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Le lobbying intensif de l’AMF pourrait bien lui avoir permis de remporter une victoire à la Pyrrhus devant l’assemblée plénière de la Cour de cassation

Publié le 27 janvier 2023 à 12h00

Jeantet    Temps de lecture 12 minutes

Le 16 décembre 2022, la formation la plus solennelle de la plus haute juridiction judiciaire française, l’assemblée plénière de la Cour de cassation, est venue contredire la chambre commerciale qui avait décidé, deux ans auparavant, le 14 octobre 2020, qu’aux termes de l’article L. 621-12 du Code monétaire et financier, l’AMF pouvait certes saisir les documents de l’occupant des lieux qu’elle aurait été préalablement autorisée à visiter, mais pas ceux d’une personne qui serait seulement de passage.

Par Frank Martin Laprade avocat associé, Jeantet

Cette affaire illustre à merveille les méthodes de « cow-boys » parfois employées par les agents d’investigation de l’AMF : frustrés de devoir s’en remettre au bon-vouloir de leurs homologues marocains, en application de leurs accords de coopération internationale, et les jugeant insuffisamment agressifs à l’égard de leurs propres ressortissants, administrateurs d’une société cotée française, lesquels faisaient l’objet de soupçons de manquement/délit d’initiés, ces enquêteurs n’ont pas hésité à tendre une embuscade à ces personnes physiques, sur le territoire national.

En effet, profitant de la présence (temporaire), en France, de ces résidents marocains qui comptaient prendre un vol aller-retour, dans la journée, entre Casablanca et Paris, afin d’assister à une réunion de conseil d’administration, laquelle avait nécessairement lieu « en présentiel » car il s’agissait d’arrêter les comptes, les enquêteurs se sont arrangés pour avoir l’autorisation du juge des libertés et de la détention (JLD) territorialement compétent (Créteil) de « perquisitionner » – ce jour-là – les locaux (siège social) de la société MBWS.

Au cours de cette visite dite « domiciliaire » – car elle est censée avoir lieu au « domicile » de la personne auprès de laquelle des documents peuvent être saisis, en sa présence ou en présence de deux témoins (si l’occupant des lieux n’est pas là), comme en matière de perquisition1 – les enquêteurs de l’AMF ont qualifié les administrateurs marocains d’occupants des lieux et ont siphonné l’entier contenu de leurs téléphones portables personnels.

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