents, la détection de fraude, la reconnaissance vocale...

La blockchain, elle, va permettre de sécuriser les échanges de données et de documents au sein d’un écosystème. Par exemple, on peut stocker l’empreinte d’une facture dans la blockchain afin de s’assurer que celle-ci n’a pas été modifiée depuis son émission. On aurait donc une sécurisation à 100 % des flux grâce à cette technologie collaborative. C’est une perspective encourageante, mais nous en sommes encore loin et c’est la raison pour laquelle nous investissons également sur des technologies uniques de fiabilisation des transactions sur les documents papier ou numériques.

Alain Clot : L’IA aura comme chacun sait un impact très important dans le secteur financier, les fonctions et les emplois.

Cette technologie n’a d’ailleurs pas dit son dernier mot et évolue sans cesse, avec des développements extrêmement intéressants comme les GAN (generative adversarial networks) qui permettent de générer des données manquantes dans une série (analyse de risque, identification, etc.), le NMT (neural machine translation), qui s’applique à la traduction de nouvelle génération : le mot est intégré dans un espace multidimensionnel (le mot «chien» est rapproché de niche, alimentation animale, etc.), ce qui constitue un outil déterminant en analyse sémantique. L’application dans la documentation financière de ces technologies est très prometteuse.

Le potentiel de la blockchain est souvent surestimé à court terme et sous-estimé à long terme. A court terme, on a vu beaucoup de preuves de concept («PoC») et au final peu d’applications d’envergure. Par ailleurs, certains chantiers techniques doivent être résolus : choix de la technologie, obsolescence, vitesse des transactions, consommation d’énergie ou encore inviolabilité absolue…

Mais je n’ai guère de doute quant au potentiel de cette technologie et à son caractère profondément transformant. La blockchain aura un rôle éminent dans la protection d’informations sensibles, les échanges sécurisés, l’identité numérique, la désintermédiation des activités, les cryptomonnaies, etc. La blockchain chemine du reste avec l’IA. C’est tout dire.

Eric Jamet : Cela change la donne à plusieurs niveaux pour tous les acteurs. Pour les directions financières, cela bouleverse leurs choix de robotisation et d’automatisation ou, au contraire, cela les conforte sur des renoncements. La donne est également changée pour leurs partenaires, banques et tiers de confiance. Les directions ont l’opportunité d’externaliser un certain nombre d’activités pour opérer à leur place. Ces technologies touchent toutes les fonctions ou entités, et impactent nécessairement l’organisation des activités, des processus et des RH. Mais ces technologies sont aussi et surtout des opportunités pour capitaliser sur ce que les entreprises font de bien, sur leur savoir-faire cœur de métier. Une illustration précise par exemple dans la relation client. On peut avoir tendance à dire qu’un bot va remplacer le téléconseiller. Je pense qu’il va surtout apporter de l’assistance à la compétence humaine pour augmenter sa performance. Comme déjà vu par le passé, je doute que l’automatisation par l’IA vienne totalement suppléer l’expertise, le savoir-faire et la sensibilité des hommes et des femmes. En revanche, autour de l’IA, on aura besoin de prestataires de confiance dont l’apport sera beaucoup plus connecté à la chaîne de valeur de leurs clients.

Pour la blockchain, elle va redistribuer les cartes notamment dans la banque et l’assurance. Cette technologie permet de créer un système de confiance potentiellement autonome, ce qui peut remettre en cause les systèmes et acteurs existants.

François Lacas : L’IA est un outil. Elle n’est pas intelligente. Il ne faut pas en avoir peur. On peut la débrancher, la paramétrer ou l’orienter comme on veut. Oui, cela change la donne car l’IA revalorise l’humain. C’est une aide à la décision, prévision ou prédiction. Elle permet d’accélérer la capacité à prendre une décision et des initiatives. Elle a une valeur business qui est extrêmement forte !

Dans la réduction du risque, c’est un élément important grâce à l’anticipation. L’IA par exemple permet d’anticiper des risques de fraudes documentaires dans les flux au quotidien. La blockchain apporte une révolution dans les collaborations et change les paradigmes.

La fonction financière devient-elle le moteur de la transformation numérique et de l’innovation ?

Alain Clot : La fonction financière est au cœur du sujet pour au moins deux raisons. D’abord pour elle-même. La finance c’est la donnée, ne l’oublions pas ! Elle est donc susceptible d’être transformée radicalement et le sera. Les DAF sont coutumiers du changement, de l’observation des meilleures pratiques.

