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Et si le PNF s’emparait du contentieux des « abus de marché » ?

Publié le 22 septembre 2023 à 11h30

Jeantet    Temps de lecture 11 minutes

La récente décision de la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris (25 mai 2023), qui a prononcé une amende de 2,6 millions d’euros, accompagnée d’une peine de prison ferme (deux ans) pour « manipulation de cours », à l’encontre d’un multirécidiviste, a beau faire figure d’exception, tout comme le placement en garde à vue du PDG de Casino, un mois plus tard, pour les mêmes raisons, cela permet d’imaginer une évolution – à terme – du contentieux des « abus de marché », dont le monopole (de fait) pourrait même échapper à l’AMF ?

Par Frank Martin Laprade, avocat, Jeantet

Certes, il est encore un peu tôt pour généraliser, mais il est en soi remarquable que – pour la première fois de son histoire – le PNF ait engagé des poursuites à l’encontre d’une personne accusée de « manipulation de cours », ce délit pénal dont les éléments constitutifs ressemblent à s’y méprendre à ceux du manquement administratif dont la sanction est confiée à l’AMF, au point que la France a été obligée de mettre en place (en 2016) une procédure dite d’« aiguillage »1 pour éviter de tomber sous le coup d’une atteinte au principe « ne bis in idem » de non-cumul des poursuites et des sanctions à raison des mêmes faits, posé par l’article 4 du protocole n° 7 de la CEDH.

Les praticiens se sont cependant habitués à ce que le PNF refuse systématiquement de « préempter » le dossier que lui transmettait l’AMF, à l’issue de sa propre enquête, lorsque son collège avait décidé d’ouvrir une procédure de sanction, à l’égard d’une personne physique ou morale soupçonnée d’avoir commis un « abus de marché » : on mesure dès lors la (petite) révolution que constitue le fait que le PNF n’ait pas vraiment eu ce choix dans l’affaire Boutin, dans la mesure où l’AMF – pourtant convaincue de la culpabilité du suspect puisqu’elle s’est portée partie civile, ce qui lui a permis d’être remboursée du coût de son enquête, soit 100 000 € – a effectué un signalement, sans attendre la fin de son enquête, avant de renoncer à initier sa propre procédure administrative de sanction.

1. Les prémices d’une future réorganisation procédurale ?

Il est vrai que le profil...

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