Afin de lutter contre la fraude au président, les entreprises disposent de plusieurs leviers d’action. Outre la sécurisation des procédures de virements internes et un contrôle rigoureux de l’information disponible sur la société, la sensibilisation des salariés s’impose notamment comme une démarche précieuse.
Par Hippolyte Marquetty, associé,
et Charlotte Bossuet, collaborateur, Chatain & Associés
Présenté par les médias comme «le père de la fraude au président1», Gilbert Chikli a été condamné, le 20 mai dernier, à une peine de 7 ans d’emprisonnement ainsi qu’au paiement de 1 million d’euros d’amende et de 5,5 millions d’euros de dommages-intérêts pour avoir escroqué plus d’une trentaine de banques et de sociétés en se faisant passer pour leur président ou pour un agent des services secrets.
La fraude au président, également connue sous le nom d’arnaque aux «faux ordres de virement internationaux» (FOVI), est un véritable cauchemar pour les entreprises françaises. Selon les chiffres de la police nationale2, entre 2010 et 2013, 1 200 plaintes ont été déposées et plusieurs centaines de faits ont été recensés pour un préjudice global de 300 millions d’euros. Ce type d’escroquerie représenterait plus de 10 % des fraudes3.
Le plus souvent commise depuis l’étranger, la fraude au président consiste pour un escroc à se faire passer, auprès d’un salarié ciblé, pour l’un des responsables de l’entreprise (directeur général, directeur administratif et financier, directeur des achats, etc.) et de le persuader d’effectuer, en urgence, un virement à destination d’un pays étranger, le plus souvent, au motif d’une opération importante (fusion-acquisition, offre publique d’achat, etc.).
La mondialisation et la révolution des moyens de télécommunication, comme la prolifération des normes de bonne gouvernance imposées aux entreprises, ont généré des failles que savent exploiter les auteurs...