Un autre axe est celui du changement de l’entreprise dans son ensemble, auquel les directions financières contribuent fortement. Elles jouent un rôle central dans l’évaluation de la rentabilité des investissements technologiques et d’innovation, ce qui est une tâche de plus en plus complexe. Le ROI est parfois difficile à mesurer, diffus et lointain. Les arbitrages sont complexes mais nécessaires. Les groupes les plus efficaces sont ceux qui ont de bonnes interactions entre les impulsions montantes et descendantes (bottom-up et top-down). La fonction finance est au total un élément clé de la stratégie de la donnée et de l’arbitrage stratégique.

François Lacas : La fonction financière est le moteur de la transformation, pour deux raisons. D’abord, c’est une fonction qui est au cœur des processus. Le décideur est alors amené à les optimiser. La seconde raison est que le DAF change de rôle. Il devient le bras droit de la direction générale. Ainsi, il peut grandement influencer la stratégie de l’entreprise, notamment en matière de digitalisation. Il est donc central et moteur.

Le DAF 4.0 passe d’une fonction de finance pure à une fonction de gestionnaire d’un écosystème interne et externe. Il mue d’une fonction support à une fonction de création de valeur et finalement d’une expertise technique à une expertise globale et stratégique.

Eric Jamet : Le DAF a une place centrale. Il est au centre de l’écosystème car il est au milieu des échanges internes et externes. Il fait le lien avec tous, avec l’ensemble des processus de l’entreprise. Il est au centre de la relation avec le système bancaire qui conduit lui-même sa révolution digitale : cela ne peut pas être déconnecté !

Il ne faut pas oublier que l’Etat se digitalise avec au cœur de ses services l’identité numérique. Le DAF doit aussi en tenir compte et faire évoluer ses outils pour tirer pleinement profit de ses nouveaux services. Enfin, la fonction financière est clé dans la relation avec les autres processus internes. Le DAF n’a parfois pas qu’une responsabilité sur la finance de l’entreprise. Il encadre parfois (ou du moins influence) les processus RH, les services généraux, et même l’informatique. Par définition, le DAF est plus que jamais une fonction «augmentée» !

Frédéric Massy : Le DAF est au cœur de la transformation digitale des entreprises. Sa maîtrise des chiffres lui permet de modéliser et de piloter la valeur apportée par les projets de transformation.

Il a également un rôle clé dans la réduction des risques de conformité ou de fraude liés à la digitalisation des processus. Comment aujourd’hui accepter de perdre 1 % d’EBIT sur un risque mal détecté quand il est plus difficile que jamais de générer 2 % de croissance ?

Par ailleurs, si la direction financière reste le garant de la production de données financières à moindre coût, il est attendu qu’elle joue un rôle plus stratégique. La transformation des processus financiers est un levier de productivité pour permettre de focaliser les collaborateurs sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.

Enfin le DAF sera d’autant plus légitime dans son rôle de leader qu’il aura réalisé la transformation digitale de sa propre direction. Selon notre baromètre «Future of Finance», les projets de dématérialisation du processus P2P sont le fer de lance de la transformation digitale dans les métiers de la finance car 57 % des répondants affirment avoir un projet à court ou moyen terme. C’est une excellente vitrine car c’est un processus transverse très visible par toutes les directions.

Bertrand Allard : Notre enquête avec BVA montre que le leader de la transformation digitale est d’abord la direction générale. Elle impulse la transformation. Le DAF est clé dans la construction de la stratégie et sa déclinaison dans un monde où l’asset numérique est de mieux en mieux valorisé. Le leader opérationnel est surtout la fonction marketing et commerciale. Les investissements du digital sont surtout portés sur le client et les nouveaux business models.

La fonction RH se modernise aussi avec le digital. On compte plus d’une centaine de start-ups RH. La fonction achat profite du développement des plateformes marketplace avec l’e-commerce.

La fonction juridique peut bénéficier des nouveaux services de la legal tech. La fonction financière est donc l’un des moteurs.

La réglementation : frein ou accélérateur de la numérisation ?

