La mention d’enjeux climatiques dans les états financiers s’est généralisée en 2022. Une analyse des comptes des groupes du CAC 40 et de l’Euro Stoxx 50 dévoile la richesse de la palette d’informations données, tant sur la nature de ces enjeux que sur leurs effets comptables et sur le traitement des nouveaux instruments de politiques environnementales qu’ils induisent.
1. Enjeux détaillés et regroupés
Près de deux tiers des principaux émetteurs français et européens consacrent aux enjeux climatiques une note spécifique de leur annexe, comptant souvent plus d’une page.
Une majorité d’entre elles présente une analyse pédagogique qui irrigue les comptes. Trois émetteurs sur cinq décrivent les risques climatiques auxquels ils sont exposés ainsi que les enjeux d’adaptation et les éventuelles opportunités qu’ils engendrent.
Plus de neuf émetteurs sur dix mentionnent des engagements d’atténuation (essentiellement de réduction d’empreinte carbone) reconnaissant donc, en creux, un impact sur l’environnement.
Confrontant ces enjeux à leur propre stratégie, les groupes évaluent si les mesures prises sont susceptibles d’engendrer des effets significatifs sur les comptes.
2. Effets financiers variés dans l’annexe
Une revue poste à poste des états financiers révèle que, pour les deux tiers des émetteurs, les effets des enjeux climatiques portent sur les actifs non financiers. En effet, la durée d’utilisation ou la valeur recouvrable des immobilisations peuvent être réduites du fait de dommages (risques physiques) ou d’obsolescence prématurée (risque de transition). Dans les comptes 2022, peu de groupes ont constaté des dépréciations à cause d’enjeux climatiques mais l’information s’est enrichie sur les hypothèses clés (par exemple le prix de la tonne de CO2) et sur la gouvernance des tests de perte de valeur.
En outre, les annexes révèlent le caractère transformant des enjeux climatiques qui peuvent justifier une redéfinition des activités, et donc de l’information sectorielle, ou une réallocation d’actifs, et donc des investissements et financements. La communication insiste alors davantage sur l’effort de dépenses réalisées ou programmées, plutôt que sur le traitement comptable en immobilisation (capex) ou en charges (opex, notamment d’innovation).
Une autre évolution remarquable concerne la généralisation (chez près de 60 % des émetteurs) du recours à des critères de performance ESG (environnementale, sociale et de gouvernance) dans la rémunération sur base d’actions. Ceci témoigne de l’implication conjointe des dirigeants et actionnaires dans la mise en œuvre de la stratégie climatique.