Deux publications récentes de l’International Valuation Standards Council1 ouvrent le champ à des évolutions majeures dans la pratique des évaluateurs, au travers de la prise en compte des critères ESG dans la création de valeur. Ces travaux doivent être mis en parallèle avec la pratique IFRS des allocations de valeur, de tests de dépréciation et de reconnaissance des actifs incorporels.
Par Hugues de Noray, associé, Advolis
Le contexte de crise a pour conséquence de décaler la valeur sur le long terme. Or cet horizon est celui où les critères ESG s’avèrent déterminants pour justifier de la soutenabilité des projets, le maintien des marges, voire leur augmentation.
1. La prise en compte du long terme dans les tests de dépréciation
Début juin 2021, les indices boursiers ont retrouvé leurs niveaux les plus élevés, les taux d’intérêt restent très bas et les multiples de valorisation continuent d’augmenter. Ces facteurs ont pour effet mécanique de diminuer les taux d’actualisation. Dans un modèle « discounted cash flows » ou DCF (flux de trésorerie actualisés), la baisse du taux d’actualisation augmente le poids relatif des flux de trésorerie à long terme.
Au même moment, la durée persistante de la crise sanitaire a conduit, selon une étude récente2, 20 secteurs sur 24 à décaler de 2022 à 2024 l’horizon de leurs projections, et encore, à des niveaux inférieurs à la situation pré-Covid. La valeur d’une activité est ainsi décalée d’autant vers les flux éloignés dans le temps.
Dans un modèle DCF, le paramètre du taux de croissance à l’infini, souvent aligné sur un taux de croissance moyen de l’économie, est de plus en plus questionné pour s’assurer de la prise en compte de la spécificité sectorielle, de situations particulières de décroissance, ou d’impacts environnementaux (cohérence de la croissance d’activité des énergies polluantes dans le contexte des objectifs de la COP 21, etc.). Ces réflexions sont l’amorce d’une évolution plus profonde de la pratique des évaluateurs.