Alain Clot : Les deux ! La réglementation est – légitimement – au cœur des services financiers. Mais elle se complexifie grandement. Son coût de gestion et de non-respect devient colossal. C’est donc un sujet stratégique. Il y a deux grandes conceptions historiques du sujet. La vision anglo-saxonne : protéger le consommateur bien sûr, mais aussi favoriser l’innovation, la concurrence, la place. La vision «latine» et notamment française : protéger le consommateur principalement par la limitation ou l’interdiction. Selon la légende, l’idée d’Uber serait née à Paris d’une frustration de client liée à un carcan réglementaire. Cependant, les systèmes ont convergé. Aujourd’hui, la réglementation est souvent à la pointe. Elle intègre les schémas techniques et colle de très près à l’innovation, voire la précède. «L’offre» de réglementation-supervision est devenue un enjeu tellement important qu’on assiste à une concurrence importante entre les pays européens ou à l’échelle mondiale pour attirer les acteurs innovants. La France a fait beaucoup de progrès.

Les regtechs sont nées des opportunités réglementaires. Elles représentent en ce moment une part importante des investissements dans la fintech. Un contexte réglementaire et de supervision de qualité et équilibré est un élément de compétitivité et d’attractivité certain. Je pense au RGPD qui devient un cadre mondial et stimule l’innovation. Il n’y a pas de technologie et d’innovation sans protection du consommateur et du marché.

François Lacas : On a souvent dit qu’en France, la réglementation court après les usages. Le document numérique fait partie de nos usages de longue date, mais jusqu’à récemment, aucun texte n’encadrait son utilisation. Ce retard français est en passe d’être rattrapé puisque plusieurs textes favorisant l’usage du document électronique ont fait leur apparition ces cinq dernières années. En matière de transformation numérique, les évolutions réglementaires s’affichent comme de vrais accélérateurs ! Depuis 2013, il est désormais autorisé aux professionnels d’utiliser le format qu’ils souhaitent, papier ou électronique, ce dernier n’étant plus un élément déterminant. En effet, une facture est définie aujourd’hui par son contenu et non plus par son contenant. Tout support incluant l’ensemble des éléments qui composent une facture doit être considéré comme une facture.

Plusieurs critères doivent cependant être respectés, garantir l’authenticité de l’origine de la facture, l’intégrité de son contenu ainsi que la lisibilité de cette dernière.

Eric Jamet : La réglementation à la française est souvent perçue comme un frein car elle cadre ou empêche de faire.

Elle a pu être contraignante pour des innovations. Cependant, elle écarte un certain nombre de risques. Par exemple, pour l’ouverture d’un compte bancaire. La réglementation s’est durcie mais cela permet de créer la confiance pour accélérer le développement des démarches en ligne ou sur mobile, et de réduire le risque. La réglementation permet également que les systèmes puissent s’opérer correctement.

La réglementation est nécessaire, mais il faut regarder de quelles manières elle ne risque pas de tuer les innovations. Dans le domaine des parcours clients par exemple. Il y a quelque temps, les souscriptions en ligne étaient stoppées par la nécessité, à un moment du parcours client, de vérifier matériellement des pièces ou des données. Aujourd’hui, elle précise les conditions permettant des parcours digitaux sans couture.

La réglementation progresse et devient un accélérateur en clarifiant un certain nombre de points problématiques et de flous. Le cadre clair, établi en 2017, relatif à la dématérialisation et à l’archivage des factures fournisseurs permet aux entreprises de se lancer dans des projets concrets avec des solutions qualifiées. La réglementation permet ainsi d’orienter le marché des solutions et des prestataires, pour être certain d’être en conformité.

Frédéric Massy : La réglementation est autant un frein qu’un levier de productivité, selon le prisme par lequel on l’observe. Les évolutions réglementaires encouragent la numérisation : une facture PDF envoyée par mail a désormais la même valeur qu’une facture papier, et la copie fiable permet de ne garder que la copie numérique d’un document reçu au format papier. Ces évolutions n’ont été réalisées que grâce à l’impulsion de l’Etat.

Pour autant, la réglementation arrive souvent en retard des avancées technologiques, dont le rythme s’accélère considérablement depuis plusieurs années. C’est pourquoi il est important que les solutions choisies par les entreprises puissent faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité face aux évolutions réglementaires et ordonnances qui nécessitent des refontes de processus sur des délais parfois très courts.

Bertrand Allard : Un cadre très réglementé est une opportunité pour la disruption ! Le deuxième aspect est que la mise en conformité a un coût. C’est un mal pour un bien car elle permet d’éviter des risques importants. Au final, on a besoin d’un cadre réglementaire pour soutenir l’économie numérique.

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